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Crise sanitaire du Covid-19, persistance de la menace islamiste-terroriste; crise pétrolière mondiale : entretien avec l'intellectuel et homme politique égyptien Abdelrahim Ali
©Reuters

Géopolitico-Scanner

Alexandre del Valle a réalisé un entretien d'Abdelrahim Ali, député égyptien, patron de presse et intellectuel spécialiste de l'islamisme radical.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Alexandre del Valle donne ici la parole à cet influent député égyptien, patron de presse et intellectuel spécialiste de l'islamisme radical, qui observe l'évolution du Moyen Orient dans le cadre de son centre d'Etudes du Moyen Orient (CEMO), basé à Paris, et qui soutient inlassablement l'idée de nations arabes sécularisées, ouvertes et modernes face à la menace commune du terrorisme islamiste et des idéologies fréro-salafistes qui en sont la source. Son témoignage, qui pourra certes être jugé par certain "pro-domo" ou exagérément optimiste, mais il a le mérite de nous rappeler que l'Afrique en général, avec moins de moyens que l'Europe, a globalement mieux résisté au fléau du coronavirus, et que les Occidentaux pèchent parfois par arrogance et peu d'efficacité, tant face à cette crise sanitaire inédite que face à d'autres fléaux comme le  terrorisme et l'islamisme subversif que combat Abdelrahim Ali dans ses ouvrages et avec son Institut le CEMO. Nous avons parfois à apprendre de pays jadis colonisés qui seront demain plus puissants que certaines puissances ex-coloniales européennes....

Alexandre del Valle : Monsieur le député, la crise sanitaire dans les médias français semble monopoliser tellement l’attention que l’on ne parle presque plus du terrorisme islamiste en Occident. En va-t-il de même en Egypte et dans le monde arabe ?

Abdelrahim Ali : Bien sûr, la crise du Coronavirus doit attirer l'attention du monde entier, mais en Egypte, nous sommes confrontés, en plus du Covid-19, au défi persistant du terrorisme que nos médias et les Égyptiens avisés n'oublient pas! Durant ces seules deux dernières semaines, nous avons perdu plus de 25 soldats et officiers de nos forces armées dans le cadre de la confrontation journalière avec les groupes terroristes plus présents que jamais. 128 terroristes ont ainsi été arrêtés, du matériel militaire, des véhicules quatre roues motrices, des armes et des bunkers ont été saisis, et plusieurs dizaines de terroristes ont été tués dans le cadre de ces affrontements. C'est donc une véritable guerre dans le Sinaï contre des groupes bien organisés et financés que nous continuons à livrer en simultanément à l'autre crise, sanitaire, que notre gouvernement et notre société affrontent de la façon la plus efficace. Par conséquent, et malgré l'urgence de la lutte antiterroriste, les autorités égyptiennes n'ont pas perdu un seul instant leur vigilance face au Coronavirus au point que nous sommes devenus le premier pays au monde en ce qui a trait au taux de rétablissement comme en témoigne l'Organisation Mondiale de la Santé. J'y reviendrai d'ailleurs très en détails plus loin.

ADV : Vous ne partagez donc pas l'idée un peu béate d'une "pause de la menace islamiste radicale ou terroriste" vantée par certains milieux  progressistes français qui utilisent l'urgence sanitaire pour faire croire que l'islamisme terroriste n'est plus le problème?

AA : Bien sûr que non: je ne souscrits pas à cette idée parce que le terrorisme est un projet intégral, global, constant, qui a d'ailleurs ses bailleurs de fonds et ses partisans en plus de tous ceux qui ont intérêt à ce que ce phénomène dangereux continue... Car sans le terrorisme, ces milieux facilitateurs ne sont rien. Je fais spécifiquement allusion d'ailleurs à des pays comme le Qatar et la Turquie. Sans les groupes terroristes et leur projet, ces sponsors étatiques et institutionnels du terrorisme et de l'islamisme révolutionnaire subversif ne sont rien...

ADV : Justement, des "rumeurs" de coups d’Etat au Qatar ont été diffusées ces derniers jours. Avez-vous des éléments? Et si non, existe-t-il une possibilité qu’un jour ce régime change de l’intérieur où se réconcilie avec les Émirats, l’Egypte et l’Arabie saoudite et abandonne même sa stratégie dangereuse de soutien aux Frères musulmans et à certains groupes djihadistes ?

