Appel de Nous Citoyens à François Fillon et Emmanuel Macron en vue de choisir un candidat pour l’élection présidentielle 2017<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Appel de Nous Citoyens à François Fillon et Emmanuel Macron en vue de choisir un candidat pour l’élection présidentielle 2017
©

Ralliement en vue ?

Créé en Octobre 2013 par l'entrepreneur Denis Payre, Nous Citoyens appelle depuis sa fondation à la sortie du déni et à la mise en place d'un projet de transformation ambitieux pour permettre à notre pays de retrouver le plein emploi, la fierté, sa grandeur. Dans la cadre de la campagne présidentielle 2017, Nous Citoyens appelle François Fillon et Emmanuel Macron à répondre à ses propositions afin de désigner le candidat le plus à même de porter une ambition forte pour le pays.

Nicolas Doucerain

Nicolas Doucerain

Nicolas Doucerain est entrepreneur. Depuis l’âge de 20 ans, il préside le cabinet Solic, spécialisé dans le conseil en ressources humaines et en recrutement.

Il anime par ailleurs la plateforme « Nos PME ont du talent », qui regroupe des acteurs du monde de l’entreprise désirant faire progresser la cause entrepreneuriale en France.

Voir la bio »
Denis Payre

Denis Payre

Denis Payre est un entrepreneur français, défenseur du progrès social et environnemental, et un organisateur politique. Présent à la fois à Paris et à Boston, il travaille au-delà des frontières nationales depuis plus de trente ans, en tant que salarié de multinationales, fondateur de plusieurs sociétés ayant connu des succès internationaux, membre d’organismes gouvernementaux, dirigeant d’un groupe d’action politique ainsi qu’en tant que business angel et  membre de conseils d’administration et citoyens. Il a publié "Le contrat mondial : Pour que l'humain et la nature soient enfin au cœur de la mondialisation" chez First Editions.  

Voir la bio »

Atlantico :  Vous ne vous êtes pas encore prononcés concernant le candidat qui obtiendra le soutien de "Nous citoyens". Quels sont les critères qui vont déterminer votre choix ?

Denis Payre et Nicolas Doucerain : "Nous Citoyens", à l'occasion d'un comité directeur qui a lieu le 25 mars dernier a décidé effectivement de sortir de la neutralité que nous entretenions jusque-là, compte tenu du péril populiste, en particulier le Front national. Nous avions travaillé dès 2013 à la confection d'un vrai programme de réforme du pays, pour s'assurer de la sortie du déni. Nous avions ouvert de grands chantiers sur le fonctionnement de la vie politique, sur la dépense publique, sur l'emploi, et sur l'éducation. Le thème poussé à cette époque était "la France est une surdouée qui s'ignore". Nous avons repris le canevas de nos propositions prioritaires et nous allons évaluer le programme des deux candidats qui nous semblaient le moins éloigné de ces propositions, pour désigner celui que nous retenons. Nous laissons à ces deux candidats, François Fillon et Emmanuel Macron, la possibilité de revoir leur programme, car selon nous, aucun des deux n'est encore suffisamment proche de nos positions. Et nous espérons avoir l'attention de l'un ou de l'autre candidat, ou des deux, pour faire notre choix. 

Ce que nous constatons, c'est la victoire de nos idées depuis 2013. François Fillon a repris une partie de nos propositions et Emmanuel Macron, à travers son mouvement "En Marche !" a capté l'esprit de "Nous Citoyens". Nous en sommes enchantés parce qu'il s'agit de l'impact que nous voulions avoir. À partir du moment où nos idées sont reprises, nous pouvons estimer avoir gagné. Nous ne cherchons ni à gouverner, ni à être élus à tous prix. Nous sommes des citoyens de la société civile avec l'envie d'y retourner le plus rapidement possible. Si vous regardez les candidats de la primaire de la droite, tous ont repris nos idées. Notre priorité est que le pays se réforme et qu'il retrouve le plein emploi, et que le pays évite le populisme. 

Entre la radicalité du programme économique de François Fillon, et une approche "société civile" plus marquée du côté de Emmanuel Macron, votre candidat théorique n'est-il pas hybride ?

Il est forcément un peu entre les deux. Mais la démarche société civile d'Emmanuel Macron était très vraie au début, mais beaucoup moins vraie aujourd'hui, notamment avec le ralliement de Manuel Valls ce 29 mars. Nous assistons à une sorte de Bad Godesberg (programme social-démocrate allemand en rupture avec ses positions antérieures d'inspiration marxiste) en direct. Emmanuel Macron est en train de réussir cela, et c'est déjà très bien, parce que moderniser le PS est un service à rendre au pays. Ce que nous voyons, c'est qu'il y a du "Nous Citoyens" dans les deux candidats, et nous devons faire la part des choses, mais cela se fera surtout sur le programme. Et nous avons retenu deux catégories de mesures pour faire notre choix : 

