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Accord sur le nucléaire : pour sortir de la crise, l'Iran va devoir négocier avec Washington
©NOAH SEELAM / AFP

Porte de sortie

Donald Trump a annoncé mardi 8 mai une décision radicale : il retire son pays de l'accord sur le nucléaire iranien. Désormais, la seule sortie de crise possible pour l'Iran, c'est de s'entendre avec Washington.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Sans surprise, Donald Trump a annoncé mardi 8 mai qu'il retirait son pays de l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne le 14 juillet 2015. Plutôt qu'une solution « soft », consistant à simplement exclure les Etats-Unis de l'accord, le président américain a préféré choisir l'option la plus radicale, en rétablissant l'intégralité des sanctions levées, en annonçant des sanctions encore plus sévères, et en forçant les entreprises étrangères à choisir rapidement entre faire des affaires en Iran ou aux États-Unis.

Alors que l'Iran respectait ses propres engagements, Donald Trump par sa décision a enfreint la lettre et l'esprit de l'accord, et prend de surcroit le risque d'isoler son pays. Des autres pays signataires que sont la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine plus l'Allemagne, en passant par le secrétaire général des Nations-Unies, la communauté internationale s'insurge contre cette décision unilatérale et appelle au maintien coûte que coûte de l'accord. Les Etats-Unis ne trouvent pour les soutenir que deux alliés qui ne surprennent guère : l'Arabie Saoudite, et Israël.

Outre que Donald Trump souhaite prendre systématiquement le contre-pied de la politique de son prédécesseur Barack Obama, par cette décision, il confirme son réel objectif : obtenir un changement de régime en Iran. Sa méthode : asphyxier le pays et l'entraîner dans une débâcle économique. Un processus déjà à l'oeuvre depuis 2016, car malgré la levée des premières sanctions internationales liées au nucléaire, les Américains avaient maintenu leurs sanctions antérieures à la signature de l'accord de Vienne, sanctions qui frappaient l'Iran par rapport au non-respect des droits de l'homme et au soutien supposé au terrorisme, décourageant ainsi les flux financiers internationaux vers Téhéran. Conséquence directe, trois ans après l'accord, l'Iran n'a bénéficié que de 10 milliards de dollars d'investissements sur les 200 milliards estimés par le cabinet de conseil McKinsey.

Déjà très affaibli sur le plan économique, l'Iran se voit encore plus fragilisé par les menaces de Trump à l'encontre des pays étrangers qui souhaiteraient y investir. Sa position est particulièrement délicate : accepter les exigences américaines, sous peine de voir son économie entrer en récession.

Le gouvernement du président modéré Hassan Rohani, subissant à la fois les foudres des conservateurs, qui n'ont jamais cru aux bénéfices promis par l'accord de Vienne – et qui se voient renforcés par la décision américaine – et celles des Iraniens déçus par les promesses non tenues sur le plan social et économique, se retrouve face à une réelle difficulté. Sortir de l'accord, c'est tomber dans le piège tendu par les Etats-Unis, ce qui pourrait justifier par la suite des frappes militaires américaines et israéliennes sur des installations iraniennes. La seule sortie de crise possible pour l'Iran, c'est de s'entendre avec Washington, l'Europe n'ayant pas les moyens matériels de répondre aux besoins iraniens.

Reste à savoir dans quelle mesure les exigences américaines, concernant entre autres le programme de développement de missiles balistiques et la présence des forces iraniennes dans les autres pays de la région, pourront être entendues par l'Iran, notamment pour rassurer Israël.

Seule chose tangible, la détresse réelle du peuple iranien, partagé entre une forte inquiétude et un grand sentiment de désenchantement face à l'accord de Vienne, qu'on peut désormais considérer comme mort et enterré.

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