L’Obs voit les musulmans partir, L'Express la France plombée par la dette, Le Point par les normes; Le pétrole survit, Draghi resurgit, Von der Leyen faiblit; LR se console en voyant Reconquête, Le Maire joue au Caliméro, Darmanin à l’amnésique<!-- --> | Atlantico.fr
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Les couvertures des hebdomadaires du 25 avril 2024.
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Revue de presse des hebdos

Dans vos hebdos cette semaine : dans le Nouvel Obs, les Français musulmans seraient 200 000 expatriés, victimes d’un plafond de verre dans leur carrière - malgré leur réussite scolaire, mais aussi d’une “islamophobie d’atmosphère”, ces petites phrases stigmatisantes qu’ils ressentent comme un “déni de francité”, même si elles veulent saluer la réussite de leur intégration. Au point de se sentir plus français depuis qu’ils vivent à l’étranger. En contrepoint, le cri des deux exilés Abnousse Shalmani et Kamel Daoud dans Le Point : “si vous ne voulez pas de ce pays, on est preneurs !” Une ode à la laïcité à la française, qui déchaîne les crispations. Mais “tant qu’on sera mal vus, mal regardés par ces deux pôles – les identitaires déclinistes et les gauchistes –, on restera, on est libres.” Une liberté qu’ils reconnaissent pour ce qu’elle est : inconfortable, exigeante. Et manifestement introuvable en France pour certains.

Alice Maindron

Alice Maindron

Alice Maindron a enseigné la philosophie à vos chères têtes blondes, et a sévi dans le conseil et la formation. 

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Halte à la censure !

Entre retrait des publicités du livre Transmania et l’annulation des conférences de La France insoumise à Lille, les menaces pour la liberté d’expression “illustrent un appétit d’interdictions frénétiques” aux yeux de Marianne. “Le danger touche tous les bords politiques” : Transmania, c’est pour la mairie de Paris un délit de transophobie. Marianne cherche pourtant encore à “en extraire un quelconque appel à la violence ou à la discrimination”... Chez LFI, il s’est agi d’interdire un “meeting politique déguisé en conférence aux relents antisionistes”, à l’Université (on peut comprendre), mais aussi dans une salle privée. L’arroseur arrosé sans doute, tant la gauche radicale a “bâillonné les points de vue” ces derniers temps. “Chaque point de vue un tant soit peu affirmé fait l’objet d’appels à la censure”, déplore l’hebdo, avec leur cortège de menaces, d’intimidation, de mise à l’index, même de la part de “belles âmes outrées” rejointes par des arrêtés préfectoraux “brandissant la notion floue de « troubles à l’ordre public »”, et applaudis “dans les rangs de la majorité prétendument libérale”...

Après l'islamo-gauchisme, l'islamo-droitisme : Reconquête! a présenté lors d'une conférence de presse un dossier de 33 pages “ciblant les Républicains et leurs “ compromissions” sur l'islamisme”, nous apprend Valeurs actuelles. Sa cellule “riposte” dénonce la défense du port du voile à l'université par Pécresse, les maires qui ont participé à une prière de l'Aïd. Ambiance Vichy…

Pas sûr d'ailleurs que le parti y gagne, et LR se frotte les mains, nous apprend l’Express : pour un cadre Républicain, "leur seule planche de salut est de faire plus de 5 %. Ils la sabotent en se querellant de l’intérieur". Marion Maréchal et Eric Zemmour ne cachent pas leurs désaccords, et “le chef de file de LR François-Xavier Bellamy dépeint en privé une campagne proche de la catastrophe.” 

Cette si chère dette…

“En matière de finances publiques, Emmanuel Macron a fauté.” C’est net, et c’est ainsi que l’Express formule son verdict. Erreurs, rêves d’argent gratuit, addiction au “quoi qu’il en coûte. Avec un brin de lyrisme : “et voici le Mozart de la finance métamorphosé en David Copperfield de la dette” :  1000 milliards d’euros de dette en plus en 5 ans, “une dérive inédite en un laps de temps aussi court.” En cause, selon l’hebdo, éclairé par un collectif de hauts fonctionnaires et d’anciens cadres de Bercy, pas seulement la conjoncture : l’examen des différents projets de loi de finances leur fait conclure que “le déficit public 2023, de 100 milliards d’euros supérieur à celui de 2018, s’explique essentiellement par la permanence des déficits des régimes sociaux et par des interventions nouvelles, hors dépenses de crise” (qui ne sont responsables que d’un tiers des dépenses nouvelles). Les déficits sont dus aux baisses d’impôts et de cotisations accordés depuis 2018.

