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"Hors-la-loi" de Pauline Bureau : Du très bon théâtre vérité
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Atlanti-Culture

Pièce "documentaire", "Hors la loi" constitue une mise en abîme impressionnante de tout ce que -il n'y a pas encore si longtemps- l'avortement pouvait susciter de drame personnel, médical, et social.

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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VU PAR DANIELLE MATHIEU-BOUILLON

THEATRE

HORS LA LOI

de Pauline Bureau

Mise en scène: Pauline Bureau

Avec la troupe de la Comédie-Française : Martine Chevallier, Coraly Zahonero, Alexandre Pavloff, Françoise Gillard,

Laurent Natrella, Danièle Lebrun, Claire de la Rüe de Can,

et Sarah Brannens, Bertrand de Roffignac

INFORMATIONS

Comédie-Française

Théâtre du Vieux-Colombier

21, rue du Vieux-Colombier Paris 6ème

jusqu' au  7 juillet   

20h30 du mercredi au samedi

19h les mardis, 15h les dimanches

Durée estimée 2h10

Réservation : 01 44 58 15 15  www.comedie-francaise.fr

RECOMMANDATION 

          EXCELLENT

THEME 

Conçu un peu comme un documentaire, ce spectacle nous plonge dans le temps pas si lointain où l'avortement était interdit et puni par la loi. « Les faiseuses d'anges », dans une clandestinité absolue, permettaient à des femmes qui n'avaient pas les moyens d'aller se faire opérer à l'étranger, de se débarrasser d'une grossesse non désirée.

 Pauline Girard concentre son propos sur la fameuse affaire du procès de Bobigny, plaidée par l'avocate Gisèle Halimi, soutenue par le manifeste des 343 femmes qui s'accusèrent du délit d'avortement. Le personnage de la jeune accusée de l'époque, Marie-Claire, adolescente violée par un camarade de classes, se souvient de ces douloureux événements et laisse défiler sa mémoire.

POINTS FORTS 

- Martine Chevallier, est  cette adolescente, devenue adulte. Douce, émouvante, avouant «  avoir toujours 15 ans » ; elle est  le fil d’Ariane de son histoire personnelle qui  est devenue un moment de notre Histoire collective, avec la révolution sociétale qu'elle a déclenchée.

- La scénographie, astucieuse, d'Emmanuelle Roy, permet de bien différencier les espaces privés et publics. La vie de cette femme, qui élève, seule, deux filles, est bien indiquée, avec la sorte de fatalité qui semble s'acharner sur une vie sans joie.

- On retrouve avec émotion, lorsque l’on appartient à cette génération, la tragédie que représentait un avortement. La solidarité entre les femmes capables de trouver les réseaux, conduisant à celle qui pouvait intervenir dans un artisanat consternant, qui provoquait parfois la mort par septicémie. Dans ce rôle d'avorteuse, Martine Chevallier, là encore, est stupéfiante et méconnaissable.

Le groupe des féministes est bien distribué. Les séquences des jeunes garçons sont un peu limitées, mais c'est essentiellement une affaire de femme, sauf lorsque de grandes personnalités politiques viendront témoigner à ce procès retentissant ( Alexandre Pavlov étonnant en Michel Rocard). Françoise Gillard devient, en deuxième partie, le piano conducteur de la pièce, incarnant avec force, et conviction, l'avocate Gisèle Halimi. Parmi les féministes représentées, il convient de saluer Danièle Lebrun qui joue plusieurs rôles, dont celui de l’amie de Marie, la maman de l’adolescente. Elle est très convaincante en Simone de Beauvoir dont elle a travaillé non seulement l’aspect physique, mais l'esprit du phrasé.

POINTS FAIBLES 

Claire de la Rüe du Can, victime du viol, Ciralie Zahonéro qui joue sa mère, et la petite sœur, jouée par Sarah Brannens (délicieuse) semblent toutes trois avoir été dirigées vers une grande retenue, avec beaucoup de pudeur, comme en retrait, ce qui nuit un peu à l’émotion de cette situation cruelle .

EN DEUX MOTS 

Je pense qu'il est courageux, à un moment  où la liberté pour les femmes de disposer de leur corps, leur est à nouveau contestée dans certains pays du  monde, de porter à la scène un tel témoignage, pour montrer aux jeunes générations qu'un avortement est toujours une décision grave et douloureuse. Désormais, la contraception existe : il ne faut pas abuser – je sais que je risque de choquer – des IVG de «confort» ( sauf viol, inceste...).   Il est utile aussi, pour les jeunes  générations, de leur faire prendre conscience que le temps n'est pas si lointain où l'avortement provoquait 5000 morts par an.

L’AUTEUR 

Pauline Bureau est auteur-metteur en scène, formée  au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 2004). Elle a fondé  sa compagnie, «La part des anges» 
En 2014, elle écrit et met en scène «Sirènes». Depuis, ses autres pièces sont publiés chez Actes Sud Papiers. Elle a reçu en 2015 le prix Nouveau Talent théâtre de la SACD et  créé «Dormir cent ans» (Nomination  au Molière 2017 du spectacle jeune public).
En 2017, elle s'attaque au thème des victimes du Médiator, avec «Mon coeur».

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