"Mon maître et mon vainqueur" de François-Henri Désérable : Grand Prix du roman de l’Académie française 2021. Des jeux littéraires inspirés d’un triangle amoureux qui ne touchent pas le lecteur<!-- --> | Atlantico.fr
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"Mon maître et mon vainqueur" de François-Henri Désérable a été publié aux éditions Gallimard.
"Mon maître et mon vainqueur" de François-Henri Désérable a été publié aux éditions Gallimard.
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"Mon maître et mon vainqueur" de François-Henri Désérable a été publié aux éditions Gallimard.

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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"Mon maître et mon vainqueur" de François-Henri Désérable

Gallimard
Parution le 19 août 2021
190 pages
18 €

Notre recommandation : BON

THÈME

Le récit démarre dans une armurerie, où un certain Vasco choisit une matraque télescopique pour répondre aux menaces d’Edgar, le mari de sa maîtresse … Puis il est question du revolver de Verlaine, ainsi que d’un cahier de poèmes dans le bureau d’un juge. De quoi s’agit-il ? D’une enquête policière sur une « affaire », au cœur de laquelle se trouve le narrateur en tant que témoin et ami de Vasco, l’accusé. Celui-ci a raconté, en vers, son amour fou pour Tina, comédienne de théâtre fantasque, partagée entre Edgar, le père de ses jumeaux adorés, qu’elle comptait épouser et lui-même, son amant, qui l’obsédait. Le fil de cette passion dévorante est remonté depuis le coup de foudre, matérialisé dans la Grande Réserve de la BNF, où travaille Vasco, jusqu’au mariage en Provence, en passant par les rendez-vous clandestins et torrides, les vaines tentatives de rupture, les drames de la jalousie et les souffrances de la séparation, signes annonciateurs d’une fin tragique. Le narrateur décrypte les fameux poèmes du cahier pour aider le juge à y voir plus clair dans cette « histoire.»

POINTS FORTS

Un roman très littéraire : tout est dans la façon de raconter ce triangle amoureux plutôt banal, en l’inscrivant dans le sillage de Verlaine et Rimbaud, en multipliant les allusions à d’autres grands écrivains, en glissant de nombreux poèmes et même quelques illustrations célèbres. 

La personnalité de Tina, la princesse andalouse aux yeux verts et aux longs cheveux roux, aussi frivole qu’extravagante, incarne assez bien le goût prononcé de l’auteur pour l’alliance des contraires. Elle refuse de choisir entre Edgar et Vasco, deux hommes tellement opposés.

De la subtilité, de la férocité et de l’humour à travers tous ces jeux amoureux et stylistiques et une plume alerte.

QUELQUES RÉSERVES

Une histoire facétieuse, cocasse, voire burlesque, qui ne touche pas le lecteur. D’ailleurs la critique du livre d’un personnage secondaire sonne juste pour l’auteur lui-même: « c’était scolaire, appliqué … Et puis tout cela manquait de cœur, or le bon romancier doit avoir à l’égard de ses personnages le cœur tendre et l’œil dur ; Adrien avait le cœur sec et leur faisait les yeux doux. »

ENCORE UN MOT...

« Cette histoire, si j’étais vous, j’en ferais un roman », ce conseil donné par le juge à l’issue de l’enquête policière, a été suivi par François-Henri Désérable, sans atteindre son but. Le romanesque est sacrifié au prix d’un exercice de style certes brillant, mais trop artificiel, qui égare le lecteur peu convaincu par l’accumulation ludique de tous ces clins d’œil appuyés. Chaque phase – chaque phrase, pourrait-on dire – de cet adultère est surchargée de références littéraires, ce qui provoque un décalage jamais comblé entre la poésie, la grande, et ce vaudeville. Ce jeune auteur, récompensé par l’Académie française, n’a pas déployé les mêmes facettes de son talent que dans son livre précédent Un certain M.Piekielny.

UNE PHRASE

« Le sonnet, c’est un peu comme l’amour conjugal : sa beauté naît des contraintes qui lui sont inhérentes. Pour le sonnet : nombre invariable de vers, invariablement répartis en deux quatrains suivis de deux tercets, nombre équivalent de syllabes pour chaque vers, alternance de rimes féminines et masculines, etc. Pour l’amour conjugal : pesanteur du tête-à-tête quotidien, inévitable effet de routine, inopportune irruption du trivial, etc. Et c’est en dépitde cela qu’il faut tirer du beau, voire du sublime – et c’est, inversement, ce qu’il y a de si grisant mais aussi d’un peu facile dans le vers libre et l’adultère, où l’abolition des contraintes donne le sentiment d’une liberté suprême, absolue, ivre d’elle-même, or que vaut la liberté … dépourvue des contraintes qui la bornent ? »

L'AUTEUR

Né en 1987, François-Henri Désérable a été hockeyeur professionnel avant de devenir un  écrivain plusieurs fois récompensé. Il a publié Tu montreras ma tête au peuple (2013), prix Amic de l’Académie française et prix littéraire de la Vocation ;  Evariste (2015), prix du jeune romancier, grand prix de l’Histoire de Paris et Révélation française de l’année 2015 dans le palmarès des Meilleurs livres du Magazine Lire, et Un certain M.Piekielny(2017), en lice pour plusieurs prix

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