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A rebours de l'Europe, l'Afrique veut ouvrir en grand toutes ses frontières intérieures
©Nikolaj Cyon

Schengen 2

Alors que les pays européens veulent de plus en plus protéger leurs frontières, le continent africain joue la carte de l'ouverture. Et l'Afrique semble bel et bien décidée à créer un immense espace économique en prenant pour modèle l'espace Schengen de l'Union européenne.

Les VIP seront les premiers servis

L'Union africaine (UA), l'organisation qui rassemble les 54 pays africains, réfléchit à l'instauration d'un passeport électronique unique pour les habitants de tous les Etats du continent. Sa mise en place sera débattue lors du prochain sommet de l'UA, à Kigali au Rwanda, le 7 juillet 2016. Les premiers bénéficiaires de ce nouveau sésame en seront les chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères, et les représentants permanents des Etats membres de l’Union africaine. Ces passeports uniques leur seront remis lors du 27ème sommet de l’UA, prévu du 10 au 18 juillet 2016 dans la capitale rwandaise, a précisé l’organisation panafricaine par la voix de sa présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma. Une centaine de passeports de couleur bleue seront ainsi remis le mois prochain. Les citoyens ordinaires devront encore patienter jusqu'en 2025 pour bénéficier de ce passeport unique.

L'épineux problème des visas

Voyager à travers l'Afrique est très difficile pour la plupart des Africains. Ils sont tenus d'avoir un visa pour plus de la moitié des pays du continent. Seuls 13 pays africains permettent à d'autres Africains d'entrer sans visa ou d'en obtenir un à l'arrivée. Paradoxalement, les Américains peuvent se rendre dans 20 pays africains sans visa ou en s'en faisant délivrer un à l'arrivée. La majorité des voyageurs africains estime qu'ils sont en but à autant de soupçons aux comptoirs de l'immigration au sein de leur continent qu'aux frontières de celui-ci. Aliko Dangote, un homme d'affaires nigérian et l'homme le plus riche d'Afrique, en a fait les frais en subissant les foudres des services de l'immigration sud-africaine. Pendant ce temps, son état-major américain pouvait circuler librement, raconte le site Quartz.

1600 documents pour franchir une frontière

Le commerce à l'intérieur de l'Afrique est l'un des plus coûteux au monde, jusqu'à 50 % de plus qu'en Asie orientale, par exemple. Un camion approvisionnant des supermarchés en Afrique australe doit transporter jusqu'à 1 600 documents, dont des permis et des licences, afin de franchir les frontières, selon Anabel Gonzalez, directeur du commerce et de la compétitivité à la Banque mondiale. Le but de ce passeport unique de l'Union africaine est donc d'aider à transformer l'Afrique en un continent sans frontières, en prenant exemple sur l'espace Schengen de l'Union européenne. Et offrir des passeports aux dirigeants africains est une étape "symbolique et significative", selon Nkosazana Dlamini-Zuma, président de la Commission de l'Union africaine.

Une zone de libre-échange sur tout le continent d'ici 2017

L'UA veut ainsi abolir l'obligation de visa pour tous les citoyens africains se rendant dans les pays africains d'ici 2018, et établir une zone de libre-échange à travers le continent d'ici 2017. Les sceptiques soulignent que la création d'une Afrique véritablement sans frontières sera probablement très difficile. Le continent accueille de nombreux réfugiés en provenance des zones de conflit, sans parler des groupes terroristes comme Boko Haram et des crises sanitaires comme l'épidémie d'Ebola, par exemple.

En clair, les citoyens africains conserveront leur passeport national et se verront délivrer un e-passeport africain par l'Union africaine. Si elle transforme ce projet en réalité, l'Afrique facilitera ainsi la circulation des personnes, des biens et des services au sein de l'Union en vue de dynamiser le commerce panafricain, l'intégration du continent et son développement économique. Une bonne idée, calquée sur un modèle européen, Schengen, très largement critiqué aujourd'hui...

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