Quand James Bond retrouve son manguier et quand le saphir papillonne : c’est l’actualité pré-hivernale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Des aiguilles pour les heures et les minutes, mais des chiffres pour le reste (Bell & Ross)…
Des aiguilles pour les heures et les minutes, mais des chiffres pour le reste (Bell & Ross)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi des aiguilles et des ailes pour les as tricolores, un chronométrage coordonné, un bouquet de couleurs rupturistes, une Swatch papale, une grande dame en dentelles et un nouveau pôle industriel…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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FRANCK MULLER : Partant pour le pop art ?

S’il y a une maison horlogère suisse avec laquelle on ne s’ennuie jamais, c’est bien Franck Muller, la plus volontiers disruptive des « grandes marques » de haute horlogerie, celle qui a multiplié, depuis des années, les « premières mondiales » dans les mécaniques de hautes complications et celle qui détient de multiples et prestigieux « records du monde », comme, depuis 2010, celui de la montre-bracelet la plus compliquée jamais imaginée [cette Aeternitas Mega 4 compte 36 « complications »]. Alors, de temps en temps, Franck Muller se lâche et s’amuse avec les codes horlogers : voyez cette nouvelle Vanguard « squelettée » en fibres de carbone (43 mm, ça reste raisonnable), dont le mouvement, les marquages, les chiffres et les aiguilles ont été restylisées dans les « couleurs dingues » (Colour Dreams) chères à la marque ! Une telle impertinence dans le goût du pop art est assez audacieuse, mais elle est également très technique dans le traitement des « ponts » en aluminium, dans le travail du carbotech (les fibres de carbone) et dans les finitions à la main du moindre composant. Le mouvement ne propose pas moins de sept jours de réserve de marche. Un bémol à notre enthousiasme : pourquoi diable la maison Franck Muller a-t-elle réservé le rupturisme de cette Vanguard Color Dreams aux seuls marchés d’Asie du Sud-Est ? À Paris, on aime aussi ce genre de pied-de-nez aux chaisières du bon goût horloger…

ARTYA : Les beaux-arts du nanosaphir…

Autre marque indépendante dénuée de tout complexe vis-à-vis d’une tradition horlogère souvent beaucoup trop compassée : ArtyA (pour « Art » et « YA », les initiales de l’infatigable et toujours rebondissant Yvan Arpa. Cet atelier créatif n’en rate pas une dès qu’il s’agit d’exprimer des nouvelles idées. Cette fois, Yvan Arpa a réussi à coloriser dans la masse des boîtiers en verre saphir : son Nanosphir combine des oxydes naturels [ceux qu’on retrouve dans les pierres précieuses de différentes couleurs] pour en faire un nouveau matériau que sa dureté, nettement supérieure à celle du verre, rend extraordinaire difficile à travailler, mais les boîtiers horlogers bicolores qu’on en tire savent faire chatoyer leurs couleurs en fonction de la lumière. Tous les mariages chromatiques deviennent possibles, des plus baroques aux plus inattendus – le tout pour y loger des mouvements mécaniques soigneusement retravaillés, pour y mettre en valeur des complications horlogères de très haut niveau (tourbillon deux axes, répétition minutes, etc.) ou pour y créer des expressions esthétiques originales à base d’éléments naturels (comme des ailes de papillon). Grâce à ce Nanosaphir bicolore teinté dans la masse [une « première mondiale » dans les beaux-arts de l’horlogerie], chaque montre est une pièce unique aux variations chromatiques singulières…

YEMA : Chronométrage coordonné…

En piste pour s’installer sur la première marche du podium des meilleures marques tricolores, la maison indépendante Yema « laboure et prend de la peine » [merci, M. de La Fontaine] parce que c’est son « fonds qui manque le moins ». Comprenez par là que la marque, en plus de d’ingénier à créer les classiques de demain [voir la nouvelle Wristmaster dont nous parlions la semaine dernière], exploite avec bonheur son fonds patrimonial : elle vient par exemple d’y retrouver la légendaire Navygraf pour la relancer dans une intéressante version chronographe automatique à mouvement suisse (Valjoux) et l’agrément supplémentaire d’une lunette UTC. Avec cette Navygraf Chrono UTC, on reste en effet dans les canons du « sport chic » contemporain (boîtier de 40 mm et bracelet en acier, verre saphir bombé, cadran fonctionnel à trois compteurs, Super-Luminova partout), mais avec les touches jaunes de l’identité Navygraf et une lunette tournante graduée sur douze heures qui permet le repérage élémentaire d’un second fuseau horaire (c’est le secret UTC de ce chronographe : UTC pour Universal Time Coordinated, « temps universel coordonné » en globish). Le tout étanche à 100 m. Quand les Français prennent la peine de faire des belles montres, elles sont belles ! Et quand ils les proposent à moins de 2 000 euros (bracelet acier, cuir ou caoutchouc), elles sont irrésistibles…

OMEGA : Double O Seven (à prononcer avec l’accent)…

Un sacré fantaisiste, ce commander Bond, James Bond comme il aime le préciser : depuis soixante ans qu’il hante le grand écran, le personnage né dans les romans de Ian Fleming a porté une bonne douzaine de marques de montres [à commencer par Rolex : en 1962, on ne parlait pas de « placement » et Sean Connery portait la Submariner personnelle du producteur du film James Bond contre Dr No, Albert Broccoli]. Depuis 1995 (GoldenEye), James Bond reste fidèle à la Seamaster d’Omega, manufacture suisse qui le lui rend bien en aidant l’agent secret 007 à souffler les soixante bougies de son anniversaire cinématographique. Deux nouvelles Seamaster sont dédiées au commander Bond pour ce 60e anniversaire, dont une spectaculaire Seamaster Diver 300M Canopus Gold, ce canopus gold étant un alliage exclusif d’or blanc créé spécialement pour Omega. Le cadran est en silicium gris naturel, comme pour évoquer les plages des Caraïbes – celles où l’apparition d’Ursula Andress en bikini blanc a ému tant d’adolescents en 1962 (c’était dans James Bond contre Dr No). C’est en hommage au drapeau jamaïcain, pavillon national des plages de GoldenEye, que la lunette est sertie de diamants naturels traités en vert et jaune pour évoquer les jungles tropicales. Alors que le cadran « métallisé » évoque le paillage moiré d’une météorite, le fond de cette Seamaster est gravé de la silhouette de James Bond telle qu’elle apparaît dans le générique de ses films, sur fond de rayures du canon d’une arme à feu, ce qui crée un effet hypnotique avec le rotor du mouvement automatique. Pour compléter le tableau, l’écrin de la montre est en bis de manguier – encore un clin d’œil à Ursula Andress, qui nous chantait « Underneath the mango tree » avant de dégainer son poignard de plongée. Si vous avez un problème de smoking, Omega vous propose en prime, pour ce soixantième anniversaire, des boutons de manchette gravés « 007 »…

BELL & ROSS : Des aiguilles et des ailes…

Si la Patrouille de France porte sur ses ailes, à travers le monde, tout le prestige de l’aéronautique française, il faut savoir que les poignets de ses pilotes sont occupés par des montres Bell & Ross spécialement développées pour cette formation acrobatique, une des trois plus prestigieuses du monde. La nouvelle BR 03 Type A Patrouille de France reprend, dans le fameux « boîtier BR » [un rond dans le carré, ou l’inverse], un double affichage analogique – les aiguilles – et digital – les chiffres affichés dans les deux guichets numériques, le mouvement à quartz permettant d’animer d’autres fonctions comme le décompte des secondes, le double fuseau horaire, la date, le chronographe au centième de seconde, le compte à rebours ou l’alarme. La lunette tournante graduée permet également de mémoriser des repères dans la mesure des temps courts. Il n’y aura qu’une centaine de montres produites dans cette série (ci-dessous, sur le casque officiel des « chevaliers du ciel »), chacune ornée de l’emblème de cette formation, alors que chaque pilote de la Patrouille de France recevra la sienne gravée à son nom. Marque tricolore au plus profond de son âme et de son style esthétique, Bell & Ross n’oublie pas ses racines – et encore moins ses ailes !

BON À SAVOIR : en vrac, en bref et en toute liberté…

•••• SWATCH : vous pouvez vous offrir la Swatch du pape François – pas une Swatch comme les autres, mais la sienne. Elle est mise aux enchères par une fondation charitable américaine, avec un certificat d’authenticité tout ce qu’il y a de plus officiel signé par le secrétaire particulier du Saint-Père, qu’on découvre porteur de cette montre sur de nombreuses photos. Jusqu’ici, les papes nous avaient plutôt habitués à porter des Rolex, la manufacture de Genève ayant même travaillé pour son modèle Day-Date un disque des jours de la semaine en latin (Lunaes, Martis, Mercurii, etc.). Sous le marteau de l’étude américaine Rago Arts (lot n° 148 de la vente du 30 novembre), l’adjudication – sans prix de réserve – pourrait avoisiner les 100 000 dollars, les enchères en ligne atteignant déjà les 32 000 dollars… •••• ROLEX : la célèbre marque à la couronne, qui compte déjà plusieurs pôles industriels en Suisse et qui y emploie 9 000 personnes, s’apprête à ouvrir un nouveau site horloger dans la région de Fribourg, pour y créer 2 000 nouveaux emplois. De quoi augmenter encore le volume de production d’une marque qui met chaque année en vente à peu près 1,2 million de montres… •••• VACHERON CONSTANTIN : tout est bon pour inspirer les créateurs de l’horlogerie, même la dentelle ! La nouvelle collection Égérie de Vacheron Constantin fait ainsi dialoguer plusieurs métiers d’art – certaiçns traditionnels dans l’horlogerie, comme la gravure, l’émaillage ou le sertissage (en plus d’une mécanique qui donne l’heur en y ajoutant les phases de la Lune), mais aussi l’étonnante dentelle artisanale de Burano, retravaillée en fils d’or blanc, guère plus épais qu’un cil, qui dessinent sur la montre une précieuse guipure sertie de diamants (ci-dessous : la montre ne compte pas moins de 585 diamants !). Frémissante de féminité, cette Égérie Creative Edition est tout simplement un magnifique chef-d’œuvre…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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