AA : Je ne pense pas qu'il y ait eu un coup d'Etat au Qatar, ce qui s'est passé n'est rien d'autre qu'un entraînement militaire que certaines personnes ont interprété, en particulier en cette période de calme, comme un coup d'Etat. Certaines voix de l'opposition qatarie ont certes soutenu cette hypothèse, mais je n'y souscris pas, même si je n'exclus pas, bien sûr, qu’un changement vienne de l'intérieur, car la situation économique est très difficile et la situation politique l’est encore plus... Quant à la possibilité d'une réconciliation entre l'Egypte, les Émirats, l'Arabie saoudite et le Qatar, elle est selon moi exclue, en raison notamment de l'impossibilité pour le Qatar d'abandonner son projet de soutien au terrorisme et à l'extrémisme islamiste. Cela reviendrait pour l’émirat à abandonner sa stratégie visant à garder son influence dans la région, ce que le Qatar refuse totalement.

ADV : En France, quelle mouvance politique est-elle selon vous la plus capable de répondre à ces défis, menaces et enjeux de notre monde multipolaire incertain? De quels hommes politiques vous sentez-vous le plus proche?

AA : Il est clair, et je l'ai déjà dit depuis des années dans d'autres articles en Egypte, en France et ailleurs, que la famille politique française dont je me sens le plus proche est celle du Gaullisme, qui prône l'indépendance nationale, un patriotisme intelligent, ouvert mais réel, des valeurs républicaines et nationales fortes, avec l'exemple indépassable de l'acte fondateur courageux du Général de Gaulle qui refusa de capituler devant le totalitarisme nazi: l'esprit de la Résistance, qui vaut face à d'autres périls totalitaires. Récemment, la famille gaulliste a été brillamment incarnée selon moi par la figure de François Fillon, que j'ai soutenu et dont je regrette la disparition politique même si je respecte le pouvoir en place actuel. Fillon avait un programme géopolitique, économique et sociétal très complet et ambitieux. Il a par ailleurs écrit un ouvrage lucide sur le "totalitarisme islamique", qui mentionnait clairement les Frères musulmans comme source idéologique majeure de cet extrémisme qui porte atteinte à l'image d'un islam national et moderne que je prône et qui sape le processus d'intégration pour diviser la France. J'ai par ailleurs échangé avec des gaullistes historiques illustres comme Jacques Godfrain, ex-Ministre et député-maire, un des pionniers de l'UDR puis du RPR et très grand connaisseur des affaires africaines et étrangères en général, devenu en 2011 président la Fondation Charles de Gaulle. Plus récemment, j'ai échangé aussi avec un homme politique de grande valeur et intègre qui incarne l'avenir de cette famille politique gaulliste, le vendéen Bruno Retailleau, dont j'apprécie le patriotisme et l'action courageuse dans la défense de la civilisation occidentale et des démocraties face au péril du terrorisme et des idéologies totalitaires comme les Frères musulmans (Voir Photos en bas d'article, NDLR).

ADV : Revenons au Moyen-Orient. La géopolitique du pétrole fait couler beaucoup d’encre en Occident. Que vous inspire la chute du cours du baril et les accords entre russes américains et saoudiens pour faire remonter les cours en réduisant la production ?

AA : Je pense que la baisse des cours est intervenue dans le contexte des différends saoudo-russes. Il y a aussi les répercussions du Coronavirus ainsi que l'arrêt des usines et des entreprises qui dépendent du pétrole, un fait qui a plongé le prix du baril à moins de 20 dollars en avril, mais immédiatement après l'accord de l'OPEP +, les prix ont recommencé à grimper et ont atteint cette semaine 29 dollars. Les professionnels du secteur s’attendent à ce que les cours franchissent la barre des 100 dollars dans les 18 prochains mois à cause de la reprise de la production mondiale et sa croissance rapide dans la période à venir afin de compenser les pertes importantes de la période du Covid-19 (janvier - mai).

ADV : Vous expliquiez plus haut que votre pays se bat actuellement contre au moins deux menaces différentes mais simultanées, complémentaires: le virus codiv 19 et le terrorisme. Mais les résultats sont-ils réellement à la hauteur des espérances?

AA : Je répondrais tout d'abord que mon action et celle de mon centre le CEMO sont indépendantes et que je m'exprime en mon nom et pas au nom du gouvernement égyptien. Vous avez toutefois raison de rappeller que les Égyptiens doivent affronter simultanément deux défis : le coronavirus, qui tue des milliers de personnes dans le monde, et qui a entraîné la fermeture partielle de centaines d’usines, d’entreprises et d’administrations en Egypte.  Et le terrorisme aveugle manipulé par des forces régionales embusquées au Sinaï et qui provoque régulièrement la mort de nombreux victimes parmi les soldats et les policiers. C’est ainsi que ces derniers paient le prix de la stabilité d’une nation qui a échappé à toutes les tentatives de porter atteinte à son unité et à sa stabilité. Je rappellerai également que le fléau islamiste-terroriste n'est pas un problème seulement musulman ou arabe, et que des pays occidentaux depuis la guerre froide ont souvent eu une action paradoxale voire qui a bénéficié aux islamistes souvent appuyés face au soviétisme sous la guerre froide par les Etats-Unis et souvent même accueillis dans vos sociétés libérales et ouvertes quand nous tentions de les combattre...

