"Boîte noire" de Yann Gozlan : un thriller psychologique, sophistiqué, tendu et fragile, électrisé par Pierre Niney…<!-- --> | Atlantico.fr
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Le film de Yann Gozlan, "Boîte noire", avec Pierre Niney et André Dussollier, est à retrouver dans les salles de cinéma ce mercredi 8 septembre.
Le film de Yann Gozlan, "Boîte noire", avec Pierre Niney et André Dussollier, est à retrouver dans les salles de cinéma ce mercredi 8 septembre.
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Le film de Yann Gozlan, "Boîte noire", avec Pierre Niney et André Dussollier est à retrouver dans les salles de cinéma ce mercredi 8 septembre.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Boîte noire" de Yann Gozlan

Avec PIERRE NINEY, LOU DE LAÂGE, ANDRÉ DUSSOLLIER, OLIVIER RABOURDIN…
Notre recommandation : EXCELLENT. 

THÈME

Ça démarre par le crash d’un avion de ligne dans les Alpes. Que s’est-il passé au cours du vol de cet appareil, l’un des plus sophistiqués du marché ? Défaillance technique ? Erreur de pilotage ? Acte terroriste ? Technicien au BEA – l’autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile –, Mathieu Vasseur (Pierre Niney) est chargé du dossier. Mais le temps presse. Les médias s’impatientent. La hiérarchie de Mathieu tente de lui imposer des conclusions. Mais cet acousticien hors pair qui a l’oreille absolue et un caractère fort ne va pas l’entendre comme cela. La recherche de la vérité sur cette tragédie va virer chez lui à l’obsession. Jusqu’à la paranoïa ?

POINTS FORTS

– L’univers du film. Le monde de l’aéronautique et de l’aviation civile est rarement abordé au cinéma. Le biais par lequel on le découvre ici permet de saisir à quel point il est fascinant, ne serait-ce que par l’importance de ses enjeux technologiques et financiers.

- L'originalité du scénario. Boîte noire démarre comme un film d’enquête classique, bifurque vers le polar mental et vire finalement au film d’action. Cette construction qui s’inspire du principe des poupées russes lui donne à la fois rythme et singularité. Elle dope aussi son suspense. 

– La réalisation est d’une sophistication virtuose. Le plan-séquence d’ouverture, notamment, est époustouflant. C’est un long travelling-arrière qui nous fait traverser tout l’avion du cockpit jusqu’à la fameuse boîte noire qui donne son titre au film.

– Le travail sur le son est prodigieux. Il rappelle celui effectué sur Le Chant du loup qui se déroulait dans le huis-clos d’un sous-marin.

– La distribution est plus que parfaite. D’une rigueur et d’une précision extrêmes, à la fois tendu, sensible, fragile et ambigu, Pierre Niney est sensationnel. Il parvient à rendre palpable tous les tourments de son personnage. Lou de Laâge, qui joue son épouse et change ici de registre, est formidable elle aussi. Sa blondeur et sa douce détermination font penser aux héroïnes hitchcockiennes.

QUELQUES RÉSERVES

Un très léger manque de « liant » entre deux ou trois séquences. Mais rien qui casse l’«élan» du film.

ENCORE UN MOT...

Incroyablement documenté, visuellement soigné, d’une écriture minutieuse – technique mais pas trop pour rester accessible à tous les publics –, et d’un suspense sans temps mort, Boîte noire a indéniablementune stature de film américain. A en juger par l’accueil qu’il a reçu au festival du film policier de Reims, puis, dernièrement, à celui du film francophone d’Angoulême (dont il est reparti, les deux fois, avec le prix du public ), il devrait faire un carton au box office.

UNE PHRASE

« Dès le début de l’écriture de Boîte noir, je n’ai eu que Pierre Niney en tête pour le personnage…J’ai donc été très heureux quand il a accepté le rôle. Avec le recul, je vois à quel point il a apporté une complexité, une humanité à Mathieu. Je trouve bluffante la manière avec laquelle il parvient à incarner les conflits intérieurs et les tourments qui agitent le personnage » ( Yann Gozlan, réalisateur).

L'AUTEUR

Né le 28 mars 1977 à Aubervilliers, Yann Gozlan  commence par suivre des études d’économie à l’Université de Paris IX, mais sa passion pour le cinéma  le fait changer de voie et il s’inscrit à l’Université Paris VIII à Saint-Denis section… cinéma. Il tourne  d’abord des films expérimentaux en vidéo et super 8, et en 2003, ayant trouvé un producteur, il se lance pour de bon. C’est Pellis, un court-métrage qui décrit l’univers de la dermatologie et des maladies psychosomatiques. Suit Echo, en 2006 qui reçoit le prix du court-métrage au festival de Gérardmer.

