Mondialisation, emploi et protection : les enjeux de 2012<!-- --> | Atlantico.fr
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Des employés de FAM Automobiles travaillent à la construction d'une voiture électrique à Etupes près de Montbéliard.
Des employés de FAM Automobiles travaillent à la construction d'une voiture électrique à Etupes près de Montbéliard.
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"Politico Scanner"

Jamais ces dernières années, l’économie n’avait connu autant de crises à résonance internationale et mondiale. Dans ce contexte, il apparaît intéressant de se demander dans quelle mesure les turbulences du système capitaliste ont impacté les opinions publiques. Réponse en chiffres et en sondages.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Crise financière, crise des subprimes, crise de l’euro, plans de sauvegarde, plans de relance, plans de rigueur, récession, … le vocabulaire s’est considérablement enrichi de termes qui ont trait à la dégradation de l’économie de marché, telle que nous la connaissons dans les pays dits de la « vieille Europe ».

Les salariés Français, la mondialisation et l’emploi

Les enseignements d’une dernière étude SOFRES (juin 2011) se révèlent très riches et peuvent parfois aller à l’encontre des idées reçues sur la mondialisation. Il faut en retenir que la perception est très majoritairement négative sur les thématiques qui touchent de près les salariés (les conditions de travail ou les emplois en France), et beaucoup plus positive sur des sujets plus larges et plus « lointains » tels que la croissance des pays en développement ou les entreprises en général.

Perception de la mondialisation

De manière globale, les salariés ont une vision très partagée de la mondialisation de l’économie : 48% estiment que c’est une bonne chose, tandis que 52% tendent à penser que c’est une mauvaise chose. Les réponses « extrêmes » sont minoritaires mais plutôt négatives : si 9% estiment que la mondialisation est « une très mauvaise chose », 4% seulement jugent à l’inverse qu’il s’agit d’ « une très bonne chose ».

Au global, quand leur est posée la question de savoir si la mondialisation est une opportunité pour les entreprises françaises grâce à l’ouverture des marchés ou une menace pour l’emploi et les entreprises, les deux tiers des salariés estiment que la mondialisation est une menace pour l’emploi et les entreprises en France. Même les cadres et les titulaires d’un diplôme de 3ème cycle, s’ils restent plus positifs que les autres, sont très partagés sur la question : 48% des cadres et 43% des diplômés du 3ème cycle considèrent que la mondialisation est une menacepour l’emploi et les entreprises en France.

Les mesures plébiscitées pour lutter contre les effets négatifs
de la mondialisation sont avant tout offensives

Lorsqu’il est demandé aux salariés de juger l’efficacité d’un certain nombre de mesures pour lutter contre les effets négatifs de la mondialisation, les mesures jugées les plus efficaces sont aussi les plus offensives : la mesure la plus efficace consiste selon les salariés français à développer de nouvelles productions moins concurrencées par les producteurs étrangers (80%). Les autres propositions pour lutter contre les effets négatifs de la mondialisation suivent, à un niveau très semblable : améliorer la qualification des salariés par la formation (75%) ; mettre en place un socle universel de protection sociale (74%) ; réaliser des investissements pour réduire les coûts de production (73%) ; baisser le coût du travail en réduisant les charges sociales (71%).

La logique protectionniste semble moins convaincante, même si 61% des salariés jugeraient des mesures protectionnistes efficaces ! Assez logiquement, dans le détail, on note que les ouvriers valorisent davantage les mesures protectionnistes que les cadres (à 67% contre 44%).

Les salariés français sont donc essentiellement dans une logique volontariste, ce qui semble aller à l’encontre de l’image que peut avoir la France aux yeux des autres pays.

Les Français et le protectionnisme

Pour  l’association « Manifeste pour un débat sur le libre-échange », l’institut Ifop réalisait du 17 au 19 mai 2011 une large enquête sur les thèmes du protectionnisme et du libre-échange. Principales informations, 84% des sondés estiment que l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays comme la Chine ou l’Inde a eu des effets négatifs sur l’emploi, 70% sont défavorables à la faible taxation de produits importés de ces mêmes pays, et 65% émettent le souhait d’une augmentation de ces taxes. Aussi, près de deux Français interrogés sur trois considèrent que l’ouverture économique des frontières et le montant des droits de douane devront constituer un sujet important dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012.

De l’ouverture des frontières

Alors que seules quelques voix politiques revendiquent clairement la mise en place d’un protectionnisme économique, l’échiquier politique français est encore loin de faire du libre-échange le bouc émissaire de la crise. De quoi rassurer les Français ? Pas si sûr. En effet, le jugement porté à l’égard des conséquences de l’ouverture des frontières sur l’économie française est très négatif. Principales préoccupations des Français, le pouvoir d’achat et la sensation d’être pénalisé par le système actuel se retrouvent dans les chiffres. Pour 57% des Français, l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays émergents (exemple de la Chine et de l’Inde) et l’ouverture de ces pays aux produits français a conduit à des conséquences négatives concernant le prix des produits de consommation en France. Seuls 4% y voient des conséquences très positives. Les sondés sont également 73% à estimer que cette ouverture aggrave les déficits publics de la France, 78% que celle-ci affecte le niveau des salaires et 84% que l’ouverture des frontières françaises et européennes aux marchandises étrangères pénalise l’emploi dont 48% de façon très marquée.

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De l’augmentation des droits de douane

Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant de voir que l’opinion se prononce majoritairement pour l’augmentation des barrières douanières, à 65% (71% chez les sympathisants PS, 75% chez les sympathisants UMP et 61% chez les proches du Front National). Ces résultats ne sont pas sans rappeler l’une des mesures phares du projet socialiste (cf PS/UMP, le match des programmes) Pour rappel l’augmentation des droits de douanes pour les marchandises ne respectant pas les règles sociales ou environnementales, recueillait 51% de jugement« très favorable » et même 93% d’adhésion globale. La rue de Solférino recevait à ce titre l’assentiment de l’ensemble des sympathisants des formations politiques : de 98% auprès des sympathisants du NPA à 88% parmi ceux du FN, en passant par 94% au PS, 98% au Modem ou encore 95% à l’UMP, des générations : 88% d’adhésion chez les 18-24 ans et 96% auprès des seniors comme des catégories socioprofessionnelles unanimes : 87% chez les ouvriers,95% parmi les classes moyennes ou 96% auprès des professions libérales…

Élever les barrières douanières mais pour quels avantages ? Pour les Français, la protection du savoir-faire français serait le premier domaine à profiter de conséquences positives (59%). Suivrait l’activité des entreprises françaises du secteur de l’industrie (57%) devant l’emploi en France (55%) - toujours dans le podium des préoccupations principales des Français – ou encore la croissance économique en France (50%).

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Au final, les Français attendent des réponses fortes et concrètes des responsables publics sur la thématique de la mondialisation, enjeu essentiel à leurs yeux et qui recouvre de très nombreuses préoccupations : les délocalisations, la justice sociale, la politique industrielle, le rapport à l’agriculture, les flux migratoires, l’Union européenne, la compétitivité de nos entreprises,…

Sur ces questions-là, les candidats à l’Elysée devront présenter à la fois :

- des solutions protectrices dans un monde instable,

- et une vision audacieuse dans un monde qui change.

La campagne présidentielle ne pourra être menée sans prendre en compte l’exceptionnelle attente des Français relative à la régulation de la mondialisation.

Guillaume Peltier pour La Lettre de l'opinion

Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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