La peur de l'islam s'invite dans les hebdos, le match Copé Fillon reçoit un invité mystère... Sarkozy<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La peur de l'islam s'invite dans les hebdos, le match Copé Fillon reçoit un invité mystère... Sarkozy
©DR

Revue de presse des hebdos

Cette semaine, les hebdos analysent ce pic de fièvre fondamentaliste qui a suivi l'affaire des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo. Ils arbitrent aussi le match Copé/Fillon qui se disputent la présidence de l'UMP sous l'œil d'un Sarkozy pas si détaché de la vie politique.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

Voir la bio »

Suite à la flambée islamiste provoquée par les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, la presse interroge la peur de l’Islam en France. Y-a-t’il  un danger salafiste ? L’Islam est-il soluble dans la République ? Les hebdos répondent chacun à leur manière, avec prudence, panique ou sensation. Marianne sort l’artillerie lourde : « Les fanatiques » lit-on sur fond noir en Une du magazine. Le dossier n’est pas franchement rassurant. On y  radioscopie ces islamistes français « prêts au bras de fer avec l’Etat laïc, forcément impie ». Ils sont 15 000 à relayer le fanatisme en France, mais seraient, paraît-il, de plus en plus nombreux (aucun chiffre ni statistique n’est convoqué pour le prouver).  Plus loin, un article démontre que les principaux représentants des institutions musulmanes souhaitent interdire le blasphème. Dans le pays de Voltaire, ça serait terrible, mais on n’en est pas là, c’est même Tariq Ramadan qui le dit dans Le Point : « L’immense majorité des musulmans n’a aucun problème avec [le blasphème]. Ce qui manque c’est l’éducation populaire ».

Ultraviolents et ultraminoritaires

Le Nouvel Obs, avec « Le vrai visage des musulmans en colère », a mené la même enquête que Marianne, mais arrive à des conclusions différentes. Hormis le mauvais augure d’un chauffeur de taxi très remonté : « Si ça continue comme ça, je vous le dis, on n’a pas fini d’en voir des Mohammed Merah », l’article affirme : « les réseaux islamistes ont une très faible force de mobilisation en France ».

De son côté, Paris Match est allé à la rencontre des fondamentalistes. Attention sensations ! On entend des fous énervés, des potes de Mohammed Merah qui clament : « Quand on aura des kalachnikovs, ça va péter par ici : tous les schmitts [les flics] vont y passer ». L’un affirme qu’il a voté Marine Le Pen pour son antisionisme, un autre qu’il n’a rien contre l’idée d’amputer une main à un voleur : « plus efficace qu’une justice qui ne fonctionne pas ». On peut se poser la question : pourquoi donner tant d’importance (quatre pages) à des fondamentalistes ultraminoritaires sinon pour instiller la peur ?

Faut-il avoir peur de l’islam ?

Cette peur de l’islam, L’Express se donne les moyens de l’interroger à fond, avec circonspection. Déjà, un constat : ce sentiment « [n’émane] plus seulement des rangs de la droite extrême, des athées de tous bords ou des tenants d’une laïcité offensive. On [le] retrouve dans tous les milieux sociaux. Y compris dans le show-bizz, on l’a vu avec Véronique Genest…

Selon un ex-curé de la cité des Minguettes, la défiance vis-à vis de l’islam vient des appels au djihad, des images d’attentats qui abreuvent les journaux télévisés… Images qui ne correspondent pas à la réalité, paisible, de la vie de la plupart des musulmans français. Pour L’Express, c’est bien le problème, la peur se nourrit d’amalgames. Exemple : « En 2009, le débat sur l’identité nationale, alimenté par des milliers de contributions anonymes sur le site Internet du ministère de l’époque, a tourné au défouloir anti-islam, avec comme cibles principales la « burqa » et la viande halal. »

Et si on prenait de la hauteur ?

La bonne nouvelle – toujours à lire dans L’Express – c’est que l’œcuménisme et l’apaisement, ça existe. Ouf. Olivier Le Naire est allé à Lyon, un véritable « laboratoire humain », une ville qui a le don de susciter le dialogue interreligieux, et ce depuis le temps des premiers chrétiens.