Cette récompense lui vaut une proposition d’un producteur de s’engager dans le long métrage. Captifs, film d’épouvante sur fond de trafic d’organes qu’il coécrit avec Guillaume Lemans, sort en 2010 et rafle  deux prix internationaux.

L’année suivante, toujours accompagné de Guillaume Lemans, il se lance dans l’écriture d’Un Homme idéal. Ce thriller psychologique qui traite de la spirale du mensonge et de l’imposture sort en salles en 2015 avec… Pierre Niney dans le rôle principal. Suivra, en 2018, Balancé dans les cordes, mené à toute allure par François Civil, un thriller sensoriel sur les go fast en moto.

Quand il ne réalise pas, Yann Gozlan écrit pour d’autres cinéastes. Il a notamment participé activement au scénario de La Mécanique de l’ombre de Thomas Kruithof.

Boîte noire est le quatrième long métrage à la notoriété croissante.

ET AUSSI

– SUPERNOVAde HARRY MACQUEEN – Avec COLIN FIRTH, STANLEY TUCCI…

En couple depuis vingt ans, Sam, pianiste et Tusker, écrivain et astronome amateur, partent en camping-car sur les routes de l’Angleterre rurale. Tusker est atteint de démence sénile et ils veulent rendre une dernière visite à leurs proches et retourner sur les lieux où ils ont vécu dans le passé.

Supernova n’est pas le premier film à aborder les questionnements si douloureux de la fin de vie. Mais cela n’entame pas la puissance émotionnelle qui se dégage de ce road-movie, poignant, pudique et sensible, joué à la perfection par deux immenses acteurs dont la connivence éclate à l’écran. Signée Dick Pope, un des meilleurs chefs op britanniques, la photo est splendide, les décors, à couper le souffle. La pudeur des dialogues a servi de rempart à la tentation d’une « surdramatisation ».

Recommandation : Excellent

– 9 JOURS À RAQQAde  XAVIER de LAUZANNE – DOCUMENTAIRE

 Signé du documentariste Xavier de Lauzanne (Les Pépites), premier volet d’une trilogie consacrée à la reconstruction, en Syrie et en Irak, des territoires regagnés sur Daech (La Vie après Daech), ce film fait le portrait de Leila Mustapha, une jeune femme de 30 ans, ingénieure en génie civil, qui a pour mission de reconstruire sa ville et d’y instaurer la démocratie après son occupation par l’Organisation de l’Etat Islamique. Rythmé par la musique du trompettiste Ibrahim Maalouf, truffé d’images d’archives télévisées de la guerre, il suit pas à pas, pendant neuf jours, cette mère-courage kurde, non voilée, déterminée et courageuse. Puissant, intense, édifiant et…féministe.

Recommandation : Excellent.

- RESPECTde LIESL TOMMY – Avec JENNIFER HUDSON, LODRIC D. COLLINS, FOREST WHITAKER…

Quand parut sa version de Respect en 1967,on surnommaAretha Franklin,« la reine de la soul ». Bizarrement, l’iconique chanteuse n’avait jamais fait l’objet d’un biopic au cinéma. C’est désormais chose faite avec ce film qui relate ses débuts.

Quand Respect commence, Aretha, que tout le monde appelle Ree, chante devant des pointures de la musique noire conviées par son père. Elle a dix ans. Sa voix est un tel joyau que ce dernier, pasteur de son métier, décide de la mettre en valeur avec une bienveillance mêlée de fermeté. Il va emmener la petite fille en tournée dans les églises, puis lui faire enregistrer son premier disque. A la suite d’un viol, Ree devient mère. Elle a 12 ans et devient Aretha. Ce traumatisme poursuivra toute sa vie l’artiste, qui deviendra une militante acharnée des droits civiques, tout en poursuivant sa carrière de chanteuse avec le succès que l’on sait.

Malgré le côté parfois trop formaté de son scénario, Respect impressionne. Par l’audace de certaines de ses scènes, notamment celle de l’enregistrement mythique de l’album Amazing Grace, et surtout par l’interprétation habitée, sensationnelle de Jennifer Hudson, choisie de son vivant par Aretha Franklin pour le rôle. Ne serait-ce que pour elle, le film vaut d’être vu. La star de Dreamgirls force le respect, suscite l’enthousiasme.

Recommandation : Excellent

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