Quand la Terre saute en parachute et quand la Lune tourne en marbre : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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L’audace esthétique d’un pont et la puissance d’une sphère terrestre (Greubel Forsey)…
L’audace esthétique d’un pont et la puissance d’une sphère terrestre (Greubel Forsey)…
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Atlantic Tac

Mais aussi une horloge de marine culbutante, un reptile philosophique logé dans un crâne, une « plongeuse » à deux couronnes, un essaim d’abeilles qui dansent sur le cadran et la vraie première montre de l’espace…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS VUITTON : Vanitas vanitatis mécanique…

Il y avait longtemps que les montres Louis Vuitton ne faisaient plus d’étincelles : elles fêtent leur retour sur le devant de la scène avec une montre Tambour Carpe Diem qui s’annonce comme des plus étonnantes créations de ce printemps 2021. C’est, au sens strict du terme, une « vanité » philosophique dans le goût du XVIIIe siècle, une descendante de ces Memento Mori qui rappelaient les anciens Romains à leur condition humaine, mais avec une mécanique qui permet à un ophidien de nous dévoiler l’heure quand on actionne le poussoir en tête de serpent à deux heures : la tête du reptile s’écarte pour révéler le chiffre de l’heure, alors que sa queue indique les minutes. Pendant ce temps, la mâchoire grimace pour révéler un carpe diem d’outre-tombe, tandis que défilent des fleurs monogrammées dans l’orbite du crâne (la vidéo ci-dessous est très explicite). Ce manège macabre dure une quinzaine de seconde. Le sablier, lui, indique la réserve de marche de la montre. Cette méditation philosophique se joue sur fond d’ingéniosité mécanique et de virtuosité esthétique dans la sculpture en bas-relief du crâne et du reptile autant que dans l’émaillage du décor.

GREUBEL FORSEY : Une grande mécanique sportive chic…

Si vous voulez découvrir la première présentation aéroportée de toute l’histoire horlogère, ne manquez pas la vidéo ci-dessous : elle décoiffe ! Dans une ambiance on ne peut plus sportive, elle vous dira tout de la nouvelle GMT Sport de la manufacture indépendante suisse Greubel Forsey, qui s’offre ici un grand moment de communication [dommage qu’on ait oublié de mettre des gants au parachutiste, qui a dû avoir les mains gelées dans un saut à cette altitude et avec la température qu’on suppose !]. La montre n’est pas absolument nouvelle, mais elle accepte enfin sa vocation « sportive » – c’est le destin naturel d’une montre d’aventurier qui indique différents fuseaux horaires – en se dotant d’un bracelet métallique qui finalise l’indispensable touche « sport chic ». On nous jure que cette montre de très haute horlogerie, d’une taille raisonnable (boîtier en titane de 42 mm), qui ne négocie un peu au-dessous du demi-million d’euros, a été optimisée pour une pratique active [rappelons qu’elle propose un tourbillon incliné qui effectue sa rotation en 24 secondes, en plus d’un affichage d’une heure universelle terrestre affichée sur un globe rotatif à 8 het sur un disque circulaire à 10 h], en plus d’avoir été redessinée et restylée, avec une originalité dans la lecture de l’heure encore plus expressive. On ne peut qu’admirer la dynamique très créative des deux grands « ponts » qui jaillissent de la carrure de la montre à droite de la Terre tridimensionnelle. Du très grand Greubel Forsey, maison qui consolide sa place au sommet de la pyramide des marques suisses, tant pour son art de la complication mécanique que de l’innovation esthétique, sans parler de son intransigeance marketing (la marque a su s’imposer chez les collectionneurs tout en conservant le prix moyen le plus élevé de toute l’offre contemporaine suisse !)…

ULYSSE NARDIN : Un rêve cosmique…

Les « chronomètres de marine » – des montres ultra-précises dans la durée – ont permis aux navigateurs de conquérir les océans : ces horloges de bord permettaient de calculer avec précision la longitude, ce qui permettait de connaître exactement la position du navire en pleine mer. Ces « chronomètres de marine » ont été en usage jusque pendant la Seconde Guerre mondiale. La manufacture suisse Ulysse Nardin, qui fête cette année ses 175 ans, en était une grande spécialiste. Pour cette anniversaire, Ulysse Nardin a entrepris d’imaginer ce que pourraient être les chronomètres de marine dans 175 ans, ce qui nous donne aujourd’hui cet UFO (Unidentified Floating Objet : « objet flottant non identifié »), qui bouscule allègrement les traditions de cette horlogerie de marine. Jusqu’ici, on montait l’horloge de bord sur des cardans pour lui permettre de compenser la gîte et le roulis du navire. Cette UFO préfère miser sur la capacité de l’horloge à se redresser grâce au jeu naturel de balancier d’une base culbutante (un poids de tungstène logé dans le « pied » de l’UFO) : même par 60° de gîte (soit une amplitude de 120°), le mouvement fonctionne parfaitement, à la cadence majestueuse de 0,5 Hz (à peu près le battement d’un cœur humain au repos : 3 600 alternances par heure), avec trois affichages qui donnent l’heure dans trois fuseaux horaires différents. Cet UFO mécanique se remonte une fois par an (365 jours de réserve de marche !) grâce à ses six barillets accouplés. Le poids n’est pas mince (7,2 kg, pour 663 composants sur 26 cm de haut et 15 cm d diamètre) et le prix reste conséquent (dans les 36 000 euros), mais c’est assez raisonnable pour un des plus extraordinaires objets du temps millésimés 2021, qu’on ne se lassera pas d’admirer dans son cylindre de verre soufflé à la bouche. Imaginons, demain, cet UFO donnant trônant sur la table de travail des astronautes lancés à la conquête de Mars ou des astéroïdes…

BALTIC : Le charme du style Compressor...

Deux couronnes pour cette « plongeuse » de type Compressor (un principe d’étanchéité à la mode chez les plongeurs sous-marins voici une soixantaine d’années) : celle qui est située à deux heures permet d’actionner la lunette interne pour évaluer les temps de palier (on peut donc la manipuler sans risque sous l’eau) ; celle qui est à quatre heures permet de remonter la montre et de régler l’heure. La jeune marque indépendante française Baltic nous propose cette Aquascaphe Dual-Crown en précommande sur son site (550 euros pour une étanchéité à 200 m, un cadran très épuré, sans date, ultra-lisible dans la pénombre). La touche vintage est irrésistible : sans la lunette tournante extérieure, ce n’est pas une « plongeuse » comme les autres. Deux couleurs de cadran sont proposées : un superbe bleu soleillé ou un noir brillant. Le style Compressor de ces deux couronnes ajoute à l’élégance de ce boîtier en acier délicatement satiné de 39 mm (version en PVD noir disponible). Le mouvement est automatique, avec 42 heures de réserve de marche. On peut opter pour un bracelet en caoutchouc assorti au cadran ou un bracelet à maillons métalliques. On l’a déjà compris : cette Aquascaphe Dual-Crown sera une des « montres-outils » de l’été – celle qu’on peut emporter partout et porter sans craindre de se faire couper le bras par un malfrat…

ARNOLD & SON : Un Lune de marbre et d’étoiles…

Ne soyez pas l’imbécile qui regarde le doigt quand il faudrait regarder la Lune : cette Luna Magna de la maison horlogère suisse Arnold & Son est assez grande pour qu’on ne la manque pas – c’est même, à ce jour, la plus grande lune tridimensionnelle jamais logée dans une montre-bracelet (12 mm de diamètre, pour 44 mm de boîtier). L’exploit n’est pas mince : cette sphère disposée à six heures, sous un cadran des heures et des minutes déporté à midi, indique les différentes phases de la lune, tout au long du mois lunaire, sur un fond de ciel étoilé en verre aventuriné. La moitié de la sphère qui indique la face éclairée de la Lune est en marbre, la face obscure étant réalisée en aventurine scintillante, le tout avec une précision astronomique, puisqu’il faudra 122 ans pour que cette indication des phases de la Lune se décale d’un seul jour lunaire. Si cette Luna Magna est en série limitée, elle l’est modérément (28 pièces), de même qu’elle est modérément tarifée (environ 43 000 euros), toutes proportions gardées, pour la somme de créativité mécanique déployée pour parvenir à intégrer cette sphère lunaire dans une montre-bracelet de dimensions courantes…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté…

•••• RAKETA : on vient de fêter le soixantième anniversaire du premier homme dans l’espace – c’était le 12 avril 1961, et le lieutenant russe Youri Gagarine volait en orbite autour de la Terre. À son poignet, une solide montre Sturmanskie de fabrication soviétique, qu’on considérait jusqu’ici comme la « première-montre-dans-l’espace ». Sauf qu’on sait aujourd’hui qu’une autre montre soviétique, une Pobeda, avait fait un tour dans l’espace un mois auparavant, accrochée à la patte avant de la petite chienne noire Tchernouchka, envoyée dans l’espace pour étudier et préparer le vol habité de Gagarine. Quelle n’avait pas été la surprise de retrouver cette montre au retour sur Terre de la capsule Spoutnik 4 : c’était la montre personnelle d’un des médecins de l’équipe spatiale, qui avait voulu en tester la résistance (cette anecdote peu connue vient d’être racontée par Business Montres). L’histoire a une suite : la marque Pobeda existe toujours, en « petite sœur » de la grande manufacture russe Raketa, qui va fêter cette année les trois cents de la création de son premier atelier à Saint-Pétersbourg, en 1721 ! Raketa est aujourd’hui le partenaire horloger officiel de l’agence spatiale russe (l’équivalent de la NASA) et elle vient de lancer une montre Baïkonour avec un cadran sur vingt-quatre heures pour les cosmonautes qui n’ont pas le soleil pour repère entre le jour et la nuit (image ci-dessous). Ainsi, la boucle est bouclée : via Raketa, Pobeda, la vraie « première-monde-dans-l’espace », reste dans la course aux étoiles… •••• GUCCI : bien décidée à explorer de nouveaux univers en dehors de la mode, la maison Gucci – qui a « inventé » la montre de mode dans les années 1980 – se lance à présent dans une haute horlogerie tout de ce qu’il y a de plus suisse, avec une pincée pétillante de charme italien et une audace que les grands couturiers ont su garder quand les grands horlogers l’abandonnaient. On appréciera donc cette nouvelle G-Timeless Dancing Bees, qui marie un « tourbillon » (exercice obligatoire dès qu’on se mêle de haute mécanique) et un vibrant essaim d’abeilles qui dansent sur le cadran aux moindres mouvements du poignet (vidéo- ci-dessous) : c’est très amusant, c’est très joli et c’est très Gucci [c’est sous le signe de l’abeille, son totem identitaire, que la maison fête cette année son centième anniversaire]

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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