Enfin, Le Point vous invite à méditer toutes ces questions au Louvre, qui vient d’inaugurer le département des arts islamiques. Un « espace sublime pour une collection sans égale qui, par sa nature-même, est une provocation à l’intolérance intégriste beaucoup plus forte que les caricatures publiées par Charlie Hebdo au nom de la liberté de la presse. Les barbus viendront-ils visiter cet hommage vibrant à la grandeur de la civilisation musulmane, qui contredit avec éclat leurs certitudes ? » 

Copé et Fillon sur un ring

Pendant ce temps-là, la course à l’UMP, le tremplin pour les élections de 2017, s’accélère. Qui de Copé ou de Fillon gagnera la présidence du parti ? Les candidats soignent leur style, se lancent des piques, et la presse compte les points. Pour L’Express, ce duel est une « bataille de chiffonniers ». Non seulement les Français ne s’y intéressent pas, mais les militants eux-mêmes ne se sont que très mollement mobilisés. Pourtant, ils font des efforts les candidats. Vous avez vu le nouveau look de Fillon ? L’hebdo nous le montre décontracté, sans cravate, la blague facile, ou lisant très nonchalamment un roman anglais – pas encore traduit - dans le train. Il se garde de tout triomphalisme, d’accord, mais ne rectifie pas quand on l’appelle Monsieur le Président. Copé, lui, est moins décontracté. « [Il] a vécu comme un coup de massue le fait que Fillon ait finalement obtenu autant de parrainages que lui », lit-on dans Le Nouvel Observateur. Alors, qu’est-ce qui peut bien séparer les deux hommes ? Rien, selon Alain Juppé, apprend-on dans L’Express. Il y a pourtant quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qui facilitera l’accession de l’un ou l’autre à la présidence : Nicolas Sarkozy.

Sarko, le retour

L’ancien président, barbe de trois jours et sourire éclatant, fait la Une du Point : « Coucou me revoilà ! » Eh oui, l’arbitre du match Copé/ Fillon, c’est lui, lui dont on espère ou craint le retour en politique. Dès qu’il en a l’occasion, Copé brandit son amitié avec Sarkozy comme argument électoral. Ecoutez-le plutôt, c’est dans Le Point et on aurait presque envie sortir les mouchoirs : « L’histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy [est] faite de hauts et de bas. Entre nous, le vrai changement est venu de cette campagne présidentielle, au moment où le candidat était  au plus bas dans les sondages (…) Il s’est créé dans cette période entre lui et moi, et entre les militants et nous, une relation singulière empreinte d’une dimension affective comme je n’en avais jamais rencontré de ma vie en politique depuis Jacques Chirac en 1994. »

Sarkozy est-il irremplaçable ?

Depuis que Nicolas Sarkozy est revenu en grâce dans les sondages, les candidats à l’UMP ont compris que le véritable enjeu de l’élection était l’héritage de l’ancien président. Alors, ils se le disputent. Copé fait totale allégeance à Sarkozy. « C’est une double erreur, assure un soutien de Fillon dans le Nouvel Obs. D’abord, ce n’est pas crédible car Jean-François a souvent flingué Nicolas. Ensuite, les militants ont compris qu’ils allaient vivre les trois prochaines années sans Sarkozy. A la tête de l’UMP, ils veulent un vrai président, pas un Sarko light. » Fillon, lui, se montre plus indépendant. Il a osé glisser une critique de l’ancien président dans Le Point : « Nicolas me disait souvent: "Tu es trop prudent". Je lui répondais : "Oui, mais toi parfois tu vas trop vite. " » Vlan, dans les dents ! Sauf que Nicolas n’a pas aimé cette marque d’indépendance. Fillon s’est donc rattrapé aux branches, non sans lyrisme, deux jours plus tard : « De ce quinquennat, on parlera peut-être un jour d’années courage comme on parlait des Trente Glorieuses ». Eh oui, Fillon l’audacieux, Fillon le rebelle, lui aussi a besoin de Sarkozy pour rassembler et gagner des suffrages. Car, comme le dit très justement Hortefeux, cité dans Le Point : « Nicolas est le seul vrai ciment de l’UMP. »

