"Sale gosse" de Mathieu Palain : une immersion au sein de la Protection Judiciaire de la Jeunesse<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Sale gosse" de Mathieu Palain : une immersion au sein de la Protection Judiciaire de la Jeunesse
©

Atlanti Culture

"Sale gosse" 

De Mathieu Palain 

Editions L'Iconoclaste, 350 pages.

RECOMMANDATION
A la rigueur


THÈME
Marc est éducateur à la Protection judiciaire de la jeunesse et s’occupe d’un foyer d’enfants et d’ados très cabossés. Il suit depuis ses huit mois le petit Wilfried dont la mère était une jeune toxicomane. Dans sa famille d’accueil puis d’adoption, Wilfried passe une enfance heureuse et un début d’adolescence prometteur : il est très doué pour le foot, vise le niveau pro. Mais un jour, sa colère rentrée le rattrape, il cogne, et la série infernale commence. Il est viré du club pour violence ; finis les rêves d’avenir. Sa mère biologique refait surface ; la Justice le retire à ses parents.

Perdu et enragé, il fugue, sombre dans la délinquance pour survivre. Au foyer, des éducateurs inlassables comme Marc vont essayer de l’aider à se reconstruire...

POINTS FORTS
- La sincérité du propos frappe et fait mouche car l’auteur a puisé dans sa propre expérience d’immersion dans un foyer les portraits de Wilfried, de ses camarades de galère, et de leurs éducateurs. Le livre est porté par la volonté de dire la réalité insupportable de leurs parcours, et l’obstination de la société à les faire chuter. 

- Les dialogues entre jeunes, et entre éducateurs et jeunes, sonnent tellement vrai qu’ils pourraient  être la retranscription d’enregistrements. Certains sont vraiment drôles, véritables joutes verbales inventives entre gamins qui jouent les durs ou se moquent les uns des autres.

POINTS FAIBLES
- L’ouvrage hésite entre deux genres :  la chronique journalistique, brève et efficace ; la tentative de mise en roman d’expériences vécues. Problème, on tourne les pages comme on lirait le premier jet d’un manuscrit, ou des notes rassemblées. Le tout peine à raconter une véritable histoire où l’on suivrait le fil dans une empathie constante avec les personnages. L’ouvrage trouve son axe et son rythme dans le dernier tiers du livre.

EN DEUX MOTS 
Le livre de Mathieu Palain réserve des moments très touchants et les dialogues peuvent être savoureux. Mais il reste très loin derrière des romans comme Johnny Chient Méchant  (Emmanuel Dongala) ou  Écoute la ville tomber (Kate Tempest). Surtout, il a été précédé par plusieurs excellents films sur le même thème, ce qui forcément le laisse à la traîne aussi ( La Haine, Polisse, La Tête haute, Mauvaises herbes, Good Will Hunting…). 

UN EXTRAIT
« Tu l’aimes pas ta mère ?

– Nan. Enfin, je sais qui c’est. On m’a montré une femme de trente-six ans qui en faisait cinquante, on m’a dit : « C’est ta mère, maintenant il faut l’aimer fort », je leur ai dit d’aller se faire enculer et je l’ai plus revue. »

«  A chaque fois que ça se passe bien avec un adulte, une petite voix lui dit : « Attention, te détends pas, sinon le jour où ça va te péter à la gueule – et il est certain que ce jour viendra – tu vas morfler. »

L'AUTEUR
Né en 88 à Ris-Orangis, Mathieu Palain est journaliste pour les revues  XXI  et 6 Mois .  

Sale Gosse est son premier roman.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !