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Le casse-tête politique espagnol après les élèctions législatives

Migraines en perspective

Le casse-tête politique espagnol après les élections législatives

Malgré une victoire nette en nombre de voix, les conservateurs du Parti Populaire ne semblent pas en mesure de former une majorité absolue au sortir des élections législatives de ce week-end. La gauche, emmenée par le Premier ministre sortant Pedro Sánchez est, elle, en embuscade.

Des élections mais pas un horizon toujours bouché. C'est le constat qui s'impose au lendemain des résultats du dernier scrutin en Espagne, plongée en plein casse-tête politique depuis ce week-end. Alors qu'aucune majorité absolue ne s'est dégagé, les deux leaders de gauche et de droite, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez et son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo se retrouvent mis au défi de trouver une formule pour gouverner et éviter de rappeler les électeurs aux urnes. De quoi pousser les deux partis à entamer, chacun de leur côté, des tractations aussi complexes qu'incertaines pour tenter de résoudre un nouveau blocage, dont le pays s'est fait spécialité ces dernières années.

Cette situation a surpris l'essentiel des analystes qui, sondages à l'appui, prédisaient un ras de marée à droite, le PP pouvant espérer une majorité absolue grâce à une alliance avec le parti d'extrême droite Vox. Mais, surfant sans doute sur la peur de cette coalition conservatrice dure, Pedro Sánchez est parvenu dimanche à limiter les gains de l'opposition de droite.

Au final, Alberto Núñez Feijóo et son parti, le PP de droite, est bien arrivé en tête mais avec seulement 136 sièges sur un total de 350 au congrès des députés, tandis que Vox se contentait de 33 investitures. D'où un total de 169 sièges, loin de la majorité absolue de 176, insuffisant pour gouverner sereinement. Néanmoins, clamant sa victoire au nombre de voix, M.Núñez Feijóo a réclamé le droit de gouverner en minorité, et déclaré avoir commencé dès lundi matin à établir "des contacts avec plusieurs forces politiques", dont Vox, "afin de parvenir à la formation d'un gouvernement stable".

L'entreprise de séduction de petits partis paraît impossible pour le leader conservateur au-delà de Vox et d'un petit parti de droite, l'UPN, qui lui a déjà apporté son soutien, car son alliance avec l'extrême droite de tradition ultra-centralisatrice phalangiste et opposée à toute forme d'autonomie régionales fait figure d'épouvantail pour nombre de petites formations régionalistes. Dans un acte assez vain, Alberto Núñez Feijóo a lancé un appel aux socialistes à le laisser gouverner en s'abstenant lors d'un vote d'investiture au Parlement, une éventualité déjà écartée par Pedro Sanchez, qui n'y aurait aucun intérêt.

De quoi "ouvrir une période d'incertitude politique qui va durer des mois", selon Federico Santi, analyste du groupe de réflexion Eurasia Group, à l'unisson de la presse espagnole.

En face, l'alternative incarnée par le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sánchez est crédible mais le chemin est également long et cahoteux. L'alliance dont le PSOE dispose avec son allié de gauche radicale, amène leur nombre de sièges à 153. Pourtant, malgré un score inférieur à la droite, le Premier ministre pourrait emporter son pari et avoir une chance de se maintenir au pouvoir, car les partis basques et catalans ne sont pas opposés à le soutenir, comme ils le faisaient déjà régulièrement durant la dernière législature. Cependant, cette coalition ne serait pas inoffensive politiquement, Pedro Sanchez devant s'adresser aux indépendantistes catalans d'ERC ou les basques de Bildu, formation considérée comme l'héritière de la vitrine politique de l'ETA, deux partis détestés par une partie de l'Espagne attachée au centralisme, au roi et à l'unité du pays.

Si il n'y parvient pas - ce qui paraît le plus envisageable pour nombre d'analystes -, l'Espagne serait condamnée à un nouveau scrutin, la cinquième depuis 2015. Un scénario inquiétant alors que le pays occupe jusqu'à fin décembre la présidence tournante de l'Union européenne.

Euronews

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