Le plan de redressement de Bercy est parfait… sur le papier : “on nous annonce un ajustement budgétaire sans effet sur la croissance. Mieux, elle accélérerait, atteignant 1,8 % en 2027, décortique Eric Heyer, le directeur du département analyse de l’OFCE. Ce n’est pas très crédible” dans une conjoncture mondiale morose. Quant au “coup de rabot”, c’est le Haut Conseil des finances publiques qui le descend : “un tel effort n’a jamais été réalisé par le passé et sa documentation reste à ce stade lacunaire”. L’hebdo se veut rassurant quant à une possible crise des dettes souveraines : la BCE veille au grain, mais pas si un RN au pouvoir en 2027 veut mettre en oeuvre un départ à la retraite à 60 ans… et connaîtrait le même sort que Liz Truss au Royaume-Uni. 

Olivier Marleix, président du groupe LR de l’assemblée, a confié à Philippe Juvin la présidence d’une commission d’enquête parlementaire sur les raisons de l’aggravation de la dette sous Emmanuel Macron. pour aboutir aux mêmes conclusions que le haut-fonctionnaire Jean Peyrelevade, pour qui “tout vient du système de retraites de la fonction publique” ? 0,9 cotisant pour un retraité, qui ne finance que 25% des dépenses annuelles, un solde de 70 milliards pas affecté, donc un déficit que l’Etat doit financer. “Coïncidence encore plus grave, ce chiffre est à peu près de l’ordre de grandeur du déficit public hors charges de la dette.”

Le Nouvel Obs nous raconte comment, entre temps, Olivier Marleix n’a pas raté Thomas Cazenave, le ministre délégué aux Comptes publics : il “ne semblait en effet pas être au courant que l’Etat venait d’engranger 7,5 milliards d’euros de rentrées fiscales exceptionnelles dues à un décalage « technique et provisoire » des encaissements de la TVA, entre février 2023 et février 2024. « C’est notre députée Véronique Louwagie qui avait dégoté cette information sur le site officiel du gouvernement. Mais Cazenave a semblé tomber des nues”.

Dans le viseur de Bercy, Business France, l’opérateur chargé du développement international des entreprises françaises. Mauvaise idée pour l’hebdo, pour qui ses 110 millions d’euros de budget est “l’un des meilleurs leviers de la dépense publique pour générer de la croissance” : “le nombre d’entreprises exportatrices est passé de 125 000 en 2017 à 144 000 en 2023. Elles ont généré 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, contre 1,8 milliard d’euros en 2022.” Réduire son budget est donc une fausse bonne idée, d’autant que Business France a signé son contrat d’objectifs avec l’Etat en octobre. De quoi faire hurler la députée LR Véronique Louwagie, vice-présidente de la commission des finances : “c’est à ce moment-là que les pouvoirs publics doivent se poser la question de la revue des dépenses, pas après". L’hebdo se risque à une hypothèse : toucher à cette agence, c’est signifier aussi aux deux autres ministères de tutelle de l’agence, l’Aménagement des territoires et les Affaires étrangères, que le temps des économies est arrivé… 

Le Maire fait son Caliméro

La baisse des dépenses publiques est aussi impopulaire auprès des français que du gouvernement ; une occasion en or pour se payer la tête du ministre de l’Economie. Attal ne s’en prive pas, qui en février “confie à Eric Ciotti ses doutes sur la loyauté de son ministre.” Et critique l’énervement de ce dernier à l’assemblée, contre la droite, qu’il perçoit, rapporte l’Express, comme une manœuvre pour la pousser à la censure. Car Attel comme Macron ont refusé catégoriquement, par crainte d’une motion de censure, de présenter un projet de loi de finances rectificative cher à BLM…