-Les réformes structurelles urgentes pour faire reculer le populisme, parce que notre conviction est que le chômage est le principal responsable du populisme. C’est-à-dire un retour de la dépense publique dans la moyenne européenne, c'est le sujet numéro 1. L'économie française est asphyxiée par une dépense publique de 57% du PIB, ce qui est devenu insupportable. Le taux de marges en France est ridiculement bas par rapport aux compétiteurs européens, les allemands en particulier. Les entreprises françaises n'ont pas la capacité d'investir. Or, cet enjeu est celui de la compétitivité. Il faut réduire les dépenses publiques de 200 milliards d'euros pour en arriver à un niveau moyen en Europe. La Suisse dépense 32% de son PIB en dépenses publiques, le pays n'est pas sous administré et son économie est incroyablement prospère. Parce que le poids de la dépense publique a un impact direct sur la compétitivité des entreprises du pays. On a d'ailleurs bien vu que le CICE, malgré tous ses défauts, a permis quand même de relancer un peu l'investissement et la création d'emplois. Il faut donc trouver au moins 100 milliards pour commencer, puis très vite, 200 milliards. 

-L'autre point est donc le retour au plein emploi sur 5 ans. Nous sommes scandalisés du taux de chômage de la France quand on connaît le talent des français. Ce talent doit être exploité, mais il faut avoir un environnement qui convient, ou on n'a pas peur de signer des contrats de travail. Nous avons souvent parlé de la main qui tremble, lorsque l'on regarde le code du travail. A la limite, un grand groupe sait gérer cela, mais pour une PME, une TPE, un artisan ou un commerçant, se confronter à un tel pavé, c'est juste impossible. Il faut un droit du travail plus simple, il faut plafonner les indemnités, parce que c'est le sujet. Nous rencontrons des dirigeants qui pourraient embaucher mais ne préfèrent pas le faire parce qu'ils ne veulent pas rencontrer les problèmes de ceux qui ont déposé le bilan, pour une question de redressement, ou pour des questions de traitement administratif, ou de formalisme. Donc, pour reprendre, plafonnement des indemnités, transformation du CICE en baisse de charges lisible, diminution du taux de l'IS à 25%, fin des 35 heures. Voici nos priorités.

En vous écoutant, le programme que vous proposez semble bien plus proche de celui de François Fillon que de celui d'Emmanuel Macron…

C'est l'inverse finalement. C'est François Fillon qui ressemble beaucoup à nos propositions, parce que nous parlons de cela depuis 2013. Mais encore une fois, tant mieux ! Effectivement, nous regrettons notamment qu'Emmanuel Macron n'aille pas suffisamment loin sur la question de l'ISF. Nous avons adoré le Emmanuel Macron ministre de l'économie qui brisait tous les tabous les uns après les autres, sur les 35 heures, sur l'ISF, sur le statut des fonctionnaires, mais nous sommes un peu déçus aujourd'hui de le voir dans un entre deux. Il a également à l'origine du choc fiscal du début du quinquennat, qui nous a fait beaucoup de mal. Mais nous croyons à la rédemption. Alors aujourd'hui tout est possible. 

Quels sont les autres thèmes que vous souhaiteriez voir abordés lors de cette campagne électorale ? 

Les thèmes prioritaires que nous avons retenus, les réformes structurelles et le plein emploi, répondent à l'urgence d'un pays confronté à la menace populiste du Front national. Mais deux autres sujets nous semblent également essentiels. 

-L'Europe, qui est devenue le bouc émissaire de tous les dirigeants politiques à commencer par le Front national. Nous avons impérativement besoin de l'Europe, mais celle-ci doit être réformée. Nous reprenons nos propositions de la campagne européenne; limiter la capacité de la Commission à émettre des normes, c’est-à-dire la sortir de son travers français administratif et technocrate, et la rendre utile en la focalisant sur des sujets comme le contrôle des frontières, avec une dimension sécuritaire et une dimension humaniste, augmenter les efforts militaires parce qu'il est navrant de voir que ce sont toujours les américains qui vont résoudre les problèmes à nos frontières, ce qu'ils n'ont plus envie de faire de toute façon, créer une gouvernance politique de la zone euro, défendre les intérêts de l'Europe dans la mondialisation, notamment vis-à-vis des Chinois et leur dumping social évident etc.. Nous avons besoin sur ces sujets d'avoir une Europe beaucoup plus forte. Nous croyons au libre-échange, mais à un libre échange équilibré. Si nous respectons des normes sociales et environnementales, alors les autres doivent les respecter aussi. Sinon, ce n'est pas juste. 

