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"Le dernier livre" de François Durpaire et Brice Bingono : une véritable déclaration d'amour
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Un enfant qui lit sera un adulte qui pense !

Nicolas Autier pour Culture-Tops

Nicolas Autier pour Culture-Tops

Nicolas Autier est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Les livres ont été brûlés ; les écoles fermées ; les librairies abandonnées ; les libraires et enseignants licenciés ; les auteurs censurés ; le savoir digitalisé… Les enfants ne lisent plus, n’écrivent plus, n’apprennent plus, ne pensent plus. 

Les géants du digital contrôlent tous les leviers des pouvoirs économiques, politiques et médiatiques. Sous couvert de créer les conditions d’une prospérité économique pure et parfaite, ils imposent un modèle de société où l’information est filtrée, formatée avant d’être transmise à tous via des masques-lunettes digitales qui enferment chacun dans une réalité virtuelle et aseptisée. 

Dans ce monde ravagé par un mystérieux virus, les réfractaires à l’ordre nouveau sont traqués sans merci. 

Dans ce monde dépourvu de toute aspérité, soudain, des enfants disparaissent. Sporadiquement d’abord, puis de plus en plus régulièrement. Que cache un tel phénomène ? Qui en est l’instigateur ? Pourquoi des personnages ressemblant à Victor Hugo sont systématiquement présents sur les lieux des disparitions ? Comment préserver ses enfants autrement qu’en les cloîtrant ? Telles sont les questions que se posent Daya et Jean pour protéger leur fille Héliade à qui ils essayent de transmettre liberté de penser et esprit critique. Mais un jour, Héliade disparaît à son tour. 

POINTS FORTS

Le dernier livre, c’est une déclaration d’amour ! A la satisfaction gourmande des heures de lecture sans fin ; au pouvoir sans égal de la chose écrite si justement décrit par Montesquieu : « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé » ; au plaisir ineffable de la déambulation sans but dans les rayonnages des librairies et des bibliothèques ; à la sensualité de l’écriture et de la rencontre de la plume et du papier ; à la joie canaille des heures de lecture volées au sommeil grâce à une couverture remontée et une lampe de poche dérobée ; à l’épanouissement simple et puissant lié à la découverte du savoir.

Le dernier livre, c’est le plaisir de retrouver au détour d’une planche ou d’une bulle des ouvrages dont le plaisir de la lecture nous revient instantanément à l’esprit et une invitation à se plonger au plus vite dans des œuvres découvertes au fil de ses pages : Song of Myself, Walt Whitman ; Lolita, Vladimir Nabokov ; Beloved, Toni Morrison ; Brave New World, Aldous Huxley ; Les raisins de la colère, John Steinbeck 

Le dernier livre, c’est aussi un émouvant voyage à travers l’histoire de l’écriture et un plaidoyer pour son importance dans la vie des civilisations, de la tablette de Gilgamesh à l’invention du cinéma, en passant par les tatouages thaïlandais du Sak Yant, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg ou la bibliothèque de Tombouctou.

QUELQUES RÉSERVES

Une fin qui laisse sur sa faim ? On pourrait considérer qu’elle repose sur un postulat légèrement simpliste qu’un ouvrage tel que Sa Majesté des Mouches (Lord of the Flies, 1954, William Gloding) viendrait aisément bousculer. De même, l’instrumentalisation du COVID au service de la thèse des auteurs pourrait être perçue comme excessive. 

Mais cela ne devrait aucunement faire perdre du vue l’importance des sujets sur lesquels ils nous interpellent brillamment au moyen d’une intrigue d’anticipation joliment construite et dont certaines dimensions sont peut-être plus proches de notre réalité actuelle que nous ne le pensons.

ENCORE UN MOT...

Le dernier livre nous rappelle avec à propos la phrase d’Heinrich Heine selon laquelle : « Là où on brûle les livres, on finir par brûler les hommes. » Ce faisant, cette bande dessinée nous appelle à la vigilance quant à toute forme de censure et vole au secours de la littérature, cet art qui l’aura longtemps considéré comme mineure, si tant que cette tentation lui soit totalement passée. 

Le dernier livre nous rappelle ainsi opportunément le rôle fondamental joué de tous temps par la transmission écrite du savoir et l’éducation dans la construction des civilisations et des sociétés ; mais également qu’il n’est ni société libre ni individu éclairé sans un accès libre au savoir livresque, charge à chacun d’entre nous d’en tirer le meilleur à titre individuel et collectif.

UNE ILLUSTRATION

L'AUTEUR

Universitaire militant spécialisé dans les questions d'éducation et de diversité culturelle aux États-Unis et en France, François Durpaire est également consultant pour la télévision et la radio. Agrégé d'histoire, docteur en relations internationales, il est depuis 2013 maître de conférences en sciences de l’éducation à l'université de Cergy-Pontoise. En 2007, publie avec Olivier Richomme la première biographie en langue non anglaise de Barack Obama. De 2009 à 2016, il est membre du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE). Il rencontre le succès en BD avec la série La Présidente en collaboration avec Farid Boudjellal, éd. Les Arènes BD, 2015-2017. 

Après l’obtention d’un baccalauréat technique d’arts appliqués et du diplôme de l’école des métiers du cinéma d’animation, Brice Bingono démarre son parcours en BD avec la parution en 2005 du premier tome de la série Paradise avec Benoît Sokal au scénario, éd. Casterman, 2005-2008. Le tome 2 du Passeur, éd. Paquet, 2009 lui permet de confirmer son talent. Sa carrière est maintenant lancée et on lui devra par la suite des ouvrages tels que la série Pavillon Noir en collaboration avec Eric Corbeyran, éd. Soleil,2011-2013 ; ou Jackal sur un scénario de Philippe Thirault , éd. Glénat, 2018.

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