"Marie-Antoinette, la légèreté et la constance" d'Hélène Delalex : Un portrait précis, nuancé, magnifiquement illustré qui se lit d’une traite sans éluder la complexité du personnage<!-- --> | Atlantico.fr
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"Marie Antoinette, la légèreté et la constance" d'Hélène Delalex a été publié aux éditions Perrin.
"Marie Antoinette, la légèreté et la constance" d'Hélène Delalex a été publié aux éditions Perrin.
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"Marie Antoinette, la légèreté et la constance" d'Hélène Delalex a été publié aux éditions Perrin.

Marine Baron pour Culture-Tops

Marine Baron pour Culture-Tops

Marine Baron est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Marie Antoinette, la légèreté et la constance" d'Hélène Delalex 

Perrin
Novembre 21
312 pages
25 euros.

Notre recommandation : EXCELLENT

THÈME

Marie-Antoinette, née en 1755, voit le jour à la cour d’Autriche, au milieu de nombreux frères et sœurs. La jeune Archiduchesse, quinzième enfant du couple impérial, vit une enfance relativement heureuse et insouciante. Elle est initiée à plusieurs disciplines artistiques et développe un goût certain pour l’architecture, la décoration, l’agencement des jardins et la nature. Elle n’a que quatorze ans lorsqu’elle épouse Louis XVI, Dauphin de France. Admirée notamment pour sa grâce et son maintien, elle représente avec son époux un nouvel espoir pour le peuple français, qui n’aime guère Louis XV.  Sa vie à la Cour de France, ses amitiés, ses inimitiés, ses espérances, toute son existence est rythmée par l'étiquette et le destin auquel elle est vouée. Quelques années plus tard, Marie-Antoinette est toujours admirée, mais sa réputation souffre déjà de critiques, à la Cour et plus largement, bien avant les événements révolutionnaires. La perte de sa fille, puis celle de son fils, la plongent dans une profonde tristesse. Et l’admiration populaire dont elle faisait l’objet va enfin tourner à la haine viscérale où tout lui sera reproché, jusqu’à son courage lors de sa montée à l’échafaud.

POINTS FORTS

1. Cet ouvrage, suivant un plan chronologique, offre une lecture accessible, fluide et agréable. Très bien écrit et vivant, le livre n’en est pas moins précis et bien documenté. Le texte regorge d’anecdotes et de citations, l’occasion de découvrir, entre mille autres choses, une reine plus passionnée par l’architecture que par la mode, influencée par une mère à la fois affectueuse et sévère, cherchant avant tout des amitiés sincères. On pourra lire, par exemple, des extraits de la correspondance de Marie-Antoinette avec ses amis ou sa famille, mais aussi des passages des mémoires d’Elisabeth Vigée-Lebrun et de Madame Campan, femme de chambre de Marie-Antoinette. Voltaire, Rousseau, Goethe éclairent le récit pour faire comprendre l’esprit du temps. Les notes, présentes à la fin de chaque chapitre, permettent d’approfondir sa lecture sans s'interrompre. La construction du texte est également habile, se déclinant en douze chapitres aux titres bien choisis (mention spéciale pour “Le Labyrinthe intérieur”, magnifique) qui permettent de suivre les événements marquants, les périodes d’insouciance mais aussi celles, plus sombres, qui débutent avant la Révolution.

2. Le ton du livre est juste et équilibré. Bien qu’ayant un sens de la narration très développé, et un don certain pour mettre en scène les personnages de façon littéraire, parfois avec une intensité dramatique, l’auteur sait conserver un discours mesuré, une exigence d'objectivité. Ce livre n’est jamais dithyrambique, mais il sait rendre passionnant le personnage historique qu’il peint. Il n’est jamais une charge déplaisante, mais ne cherche aucunement à dissimuler les faiblesses de ce personnage. Il y a dans ce texte une recherche méticuleuse où l’on tente de cerner le caractère de Marie-Antoinette, toujours en le mettant en perspective avec l’état d’esprit de son époque, son éducation, ses amis, la façon dont l’on considère les enfants qui évolue peu à peu, l’importance de la mode, tout ce qui constitue le cadre de vie de Marie-Antoinette. La conclusion de l’ouvrage, très bien tournée, offre d’ailleurs une mise en perspective des plus éclairantes, décrivant les passions contraires et violentes que Marie-Antoinette a pu inspirer de son vivant et après sa mort.

3. Ce livre est illustré avec un goût certain, sans surcharge, mais donnant au texte un surplus d’intérêt. On pourra y voir, notamment, de multiples portraits de Marie-Antoinette et ceux de ses contemporains, ainsi que des caricatures, des affiches, des plans, des photographies de mobilier, de monuments, de jardins. On y verra aussi un catalogue d’échantillons de robes et des copies de lettres. Ces illustrations font aussi de ce livre intelligent et subtil un très bel objet, qui pourra probablement constituer un cadeau  de choix.

QUELQUES RÉSERVES

Je n’en vois pas.

ENCORE UN MOT...

Un livre d’histoire subtil, bien écrit et richement illustré, pour redécouvrir la vie de Marie-Antoinette et les passions contradictoires qu’elle a suscitées.

UNE PHRASE

« Le 25 août 1783, au Salon carré du Louvre, eut lieu l’ouverture du Salon de l’Académie royale de peinture et de sculpture où les derniers lauréats de l’Académie présentaient leurs œuvres au public. Il s’agissait d’un événement très populaire, qui attirait chaque jour près de mille curieux. Élisabeth Louise Vigée-Lebrun, reçue à l’Académie trois mois plus tôt sur ordre du roi, y exposa un nouveau portrait de Marie-Antoinette. La reine y paraissait au naturel, le regard doux, composant un bouquet, vêtue à la mode du jour d’une robe fluide en mousseline blanche à collerette et manches bouffantes, simplement retenue par un ruban de gaze dorée. N’arborant aucun bijou, les cheveux relâchés sous un grand chapeau de paille orné d’un ruban et piqué de deux plumes d’autruche. Aucun attribut ni détail ne venait rappeler son statut royal. Le portrait d’une belle femme, en somme, plus que d’une souveraine». p. 184

L'AUTEUR

Hélène Delalex est historienne et conservatrice du patrimoine Mobilier et Objets d’art au musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon, en charge des appartements intérieurs de Marie-Antoinette. Elle a été commissaire de grandes expositions, en France comme à l’étranger, dont Louis XV (qui sera présentée en octobre 2022 au Château de Versailles) et Versailles & le Monde (2022, Louvre Abu Dhabi). Elle est chargée de cours d’histoire de l’art à la classe préparatoire aux concours du patrimoine de Sorbonne Université, et a publié de nombreux ouvrages historiques et biographiques dont Le Carrousel du Roi-Soleil (Gallimard), Louis XIV intime (Gallimard), ou encore Un jour avec Marie-Antoinette (Flammarion).

ET AUSSI

A lire également, nos chroniques :

Marie-Antoinette La jeunesse d’une reine,  son histoire en manga.

Mousseline la sérieuse, journal imaginaire de la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette, seule survivante du Temple. 

Les conflits d’une mère, Marie-Thérèse d’Autriche et ses enfants, d’Elisabeth Badinter, pour connaître la mère et les frères et soeurs de Marie-Antoinette

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