-La pauvreté est un autre sujet que nous souhaiterions voir traité par la campagne. Dans un pays où il y a 9 millions de pauvres, dans certaines régions en particulier, c'est le terreau du populisme. Nous avons laissé cette pauvreté se développer parce que nous n'avons pas fait les réformes, parce que l'économie ne fonctionne plus, qu'elle n'est pas capable de créer suffisamment d'emplois. Il faut traiter d'urgence cette question de la pauvreté. Ce sont les centres d'hébergement d'urgence, développer le logement social dans le parc privé, en finir avec les ghettos. De nombreux propriétaires privés seraient prêts à mettre leurs logements à disposition moyennement une politique incitative, ce qui est le cas aux États-Unis, avec une politique appelée "Section 8" : L'État rémunère un propriétaire privé en payant une partie du loyer. Le locataire paye un tiers du loyer et l'État paye le reste. Les propriétaires privés sont ainsi incités, puisqu'au final, les loyers sont au niveau du marché, voir même un peu au-dessus. De plus, comme l'État Paye et donne sa garantie, il y a très peu de risques. C'est donc une politique très simple à mettre en œuvre, mais les lobbys s'y opposent pour préserver leurs acquis. 

Et concernant les institutions, quelles sont les propositions d'une formation comme "Nous citoyens" qui repose justement sur la société civile ? 

Nous voyons un problème de gouvernance dans la politique française. Il y a un problème majeur qui est celui de l'égalité d'accès à la vie politique pour les citoyens français. Cette vie politique est dominée par les fonctionnaires. Il ne s'agit absolument pas de remettre en cause leurs talents, mais simplement de dire qu'ils sont trop nombreux en politique. Ils ont ce privilège de pouvoir retrouver leur emploi après une campagne, ou un mandat, alors que les personnes du secteur privé n'ont pas cette possibilité. Le résultat, c'est 50--60% de fonctionnaires à l'Assemblée alors qu'ils ne représentent que 23% de la population active. C'est injuste pour le reste de la société civile, qui n'a qu'un accès théorique à la vie politique, mais qui n'existe pas dans les faits. 

Pour tendre à l'égalité, nous proposons la démission des fonctionnaires une fois élus. Les Anglais vont plus loin en demandant la démission des fonctionnaires candidats, pour préserver leur neutralité. Cette proposition avait été reprise par Bruno Lemaire, Valérie Pécresse, Emmanuel Macron etc…là encore, nous avons gagné la bataille des idées sur cette question. Mais il faut également aider ceux qui ont été battus. 

Nous proposons de mettre en place une ou deux années de suppression de charges sociales pour une entreprise qui va recruter un ancien élu qui aurait été battu, pour lui permettre de retrouver un emploi. Il faut également saluer les initiatives prises, notamment lorsque Michelin s'engage à reprendre leurs salariés qui se sont impliqués en politique. Ceci doit être pris en compte pour tous les postes d'élus qui nécessitent un plein temps ; députés, sénateurs, présidents de conseil régional, départemental, maires de communes de plus de 30 000 habitants. Nous souhaitons également des hausses de rémunérations pour ces mandats. Un cadre peut toucher entre 80 et 100 000 euros par an, il faudrait que les mandats publics puissent proposer de telles rémunérations, ce qui suppose également une réelle transparence, pour éviter les dérives. 

Emmanuel Macron avait souhaité réformer l'Unedic en vue de passer au-delà du "paritarisme". L'accord trouvé le 28 mars par les différentes organisations syndicales, sur le chômage, est-il un désaveu pour une telle approche ? 

Nous disons depuis longtemps que le paritarisme ne marchait pas, c'est donc un bon point pour Emmanuel Macron, parce que François Fillon ne le dit pas. Mais l'accord du 28 mars ne fait que démontrer qu'ils n'arrivent à trouver un accord que lorsqu'on leur met la pression. Mais nous ne sommes pas convaincus que cela soit un système qui fonctionne, il est très opaque. Il faut que les partenaires sociaux restent impliqués, s'ils sont réellement représentatifs, mais dans un autre mécanisme. 

Le Brexit est officiellement présenté ce jour, partagez-vous l'idée d'un "Brexit dur" qui a pu être défendu par François Hollande, en vue de protéger l'Union contre de nouvelles défections, ou souhaitez-vous plutôt un accord souple, souhaité notamment par l'industrie automobile allemande ?

La question est de savoir pourquoi les Anglais sont partis. Si on regarde les discours, on voit une critique des trop nombreuses normes décidées par l'Union, sur la taille de la banane par exemple, comme l'expliquait Boris Johnson. Les Anglais ont reproché à l'Europe sa présence sur des sujets secondaires et son absence sur les vrais sujets, comme sur le contrôle de l'immigration. Ce que nous devrions faire, c'est convaincre les Anglais que l'Europe a bien reçu le message ; nous n'avons pas su gérer l'Europe correctement, nous nous sommes focalisés sur des sujets que nous aurions dû éviter, et dorénavant nous choisissons de traiter simplement, mais avec ambition, les sujets prioritaires. 3 ou 4, pas plus. Sur cette base, nous pourrions demander aux Anglais de revenir. Je n'ai pas l'impression que l'avertissement britannique ait été entendu par les européens. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !