La diversion, c'est maintenant ! Après le mariage pour tous, quels seront les prochains pièges tendus par Hollande et Ayrault à l'opposition ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette semaine, Serge Federbusch revient sur la manifestation contre le mariage homosexuel qui s'est tenue se weekend à Paris.
Cette semaine, Serge Federbusch revient sur la manifestation contre le mariage homosexuel qui s'est tenue se weekend à Paris.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Serge Federbusch revient sur la manifestation contre le mariage homosexuel qui s'est tenue ce weekend à Paris.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Une manifestation pour rien ?

L’arsenal propagandiste des grands jours a été utilisé pour discréditer la "manifestation pour tous" : chiffres préfectoraux grossièrement minorés, petite phrase d’un benêt - comparant Hollande à Hitler - montée en épingle pour tenter de faire oublier la discipline de fer imposée aux slogans, amalgame permanent entre homophobie et hostilité au mariage homosexuel et même... comparaison avec ceux qui naguère s’opposaient aux unions inter-raciales !

Les participants aux immenses défilés de dimanche dernier ont pu expérimenter ce que bien d’autres manifestants ont vécu avant eux : la transformation de la force ressentie dans ces moments d’affirmation collective en une rage de voir à quel point elle est méprisée par un pouvoir décidé à n’en tenir aucun compte.

Dans le cas de la "manifestation pour tous", ce sentiment peut se doubler de celui d’une manipulation. Tout ce débat n’a en effet d’autre objet, pour un François Hollande qui ne croit pas plus à la "cause" homosexuelle qu’à aucune autre, que de créer un dérivatif à l’attention portée à la crise économique et à la montée du chômage. Plus les opposants au mariage homo manifestent, plus ils aident Hollande à se faire une image d’inflexibilité. Lui qui subit depuis des années le soupçon de faiblesse, s’offre à bon compte les habits neufs de la résolution. Au parlement, il ne craint rien ; dans les médias pas grand chose et, dans la rue, il compte sur la tendance du "peuple de droite" à respecter l’ordre pour qu’aucun débordement fâcheux ne vienne démentir définitivement la fiction du président qui apaise.

Pour peu que l’intervention au Mali et la coïncidence curieuse d’une action de commandos en Somalie s’en mêlent et Mou-Président pouvait espérer gagner ses galons de gros dur. Etait-on à la veille d’une contre-offensive politique ?

Las ! Le commando envoyé pour libérer un otage français a échoué, ayant été repéré du fait du bruit de ses hélicoptères (?!).Tout cela ressemble davantage à une action à la Carter en Iran qu’à la Obama au Pakistan. En lieu et place de mâles affirmations sur la mue d’un chef d’Etat en chef de guerre, on a désormais droit à un silence gêné sur les risques inhérents à ce type d’opération. A quand la Commission d’enquête parlementaire que la gauche n’aurait pas manqué de réclamer du temps de Sarkozy ?

Quant à l’offensive au Mali, dont les justifications officielles sont peu ou prou à l’opposé de ce qu’Hollande a dit pour retirer les forces françaises d’Afghanistan, elle court le risque d’un bourbier où nous nous engageons seuls. Gageons que Super-Normal, redevenu plus précautionneux que jamais, saisira la première occasion pour déclarer que nous avons atteint nos buts de guerre et s’en ira, laissant derrière lui une offensive "islamiste" prête à ressurgir.

Quoi qu’il advienne des effets fugaces de ces martiales entreprises, la "manif pour tous" aura eu le mérite de réveiller une partie des opposants au régime rose. Certains, qui se sont abstenus lors des dernières élections, comprennent, mais un peu tard, l’étendue de leur erreur. Au même moment, face à la montée inexorable du chômage prévue par l’Unedic, les subterfuges "hollandais" arrivent droit sur le mur des réalités.

Que faire alors, se demande déjà notre président ? Quelle autre parade, quelle nouvelle échappatoire inventer ? Des bribes de réponse, contenus dans des confidentiels du "Canard Enchaîné" ou des petites phrases de ministres, nous donnent une idée des prochains pièges tendus à l’opposition …

2 - Referendum sur le cumul des mandats et/ou quitte ou double européen ?

Hollande envisage, selon un volatile caquetant dans la presse le même jour qu’éclot un Pot-aux-Roses sur Atlantico, un referendum sur les institutions.

A la réflexion en effet, un bon petit piège sur la question du cumul des mandats par exemple serait idéal.

Les Français n’aiment guère leur nouveau président mais ils détestent encore plus les cumulards de la politique. En sacrifier quelques uns en se faisant passer pour un réformateur serait un bon calcul. D’autant que la droite irait en ordre dispersé, par conviction ou par crainte de renforcer l’exécutif en appelant à voter selon ses souhaits. Jouer des divisions et des désordres du camp adverse est la méthode favorite de l’ancien Premier secrétaire du parti socialiste, un homme qui ne prospère que sur les échecs des autres. A l’Elysée, il n’a pas changé. Après le débat monté en épingle sur le mariage homosexuel, pareil referendum serait un leurre idéal pour distraire l’opinion jusqu’à la fin 2013, en espérant que la reprise économique ait lieu d’ici là.

Autre sujet possible, si la crise s’accentue après 2013 : imiter les Anglais et provoquer sous un prétexte quelconque un débat sur l’Europe, en espérant gagner les centristes et faire exploser la droite. Ce jeu serait naturellement beaucoup plus périlleux encore et presque assimilable à la réunion des Etats-Généraux par Louis XVI. Mais, dos au mur, il n’y aurait guère le choix ...

A ce propos, on savourera une phrase de Michel Sapin pour qui : "Il n’y a pas de raison de recourir au référendum quand on a une majorité au Parlement". Cette lecture hérétique de la Constitution de 1958, qui prévoit justement deux modes concurrents d’adoption des lois, donne au référendum un aspect de quitte ou double, reflet du trouble actuel de la majorité. Il est un moment où la prudence excessive et les calculs alambiqués conduisent à la témérité. Nous n’en sommes plus très loin.

3 - Un léger aléa de 3, 5 milliards d’euros ...

Le déficit budgétaire s’élève finalement en 2012 à 87,2 milliards d’euros, soit un milliard de plus que prévu ce qui, nous dit Bercy, est un "léger aléa baissier" dû à une réduction des recettes de TVA. Au même moment, nous apprenons que la diminution inespérée des taux d’intérêt payés par la France a fait économiser 2, 5 milliards d’euros au Trésor public. Ainsi, la détérioration observée sur les dépenses et recettes autres que la charge des intérêts se monte en réalité à 4 % du déficit initialement prévu, ce qui fait beaucoup pour un "léger aléa".

Comme, du fait de la stagnation du PIB et du décalage dans les encaissements d’impôt sur les sociétés et sur le revenu, les ressources de l’Etat vont être en berne dans les mois qui viennent, le problème du déficit va mécaniquement s’accentuer. Mais, de cela, le communiqué de presse du ministère des finances ne parle pas.

Tout aussi inquiétant est le discours officiel sur les économies budgétaires, le gouvernement se vantant d’avoir réduit les dépenses de 300 millions d’euros, sachant que cela reflète surtout le reflux des taux d’intérêt et l’annulation d’investissements prévus sous Sarkozy. Décidément, s’il n’y avait pas l’aide providentielle de l’affreux monde de la finance, Hollande n’aurait rien de positif à annoncer à ses compatriotes.

Quand on sait que 60 milliards d’économies sont promis entre 2013 et 2017, 200 fois plus que ce qui a été fait en 2012, on mesure l’immensité du saut budgétaire à accomplir, qui n’a rien d’un léger aléa.

4 - Livret Ah, Ah, Ah !

En décembre, le plafond de dépôt sur le livret A passe de 15 300 euros à 22 950 euros. C’est ce qu’on appelle un "coup de pouce", vanté dans les médias. En janvier, sa rémunération annuelle baisse de 2, 25 à 1, 75 %. Bilan du socialisme ennemi de la finance et ami de l’épargne populaire : 344, 25 euros d’intérêts pour 15 300 euros de dépôts avant ; 401 euros pour 22 950 euros après.

Donc, 7 650 euros de dépôts supplémentaires rapporteront 56, 75 euros d’intérêts, ce qui représente une rémunération nette de 0,74 %.

Le diable se cache dans les détails, le vrai visage d’une présidence normale aussi.

5 - Future réconciliation des éléphants avec le PS ?

Longtemps ulcérés que leur nom ait été associé aux hiérarques socialistes, les éléphants seraient sur le point de pardonner. L’intervention du président lui-même, réclamant un nouvel examen du dossier de l’abattage de deux malheureuses bêtes atteintes de tuberculose, les aurait réconciliés avec la gauche. Cette affaire a deux mérites : d’une part, elle démontre que ces pachydermes ont plus de poids que 800 000 manifestants pour faire bouger l’exécutif ; d’autre part, elle prouve sans ambiguïté que le charme de Bardot agit plus que celui de Depardieu sur notre président. En voilà un que le mariage homo ne tentera pas !

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