L’une de leurs collègues considère que "chacun raisonne selon ses contraintes et ses intérêts"... Et le ministre de l’Economie a décrété depuis longtemps la fin du “quoi qu’il en coûte”, sans pour autant, déjà sous Castex et Borne, être entendu. De quoi se camper dans sa rigueur,contre vents et marées: “il était solidaire de la ligne. Soit c’était trop grave et il fallait partir. Soit il est en phase avec, et il en est coresponsable. Il cherche un entre-deux, mais ne le trouve pas,” juge un ancien ministre. Pourtant, il le dit lui-même : “Macron, tout le monde me dit qu’il ne m’aime pas, que je l’agace, pourtant à chaque fois qu’il remanie, il me conforte et me promeut.” Entre deux perfidies présidentielles distillées dans les médias, le "Saint-Just des finances publiques" selon l’entourage macronien, tient toujours malgré l’agacement présidentiel, qui l’accuse d’en faire trop. “Un fusible contraint au silence ?” se demande l’hebdo. En tout cas, “un sentiment d’injustice étreint ses soutiens”, mais un ministre estime que “BLM se sent très libre. Est-ce lié à Attal, ou au second quinquennat ? Sûrement un mélange de tout cela. On a une durée de vie plus limitée que dans tous les autres gouvernements. Soit cela paralyse, soit on se sent plus libre de faire de la politique.” Car pour lui, “la clé de 2027 ne réside pas tant dans une opposition au chef de l’Etat qu’un détachement avec sa personne. Que l’expérience sera une valeur décisive pour emporter la mise face à Marine Le Pen.”

Un détachement sans trop se forcer : le Nouvel Obs nous apprend que les relations sont tendues depuis 2017. “Le président n’a jamais été en confiance avec lui.” Trop semblables, “sauf que Macron ne se considère pas du tout comme Le Maire” mais “plus le temps passe, selon un député, plus “BLM” est devenu indispensable”. 

Draghi in, Von der Leyen out

La présidente de la Commission européenne est sur la sellette, alors que son mandat s’achèvera en juin : “ses prises de position atlantistes ou pro-israéliennes font grincer des dents sur le continent tout comme sa gouvernance, jugée trop solitaire”, lit-on dans l’Express. Son parti, le PPE, peine à la suivre, à cause du Pacte vert pour l’environnement. Et, comme souvent, elle est aussi empêtrée dans le “Piepergate”, du nom de son compatriote - et camarade de parti- eurodéputé, nommé au poste lucratif d’envoyé de l’Union européenne pour les PME. Du favoritisme, au yeux de Thierry Breton. L’Express met un billet sur Mario Draghi, qui aurait les faveurs de Macron, et a pour lui son sauvetage de l’euro en 2012, quand il était à la tête de la BCE. Mais “”les dirigeants ne nommeront jamais quelqu’un qui pense par lui-même”, tente néanmoins de se rassurer un autre membre” du parti de VDL. De quoi nous inquiéter, au contraire.

Nicolas Baverez dans le Point considère qu’il est “le seul homme d’État en Europe qui peut permettre à l’Union de relever les défis existentiels qui se présentent devant elle.” Et descend Ursula, “qui, comme Angela Merkel en son temps, se signale par un défaut de vision et une absence de stratégie” à la tête d’une Europe dont “l’ambition se résume à son élargissement à 35 pays en 2030, qui, déconnecté de tout projet politique, est devenu sa propre fin”. 

La laïcité, c’est pour tout le monde !
Dans Marianne, c’est Meyer Habib qui est aligné : le député franco-israélien, censé représenter tous les français de l’étranger, c’est “une vie au service du fanatisme”. Et n’allez pas taxer Marianne d’antisémitisme : “nous ne reprochons pas à Meyer Habib d’avoir une identité, mais d’être un identitaire. Un député de la nation promettant de siéger «au nom de la Torah», c’est non.”

Pire, “il traite ses collègues de l’Assemblée de « petites connes », parle de la population de Gaza comme d’un « cancer » sur Radio J, ou participe à l’intimidation du socialiste Jérôme Guedj, tandis que ce dernier défend notre “commune humanité” à la tribune d’un rassemblement pour la libération des otages du Hamas.” Et l’hebdo de rappeler qu’il est issu d’un  mouvement de jeunesse sioniste radical, le Betar, “au sein duquel Meyer Habib faisait le coup de main dans ses jeunes années.”