Les Français plus grands, plus forts, mais plus déprimés

L’UMP n’a pas changé, donc. Mais nous, si. C’est le scoop de la semaine, à lire dans le Nouvel Obs. Nous, les Français, sommes plus grands, plus gros (et de plus en plus obèses) mieux nourris, ultra connectés et dépensons moins d’argent en vêtements et colifichets. Moins religieux qu’auparavant, nous passons moins de temps à dormir, préférons désormais les chats aux chiens, et – Cocorico ! – sommes les champions de la fécondité en Europe avec 2,01 enfants par femme. A coup de statistiques tirées de la « Francospie » (Larousse) les journalistes Caroline Brizard et Elsa Vigoureux dressent avec astuce le portrait du Français au XXIème siècle. Par contre – cela ne vous a peut-être pas échappé – le Français est « pessimiste », « pétri de doutes et emporté par la défiance à l’égard de ceux qui le gouvernent, il vit dans une société en crise, " à la fois tétanisée et titanisée, comme un bateau qui fonce droit sur un iceberg ". »

Etre heureux selon Cyrulnik

Contre cette sinistrose nationale, et pour relativiser nos petits soucis quotidiens, L’Obs a un remède : Boris Cyrulnik. L’hebdo publie les bonnes feuilles de son autobiographie : Sauve-toi, la vie t’appelle, que Claude Weill présente comme un « coup de pied au malheur ». C’est la première fois que le psychanalyste se livre aussi intimement. On apprend comment il a échappé à la mort, enfant, à l’époque où l’on traquait les Juifs. Comment il a dû changer de nom, d’identité, comment il a été ballotté de foyers en familles d’accueil, comment, enfin, il a trouvé le chemin de la résilience.

Et aussi...

Côté reportages, on découvre le sort de ces enfants kidnappés par les Talibans en Afghanistan pour servir de bombe humaine et qui finissent dans une prison insalubre de Kandahar. Sur le papier, on leur promet la rémission, la réhabilitation. Dans les faits, c’est 40 °C dans des cages à poules, la saleté, la misère, l’ennui, la violence. On vous recommande également le reportage de Paris Match sur « Les cavaliers de la nouvelle frontière ». Ces rangers, Indiens, Inuits ou Canadiens, sillonnent la banquise arctique, sur terre ou sous l’eau. Leur mission ? Assurer la souveraineté du Canada sur ce territoire englouti peu à peu par la montée des eaux. Car, d’’ici quelques années, le réchauffement climatique aura libéré des glaces le très convoité passage du Nord-Ouest, qui permet de contourner l’Amérique par le nord. Et tout le monde se lancera à sa conquête : même les Indiens s’y préparent en fabriquant des brise-glaces.  Toute la carte de la mondialisation en sera changée.

Petit Paris deviendra grand

Côté dossiers, on se plonge avec intérêt dans celui que Télérama consacre à Paris. On y décrypte le « Grand Paris », qui compte douze millions d’âmes, qui seront un jour reliées par des métros automatiques (c'est-à-dire jamais en grève), et le « Petit Paris », qui reste retranché derrière le périphérique. A lire aussi, l’interview passionnante d’un historien de la capitale, Eric Hazan. Dans une langue verte, il parle de Haussmann, des quartiers de son enfance, et de la nécessité de ne plus penser la ville en vingt arrondissements : « Le génie du lieu, avec sa forme ronde et ses enceintes concentriques, de celles de Philippe Auguste au périphérique, en passant par les Fermiers généraux et les fortifications de Thiers, c’est d’avoir toujours fait péter la dernière enceinte et de s’étendre au-delà. Dans Notre Dame de Paris, Victor Hugo le dit de très belle façon : les maisons "montent les unes sur les autres" puis "sautent par-dessus le mur"».

Enfin, on vous a gardé le plus léger pour la fin : un reportage sur les chasseurs de fantômes dans Le Point. C’est exactement comme dans Ghostbusters, le Slime en moins.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !