Quand les hackers russes révèlent l’importance démocratique insoupçonnée du site de l’Assemblée<!-- --> | Atlantico.fr
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La faute en revient à une attaque informatique revendiquée par des hackers russes, travaillant pour le régime de Vladimir Poutine.
La faute en revient à une attaque informatique revendiquée par des hackers russes, travaillant pour le régime de Vladimir Poutine.
©Thomas SAMSON / AFP

Chronique parlementaire

Le site internet de l’Assemblée nationale a été indisponible une grande partie de la journée du lundi 27 mars.

Samuel Le Goff

Samuel Le Goff

Ancien assistant de députés, ancien journaliste parlementaire et aujourd'hui consultant, Samuel Le Goff fréquente le palais Bourbon et ses environs depuis 20 ans.

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La faute en revient à une attaque informatique revendiquée par des hackers russes, travaillant pour le régime de Vladimir Poutine. Elle intervient, par le moyen très classique (et assez peu impactant) de l’attaque par déni de service, qui consiste à saturer les serveurs de l’Assemblée nationale de requêtes, afin de rendre le site inaccessible. 

Cet incident, assez rare dans son intensité et sa durée, pour un site public aussi sensible, met en lumière, par la gêne occasionnée, le caractère de plus en plus incontournable et démocratiquement important du site de l’Assemblée et des données qu’il contient. C’est dans ces moments qu’on se rend compte très concrètement du manque, et des problèmes qu’il pourrait poser s’il survenait à un moment critique, ou durait plus que quelques heures, un lundi.

Depuis maintenant de nombreuses années, les réunions de commission et la séance publique sont diffusées, en direct, sur le site de l’Assemblée, avec un service de VOD, pour rattraper en différé. Même si le flux vidéo est également diffusé sur les réseaux sociaux (parfois avec une qualité meilleure que sur le site même de l’Assemblée…) un site à l’arrêt empêche les citoyens de suivre les travaux parlementaires en direct. C’est d’autant plus gênant que toutes les commissions ne font pas nécessairement l’objet d’un compte rendu écrit (qui parfois, peut arriver longtemps après). Devoir retourner en tribune, au-dessus de l’hémicycle, pour suivre une séance de nuit, poserait quelques difficultés logistiques et de conditions de travail, à la fois aux journalistes et lobbyistes, mais aussi aux agents de l’Assemblée. C’est tellement plus confortable de regarder ça depuis chez soi (notamment pour les séances de nuit).

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Le site de l’Assemblée est aussi capital pour trouver les amendements qui vont être mis en discussion. C’est même le seul moyen de trouver les documents parlementaires, vu que les tirages papier, au fil du temps, ont été réduits à un niveau symbolique. Un site inaccessible pendant plusieurs jours peut se révéler très problématique, sur cet aspect.

Et encore, un simple problème d’accès depuis l’extérieur n’est pas grand chose, à côté d’une attaque plus sophistiquée, ou même l’intranet est bloqué, et où, pire, l’ensemble des données seraient accessibles, mais cryptés, avec demande de rançon. Depuis plusieurs années, l’ensemble des dépôts d’amendements se fait de manière électronique, avec Elias, et le suivi, depuis l’hémicycle et en commission, par Eliasse, sur des tablettes. L’Assemblée est passée en mode “zéro papier” et c’est une très bonne chose, à condition que la technologie suive. Avec une attaque de grande ampleur, c’est le travail parlementaire en lui-même qui serait bloqué, et pas seulement le fait de pouvoir le suivre de l’extérieur.

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