Et n’allez pas taxer Marianne d’antisémitisme : “soyons clairs : sa gueule et sa kippa, ici, nous n’en avons rien à faire, tant qu’il n’arbore pas cette dernière dans les couloirs de l’Assemblée nationale, comme il le fit en 2016.”

La Macronie à cheval entre deux mondes

Le communicant Clément Léonarduzzi est, pour le Nouvel Obs, l’emblème de cette position acrobatique : l’ex-« spin doctor » de Macron à l’Elysée est à la tête de Publicis Consultants. “Un pied dans le privé, mais l’autre toujours à l’Elysée, comme le symbole d’une macronie à cheval entre deux mondes.” Il conseille le patron de Total, Bernard Arnault, mais aussi la patronne d’Orange, tout en travaillant dans l’ombre en politique, depuis la présidentielle de 2022, où il était “conseiller spécial... “a tête dans la zone grise du mélange des genres.” On lui doit les interventions « performatives », ciblées pour parler au bon moment avec le bon public : sur YouTube, chez McFly et Carlito, mais aussi, selon l’hebdo “une campagne de dénigrement dans la presse contre le cerveau droit du président”, Alexis Kohler, qui n’appréciait pas ses méthodes. Une “lutte usante”, et perdue.

Depuis son retour aux affaires, il vend aussi bien ses compétences que son carnet d’adresses. Et, “à l’heure où on prête au président le pouvoir de tout faire, Clément, c’est aussi l’assurance d’une ligne directe avec Emmanuel Macron”, selon un de ses clients. En dépit de l’interdiction de “toute démarche auprès des membres du cabinet du président”, émise par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique. Il insiste : “il ne fait pas de lobbying ni d’affaires publiques, mais du conseil aux dirigeants. Ce qui l’exonère sur le papier des risques de conflit d’intérêts”... Lui a succédé finalement le père de sa filleule. Il participe à des réunions stratégiques à l’Elysée, atteste Bruno Roger-Petit, conseiller à l’Elysée : “il est consulté avant chaque intervention à la télévision : comment faire, avec qui, pour quel objectif. Il est toujours dans la boucle.” 

Pour un de ses (ex-?) proches, “le matin à l’Elysée, l’après-midi à signer des contrats avec des clients. C’est le pire de la macronie des affaires, celle qui vit à cheval entre les deux mondes.” d’autant que ses méthodes brutales, quitte à bluffer, à berner la presse, lui valent le surnom de “boucher” chez les macronistes. 

Energies vertes contre pétroliers

Les nouveaux projets pétroliers et gaziers, qu’on croyait mis à mal par le réchauffement climatique et par le tarissement des réserves ne vont pas cesser comme ça : “rien qu’en 2023, 20 projets pétroliers ou gaziers ont été validés, et 60 sont encore dans les tuyaux”, apprend-on dans Marianne. Avec des réserves estimées à 1697 milliards de barils, soit deux fois ce qui a été consommé “durant l’ère hydrocarbures.”

Même le président de la compagnie nationale saoudienne peut se permettre de dire publiquement que “la stratégie actuelle de transition est un échec apparent sur la plupart des fronts.” On est loin de la baisse de 75% de notre consommation en 2050, pour limiter le réchauffement climatique, et du respect des accords de la COP28. Le petit pourcent de son budget consacré par le pétrolier Chevron aux énergies vertes sent le greenwashingà plein nez. Les coûts d’extraction ont baissé, les investissements de Shell sont fléchés vers des projets pétroliers plutôt que vers les solutions à faible émission de carbone : “la production était de 102 millions de barils par jour en 2022, et l’Opep penche sur 112 millions par jour à la fin de la décennie.” Pendant ce temps-là, TotalEnergies a reçu, via le CICE ou le CIR, plus d’argent qu’il n’en a versé à l’Etat… et la taxation de ses surprofits rapportera moins de 300 millions à l’Etat sur 2022-2023, alors que Deloitte avait tablé sur 2 milliards d’euros de recettes… à comparer aux 17 milliards des boucliers divers...

