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2012 : les bases de données,
ce Saint-Graal politique...
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E-campagne e-lectorale

Le PS l'a bien compris, la campagne électorale se fait aussi sur Internet, où les bases de données jouent un rôle primordial. La preuve : François Hollande a envoyé ce lundi un mail aux 700 000 votants de la primaire...

Xavier Moisant

Xavier Moisant

Xavier Moisant est l'un des co-fondateurs de Gobilab, pour changer notre façon de boire de l'eau. Il sévissait auparavant dans des agences de communication. Xavier Moisant est par ailleurs amateur de trains à l'heure sur la ligne Paris-Rouen depuis 2005 sur Train train quotidien.
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Atlantico : Deux mois après la primaire socialiste, François Hollande a envoyé ce lundi un message aux votants qui avaient laissé leurs coordonnées, soit près de 700 000 participants. La guerre des bases de données pour 2012 a-t-elle commencé ?

Xavier Moisant : Envoyer un premier message avant la fin de l’année correspond à une prise de contact formelle. La relation par e-mail est une question de rites.  Les militants PS se plaignaient de ne pas avoir assez de contacts avec les instances, dans quelques semaines ils regretteront car ils vont recevoir de plus en plus de mails !

Mais nous sommes encore loin de la campagne : ce n’est juste qu’un début de l’activation de leur stratégie de communication.

Est-ce vraiment efficace ? Que peut attendre François Hollande de ces mails qui ne seront peut-être pas lus par les sympathisants socialistes qui les recevront ?

L’action en elle-même n’est pas un acte majeur. À partir du moment où l’on dépasse le demi-million de personnes, même si seulement 10% d’entre eux ouvrent le mail et y répondent favorablement, c’est bénéfique pour François Hollande. L’effet de seuil joue donc à plein.

Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement de chercher des fonds pour sa campagne, ce n’est pas simplement une histoire d’argent, cela peut aller au-delà, à travers un effet de mobilisation. L’incitation à participer à quelque chose, à impliquer les gens dans la campagne.  Pour aller tracter, les militants du PS sont déjà présents. Les électeurs de la primaire n’auront eux peut-être pas envie d’aller tracter mais ils pourraient diffuser un argumentaire auprès des membres de leurs familles. Cela augmente donc le nombre de personnes exposées au message dans un délai relativement court. 

Pourquoi l’avoir peu fait dans les campagnes présidentielles précédentes ?

Longtemps il y a eu peu d’intérêt pour les questions de bases de données dans les partis politiques. Les hommes politiques ont cru qu’Internet était un média de communication et non d’organisation et de structuration de bases de données.  En fait, l’immense majorité des élus n’a pas compris l’usage d’Internet.  

Puisque l’on parle de François Hollande, où en est l’UMP dans cette quête de bases de données ?

C’est plus compliqué lorsque l’on est au pouvoir d’avoir une action mobilisatrice.  Je ne me souviens pas de la dernière action de l’UMP sur Internet qui ait permis de collecter des données. Les actions de l’UMP sont vraiment caricaturales (souvenons-nous, par exemple, de leur fameux lib-dub…).

Mais l’UMP reste en avance dans le cadre essentiel de la collecte de fond.

Cela peut-il changer avec l’entrée en fonction annoncée de Claire Heuzé, spécialiste de « fundraising », dont l’objectif consiste à démarcher le grand public et les riches donateurs pour financer la campagne de François Hollande ?

Son travail consiste à effectuer des e-mailing sur les différentes bases de données, à qualifier et observer où se trouvent les gens qui donnent le plus. Elle va structurer le PS afin qu’il puisse bénéficier de davantage de dons. C’est essentiel : le PS a toujours été sous-performant en termes de fonds récoltés auprès du public. Or, plus la base de données est conséquente plus l’analyse de donateurs est efficace.

Culturellement, ce parti a eu une longue mutation afin de comprendre qu’obtenir de l’argent donné par les individus pour financer les actions n’était pas si simple.

La campagne de 2012 pourrait donc bien être la première campagne où aura lieu une guerre pour conquérir les bases de données ?

Oui. Nos partis deviennent enfin matures sur ce sujet. Ils se rapprochent des Américains qui ont de longues années d’avance.

Rien n’est joué : le candidat en tête sur Facebook c’est Nicolas Sarkozy, le candidat en avance sur les bases de données c’est François Hollande. Est-ce que l’UMP va rattraper son retard ? La question se pose.

Facebook est une manière de s’adresser aux individus, la base de données en est une autre, efficace également. Le PS perçoit justement le profil Facebook de Nicolas Sarkozy comme un danger : ils ont posé la question du droit de Nicolas Sarkozy à gérer son profil car, dépendant de la Présidence de la République, il est géré par des fonds publics et n’a pas le droit théoriquement de s’en servir pendant sa campagne. L’UMP elle a bien perçu comment les bases de données récoltées par le PS lors de la primaire constituaient un danger : Jean-François Copé a ainsi effectué des démarches auprès de la CNIL.

Cette guerre des bases de données ne signifie-t-elle pas la fin du militantisme ?

Mais il n’y a déjà plus de militants ! Les bases de données sont un autre moyen de communication. Compte tenue de la faible taille des partis politiques français et de leurs nombre de militants relativement restreint, cela n’aura pas un impact crucial sur le militantisme.

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

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