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"Une autre histoire de la Renaissance" : Une Renaissance plus complexe  que son image
©Bouffesdunord.com

Atlanti-Culture

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Docteur en droit, Jean-Noël Dibie a une très longue expérience de l'audiovisuel et des médias : directeur de la SFP (Société française de production), responsable des affaires européennes à France Télévision, conseiller du directeur général de l'UER (Union européenne de radio-télévision). 

Aujourd’hui consultant, il s’investit dans les activités de recherche, notamment au sein d’EUROVISIONI, et d’enseignement (président du conseil pédagogique de l’EICAR, l’Ecole des métiers du cinéma de l’audiovisuel et des nouveaux médias, et chargé de cours à l’EDHEC).

Jean-Noël Dibie est l'auteur d'un A-book en six parties paru en 2014 sur Atlantico éditions : Communication politique, le plus vieux métier du monde

 

Voir la bio »

LIVRE

Une autre histoire de la Renaissance

de Didier Le Fur

Ed. PERRIN 

 380 pages

RECOMMANDATION 

BON

THÈME

L’introduction met en situation la France dans le Monde de la fin du 15ème siècle, réduit alors à l’Europe. Tandis que les rois d’Espagne et du Portugal, avec le concours du pape et de navigateurs italiens, inventent et se partagent le « Nouveau Monde », les rois de France élargissent le domaine royal en y intégrant la Provence et la Bretagne.

Une première partie, de quelques 150 pages, aborde les arcanes des « guerres d’Italie », qui, durant un demi-siècle, vont voir Charles VII et Louis XII s’y illustrer, successivement. Puis, après la gloire de Marignan, François 1er s’enliser dans une lutte d’égo avec Charles-Quint. Au milieu du 16èmesiècle, Henri II retirera habillement la France d’un imbroglio qui, au gré des renversements d’alliances, voit s’affronter royaumes, principautés et Républiques d’Italie, sans oublier la papauté.

Dans la seconde partie du livre, l’historien vas au-delà des événements, dont il analyse tant les causes que les conséquences.

Il revisite les guerres d’Italie, ayant pour fondements juridiques des droits féodaux sur certains territoires, au travers du prisme du « Dernier Empereur », mythe, inscrit dans la continuité des oracles, animant l’imaginaire chrétien depuis le Moyen Age, qui est alors, selon l’auteur, « tout aussi inexorable dans l’imaginaire collectif, que les mérites du progrès le sont pour nous aujourd’hui ». Entretenu par un clergé associé aux destinés du roi, ce mythe, associé à celui de « l’Empire Gaulois », légitime les ambitions territoriales royales, notamment en Italie où elles se confrontent à celle de l’empereur, « roi de Rome », et du Pape. Outre les prêtres en chair, poètes et autres historiographes de la Cour développent et entretiennent une propagande qui, traditionnellement orale et visuelle, bénéficiera de l’invention de l’imprimerie.  

Parmi les conséquences, l’auteur s’attache à l’ouverture de relations diplomatiques avec l’Islam. François 1er voulait voir en Charles-Quint un ennemi plus dangereux que Soliman II. L’ouvrage rappelle, aussi, l’ambigüité des rois de France à l’encontre des Juifs, tantôt chassés, tantôt protégés, et des réformés avec lesquels les rois font alliance contre l’empereur.

POINTS FORTS

Ce livre bouleverse quelque peu des souvenirs d’école : François 1er ne serait pas l’inventeur de la Renaissance française, création des historiens du 19éme siècle ?  

Plus constructif, il apporte un éclairage nouveau sur une période de l’histoire de France qui, marquée par les guerres d’Italie aux racines féodales, voit s’établir une monarchie absolue dans un territoire aux frontières quasi contemporaines.   

POINTS FAIBLES

L’auteur n’aborde pas le renouveau artistique qui a marqué l’époque. Il est vrai qu’alors, celui-ci concernait quelques privilégiés, proches du roi.

EN DEUX MOTS

Certes, la lecture de cet ouvrage ravive des acquis oubliés, mais, au-delà, l’auteur propose au lecteur une nouvelle grille de lecture d’une époque dont nombre de conquêtes politiques et culturelles perdurent.

UN  EXTRAIT

Ou plutôt trois:

- Page 71.  « Pour une telle entreprise (la guerre en Italie) il fallait de l’argent. Les besoins furent estimés à deux millions de livres, soit plus d’une année de revenus de la taille, le principal impôt direct pesant sur les sujets du roi » 

- Page 149.  « C’en était fini des arrogances d’un Charles VII ou d’un Louis XII, voir du roi présent au commencement de son règne. C’était aussi cela le résultat de la défaite de Pavie.Pour l’heure il n’est pas certain que François 1er fut conscient de cette situation »

- Page 354 « … chaque fois qu’un nouveau régime s’installe en France. Les précédents n’auraient pas été à la hauteur de la tâche qu’ils avaient prétendus vouloir remplir. »

L’AUTEUR

Aujourd’hui regardé comme un spécialiste du 15 ème et 16 ème siècle, Didier Le Fur obtient son doctorat en Histoire, en 1996. Depuis il a publié de nombreux ouvrages dont « Marignan : 13-14 septembre 1515 », « Le Royaume de France en 1.500 » et de remarquables biographie , « Charles VIII », « Louis XII », « Henri II », « François 1er » et « Diane de Poitier », œuvre récompensée en 2017 par le prix de la biographie politique.

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