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"Soi-même comme un roi : Essai sur les dérives identitaires" d'Elisabeth Roudinesco : qui trop embrasse mal étreint
"Soi-même comme un roi : Essai sur les dérives identitaires" d'Elisabeth Roudinesco : qui trop embrasse mal étreint
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Atlanti Culture

Elisabeth Roudinesco a publié "Soi-même comme un roi : Essai sur les dérives identitaires" aux éditions Seuil.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Soi-même comme un roi : Essai sur les dérives identitaires" d'Elisabeth Roudinesco

Seuil, 4 mars 2021 - 272 pages - 17,90 €

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Thème

Comment faire le point sur l’époque que nous traversons, celles des conflits identitaires, des théories du genre, de la déconstruction des races, du post colonialisme, de la montée en puissance de l’islam radical et des théoriciens de ce que l’auteure nomme les grands remplacements, dernier chapitre de cet essai. Une épopée des affects de tout poil où égos et nombrils américains, européens, arabes et autres galaxies sont examinés à la loupe.

Points forts

La connaissance de l’auteure qui navigue entre Sartre, Simone de Beauvoir, Lacan et Freud nous fait traverser le long fleuve des savoirs et sa rencontre avec le monde d’aujourd’hui. Le chapitre 3 de cet essai en est le plus intéressant.

Points faibles

Entre « genrés », « cisgenres », « intersexués », psychotiques, queer contre hétéros, « herms » (hermaphrodites) et « ferms » (pseudo- hermaphrodites féminin), le flou sexuel submerge le lecteur. La lassitude s’installe tandis que l’intérêt va décroissant laissant la guerre des identitaires s'essouffler page après page.  

En deux mots ...

Dans sa préface, Elisabeth Roudinesco prévenait aimablement le lecteur que, « à chaque étape de cet essai, elle s’attacherait à analyser les néologismes foisonnants qui accompagnent le parler obscur de toutes ces dérives. » 

S’il faut en juger par le texte brumeux de la quatrième de couverture de cet essai sur les dérives identitaires, tout lecteur s’avance en effet à ses risques et périls dans le labyrinthe de l’auteure qui ne craignait pas d’annoncer la couleur : 

“Des instruments de pensée – issus des œuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida – ont été réinterprétés jusqu’à l’outrance afin  de conforter les idéaux d’un nouveau  conformisme dont on trouve la trace  autant chez certains adeptes du transgerisme  queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d’une politique racisée” 

Un extrait

« Entre 2000 et 2015, ce vocabulaire commença donc à prendre racine en France dans les départements d’étude de genre et de postcolonialité …Sans compter les multiples néologismes : noiritude signifie négritude sur le  modèle de la blanchitude, ou encore blantriarcat, terme fabriqué par des associations féministes « racisées » pour dénoncer un suprémacisme blanc et patriarcal. » (page 187)

Pour éclairer la lanterne des lecteurs, ce second extrait : 

 “ Ces groupes situés à la droite de la droite et se réclamant d’une idéologie de la « Souche », - « Génération identitaire », « Français de souche », nationaux populistes, néo-réactionnaires en tout genre etc -, ne sont pas devenus identitaristes à la suite d’une lente dérive. Habités par un projet de ségrégation, ils sont les héritiers d’une tradition composée de néo-fascistes, nativistes, conspirationnistes, néo-impérialistes, suprémacistes. » 

Un dernier extrait (page 243) : « Par le biais des réseaux sociaux, les groupes de la nébuleuse nationale-identitaire prospèrent sur la misère des peuples pour propager leurs idées régressives. Ils partagent avec leurs ennemis extrémistes de l’autre bord une détestation absolue du progressisme de la gauche, mais pour d’autres raisons. Ils sont résolument attachés à la tradition des anti-Lumières, fort bien décrite par l’historien Zeev Sternhell, et selon laquelle le sujet n’existe que dans et par la communauté, et  l’individu par ses particularités. »

L'auteur

Elisabeth Roudinesco, chevalier de la légion d’honneur, présidente de la société internationale d’histoire de la psychanalyse et de la psychiatrie, a derrière elle une carrière littéraire d’une vingtaine de livres, carrière marquée par ses biographies de Jacques Lacan, esquisse d’une vie et histoire d’un système de pensée (Fayard, 1993)  et celle de Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre, couronnée par le Prix des prix littéraires (2014) et par le Prix Décembre (2014) (Seuil, 2014). En 2017, elle a publié chez Plon un Dictionnaire amoureux de la psychanalyse.  

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