L’hebdo accuse l’entreprise, poursuivie pour des suspicions de crimes environnementaux et sanitaires, et avoir sciemment pollué au Yemen, en appliquant une technique de traitement des “eaux de production”, qui remontent avec le pétrole lors de son extraction, peu sûre : le stockage dans des bassins d’évaporation, soit 25 ans de contamination de l’air par un “cocktail hautement cancérigène”, le BTEX.

En décembre 2010, un rapport interne confidentiel “fait état de 87 000 barils de cette eau toxique remontés tous les jours, soit l’équivalent de 14 millions de litres”. Après avoir refusé de mettre en oeuvre des solutions techniques plus sûres.  ”Tout cela s’est répandu sur des centaines de kilomètres dans les vallées peuplées” : selon un oncologue de la région, “ces dernières années, on constate une augmentation des cas de cancers, en particulier, ceux du sein et du système lymphatique”.

Au Mozambique, le géant pétrolier ferait encore appel à des sous-traitants, malgré une attaque de djihadistes en 2021 qui a entraîné une fermeture d’un chantier de 20 milliards de dollars. “Des vues satellites obtenues par Marianne montrent l’activité de camions et d’engins de chantier”, alors que l’armée sécurise le site mais “néglige la sécurité des civils.” 

L’obésité administrative, maladie française

Le Point, à l’occasion du projet de loi Le Maire sur la simplification des normes, fait un retour sur 50 ans d’un “roman noir des normes”, un roman qui s’ouvre sur un “nous ne sommes pas parvenus à maîtriser l’envahissement paperassier, qui est une des formes de l’aliénation moderne” (Chirac, 1974), un roman qui bégaie depuis, entre mauvaise volonté des hauts fonctionnaires, comités Théodule, ministres et députés qui veulent “leur loi”, ou “leur amendement.” Un renflement législatif de plus : le dernier chapitre ne sera pas écrit par Le Maire : son projet “ne serait qu’une somme de mesures techniques, bien loin de la révolution annoncée.”

La simplification, une jolie fable

Valeurs actuelles aussi considère que la simplification est une “jolie fable”, et ne croit pas aux promesses macroniennes : “sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le volume des textes de loi a augmenté de 15% et 178 000 postes de fonctionnaires ont été créés.” L’échec des mille commissions créées pour simplifier tient peut-être à ce que remarque Hervé Novelli, qui avait nommé en 2010 un commissaire à la simplification : “c’était un conseiller d’Etat, dont la formation était de produire de la norme.” Pire, aujourd’hui “les couches de complexité s'accumulent ainsi sur le mille-feuille administratif, législatif et fiscale, depuis que le gouvernement s'est proclamé le” champion” de la simplification.”

Taxe sur les livres d'occasion, bonus réparation, taxe lapin, “on crée des mini-systèmes bureaucratiques pour des économies de bout de chandelle”. Pour le directeur de GénérationLibre, ”aucun responsable politique n'a une vision d'ensemble”. Ils interviennent “à la marge sans bien comprendre les implications réelles de ce qu'ils décident”. Pour l'entrepreneur Guillaume Poitrinal, qui met en œuvre le “choc de simplification” impulsé par Hollande, “il faut qu'un étage de l'Élysée soit consacré à réduire le nombre de textes et d'autorités aux responsabilités entremêlées.” Comment ça, vous avez envie de tuer un fonctionnaire au hasard ? 

Le néo-féminisme en échec

Il n’a pas fait progresser l’égalité”, déplore dans Le Point Elisabeth Badinter, qui défend un féminisme universaliste. Une réac, aux yeux de son camp, la gauche dont elle dénonce “la soumission au clientélisme islamiste, la trahison du progressisme.” Car c'est bien la laïcité qui à ses yeux garantit l’égalité 

