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"La cerisaie", mis en scène par Tiago Rodrigues : brillantissime, tout simplement
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Une vision moderne et renouvelée d’un grand classique

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

La Cerisaie, c’est la propriété de famille de Lioubov qui, ruinée, est contrainte de la mettre en vente. Autour d’elle évolue une galerie de personnages, chacun emmuré dans son propre monde, alors que divers acquéreurs rôdent. Bref, la fin d’une époque et, peut-être, la perspective d’un nouveau monde.

POINTS FORTS

  • La mise en scène est brillantissime. Tiago Rodrigues a monté la pièce pour la première fois l’été dernier en Avignon dans la cour d’honneur du Palais des Papes, juste avant d’apprendre qu’il prendrait la tête du Festival à partir de septembre 2022. Dans un décor très dépouillé mais onirique, il laisse l’initiative aux comédiens, qui composent une sorte de ballet hypnotique et symbolique dans lequel chacun trouve sa place, existe pleinement et recueille toute l’attention du public.
  • La mise en scène est à la fois épurée et limpide, réglée comme une mécanique de précision. Les éléments du décor apparaissent et disparaissent dans une sorte de ballet accompagné par une bande originale jouée live par deux musiciens inspirés et virtuoses.
  • Le metteur en scène a refusé de voir la pièce comme la fin d’un monde mais plutôt comme un changement, une période de transition « pour parler de la confusion des esprits face à l’incertitude de l’avenir face à ce mélange de cruauté et de violence, d’espoir et de beauté, qui sont au cœur des grands changements historiques que vivent les personnages ».
  • Le texte dépasse l’idée d’un monde courant à sa perte pour lui conférer l’espérance d’une ère nouvelle qui serait à construire avec des hommes neufs et des règles à inventer.
  • On perçoit ainsi très clairement ce monde en décomposition et cet autre monde en construction. La mise en scène fait émerger le texte dans le flux des dialogues et des sentiments qui dressent une carte fluctuante entre les différents personnages. L’espace semble refluer et se reconstruire durant toute la pièce.
  • La pièce gagne en complexité et oscille en permanence dans un mouvement incessant initié par tous les personnages, une ronde dans laquelle chacun tente d’exister en occupant le devant de la scène.

QUELQUES RÉSERVES

Aucune réserve.

ENCORE UN MOT...

La Cerisaie, écrite en 1903, rencontre un succès immédiat. Elle illustre à merveille la fin du monde aristocratique et l'entrée triomphante d'une classe d'entrepreneurs, phénomène perceptible dans la Russie de Nicolas II. Tchékhov lui-même n’y survit pas, qui meurt l’année suivante.

UNE PHRASE

« Songez que je suis née ici, que mon père, ma mère, mon grand-père vivaient ici : j'aime cette maison. Sans la Cerisaie je ne comprends pas ma propre vie et, s'il faut vraiment vendre, qu'on me vende avec le jardin... » (Lioubov)

L'AUTEUR

• Anton Pavlovitch Tchékhov naît en janvier 1860, un avant l’abolition du servage par le tsar Alexandre II. Son père est un modeste marchand qui descend d’une famille des serfs. Il entreprend parallèlement des études de médecine et la publication de contes dans des revues et se concentre rapidement sur sa carrière littéraire. Politiquement, il semble se rapprocher de la gauche

• Il écrit sa première pièce de théâtre, La Steppe en 1888 puis suivent une succession de chefs d’œuvre : La Mouette, Oncle Vania, les Trois Sœurs … Le dramaturge décède quelques mois après avoir assisté à la première triomphale de La Cerisaie, en 1904.

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