La chute de la natalité l’inquiète : “avec la montée en puissance de partis ultraconservateurs, il peut y avoir une remise en question des droits des femmes”, au lieu d’un allègement des contraintes pesant sur les mères. Dont l’injonction à être des mères parfaites : “si vous n’adoptez pas l’éducation bienveillante, implicitement, cela sous-entend que vous êtes malveillante ! Tout ce discours servi par des coachs et alimenté par les réseaux sociaux ne s’est, à mon avis, pas révélé très positif, ni pour les mères ni pour les enfants.” Des mères qui culpabilisent ou qui, quand elles sont issues de l’immigration, vivent “un contrôle social communautaire” : “au lieu d’intégrer, notre société a développé un contre-discours qui encourageait à ne pas adopter nos valeurs.” La gauche est coupable, qui “s’est faite l’étendard de la revendication identitaire alors que ces femmes issues de l’immigration n’avaient rien demandé, pour la majorité d’entre elles”

La peur entre les sexes s’installe : “les jeunes hommes ont effectivement tendance au repli, ils se sentent accusés de tout. La vision néoféministe, qui fait des femmes des victimes par essence et des hommes des prédateurs par essence, n’a pas fait progresser l’égalité.” Le wokisme ? “Je ne crois pas qu’une idéologie qui intervienne à ce point dans la vie privée et la conscience de chacun fasse partie de notre modèle. Des militants trans radicaux sèment la terreur et des intellectuels, des professionnels, n’osent pas se les mettre à dos.”

En matière de biais de genre, l’Express nous apprend qu’en janvier, 94 femmes étaient incarcérées en France pour terrorisme islamiste. Et parmi elles, 79 étaient "présentes dans des camps en Syrie", précise le ministère de la Justice. condamnées à des peines de 6 ans en moyenne, “leur engagement au sein de l’Etat Islamique a, pendant longtemps, été sous-estimé par certains membres de l’institution judiciaire et une partie de l’opinion publique.” Parce que moins violentes ? Et si elles sont moins violentes que les hommes, “la violence n’est qu’un moyen parmi d’autres de réaliser les objectifs du djihad”, rétorquent les spécialistes, et même si "c’est compliqué de savoir s’il y a eu un réel biais de genre, mais il ne faut pas exclure cette possibilité". 

Totalitarisme doux” contre “Français normaux” : est-il judicieux de mêler féminisme et politique ?

Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement, s’en prend plein la figure dans Valeurs actuelles : trois de ses proches collaborateurs ont démissionné, “l’accusant de pratiques managériales invivables.” Ce serait “une redoutable fausse gentille”, mais pas seulement vis -à-vis de ses collaborateurs : des “campagnes internes “déloyales et agressives”, créant des scissions au  sein des sections locales.” En plus de sa bourde sur le SNU, qu’elle voulait non obligatoire, aux antipodes de la ligne présidentielle, cela fait lourd, au point que son entourage y voit une “cabale”, contre les femmes ministres, après Borne et Bergé.

Finalement, Yaël Braun-Pivet ne rêve pas d’un portefeuille : selon l’Express, elle viserait plutôt la succession de Laurent Fabius à la tête du Conseil Constitutionnel. Elle chercherait à convaincre Macron que ce serait très disruptif d’y nommer une femme, à tel point que l’hebdo parle de “geste historique.” ça n’est pas comme s’il s’agissait de nommer quelqu’un de compétent, pas du tout... Et ce alors qu’un cadre d’Europe Écologie Les Verts déplore dans Marianne la chasse aux sorcières menée par des militantes féministes : “les gens se rendent compte de la folie de ces activistes mais n’osent rien dire. C’est toute la gauche qui se soumet à ce totalitarisme doux, car tout le monde n’a qu’une peur : être accusé d’antiféminisme. On est enfoncés dans notre bulle, avec les militants, les universitaires et les journalistes. On se réveillera au moment où la majorité comprendra que ce délire nous discrédite auprès des Français normaux.” 

Darmanin amnésique

Le ministre de l’Intérieur veut laver plus blanc, mais oublie de balayer devant sa porte : devant la commission d’enquête sur le trafic de drogue, il accuse les magistrats de ne pas enquêter sur le blanchiment en matière de stupéfiant. Place Vendôme, on souligne via Marianne que “mis à part dans les grandes villes, les magistrats n’arrivent pas à saisir les services de police chargés du domaine financier, faute d’effectifs pour répondre aux sollicitations.”

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