ADV : Oui mais il n'empêche que depuis que le président AL-Sissi tente d'éradiquer l'islamisme idéologique des Frères musulmans et le terrorisme qui en découle selon vous, le problème est loin d'être réglé?  

AA : L’Egypte affronte depuis des décennies et souvent toute seule les terroristes les plus célèbres : Daechiens, Takfiristes, et organisations comme Ansar Bayt al-Maqdis, l’Armée de Mohammad, les derniers éléments d’al-Qaïda et autres. Ce travail de lutte contre le fanatisme ne peut pas être gagné en 10 ans ni dans un seul pays, mais sur des décennies et au niveau mondial. Les Égyptiens connaissent parfaitement ceux qui sont derrière les organisations terroristes régionales et internationales et pourquoi ils agissent toujours à des moments déterminés. Et ils indiquent que, au moment où l’armée avec l’aide des divers services de l’Etat est occupée à affronter le virus mortel et à fournir du matériel médical, arrivent les terroristes pour frapper avec traîtrise à Bir al-Abd, faisant dix victimes, dont un officier avec le grade de lieutenant.

ADV : Revenons-en à la crise sanitaire mondiale. Comment l'Egypte a-t-elle a affronté concrètement ce défi inédit qu'est le CODIV 19? Quel est le bilan de l'Egypte, en nombre de morts et de contaminés?

AA : D'après des chiffres fiables corroborés par l'OMS avec qui le gouvernement égyptien travaille en totale synergie depuis le début de la crise, le bilan pour notre pays de 90 millions d'habitants est de 11 000 malades et 500 morts, en tout et pour tout. Plus généralement, mon observation est qu'au début de 2020, les devins les plus pessimistes n’auraient pas pu imaginer que l’Humanité allait devoir affronter l’une des pires calamités de son histoire, qui allait créer sans l’ombre d’un doute une situation complètement différente de ce qui prévalait avant elle. L’apparition du coronavirus sur la Terre a manifesté, entre autres, la diversité des réactions des pays à ce danger, non seulement en fonction de leur culture, mais aussi de critères relatifs à la puissance de l’Etat, à l’unité des peuples, à la volonté politique et aux autres dangers qui menacent les peuples et peuvent entraver leurs actions face à la pandémie ou pousser leurs dirigeants à faire face avec détermination à celle-ci et aux crises anciennes, et peut-être le cas de l’Egypte donnera-t-il au lecteur partout dans le monde un exemple qui mérite d’être examiné et d’en tirer des leçons.

ADV : Redoutez-vous une grave crise économique pour ces pays et pour l’Egypte ?

AA : Je pense qu'il y a effectivement une crise et qu'elle va s'aggraver au cours des deux prochains mois, mais cette crise va inciter ces pays à compenser leurs pertes et à augmenter leurs activités industrielles, agricoles et productives, ce qui relancera à nouveau les économies, tout en cohabitant avec le virus et en prenant les précautions nécessaires.

ADV : Pourquoi le nombre de contaminations est-il beaucoup plus faible en Egypte qu'en Europe? Et avons-nous des sources fiables pour étayer cette affirmations?

AA : L’Egypte a suivi une méthode scientifique depuis le début de la crise, grâce à une coordination et une coopération sans précédent des institutions de l’Etat avec l'OMS. Nos chiffres bas de morts et contaminés sont officiels et vérifiables. Cela a de quoi faire rêver les pays occidentaux qui se croyaient au départ mieux lotis mais qui paient le prix humain le plus élevé en termes de malades graves et de nombre de morts... Qu'a fait votre gouvernement au début de la crise? Les autorités égyptiennes ont été averties tôt et ont pris une série de mesures pour affronter le danger du virus. Et le 14 février dernier, le ministère égyptien de la Santé et du Logement a annoncé officiellement la découverte du premier cas positif porteur du coronavirus à l’intérieur du pays, celui d’un étranger, et a traité avec lui avec beaucoup de sérieux, et selon les règles annoncées par l’OMS. Il s’agissait d’une personne de nationalité chinoise (patient « zéro ») et qui travaillait dans une société de transport, et d’import-export au Caire. Sa contamination a eu lieu lors de son séjour en Egypte après avoir été en contact avec l’un des travailleurs de la société qui venait de Chine en étant porteur du virus mais quitta l’Egypte dès sa connaissance de la contamination. Les analyses de laboratoire ont montré que le cas du Chinois était positif, mais sans apparition d’un quelconque symptôme sur le malade, et c’était le premier cas de ce type dans le monde. Le bureau régional de Méditerranée orientale de l’OMS a révélé que le cas était sans symptôme, et il a été détecté par le biais d’une enquête sur un cas qui était arrivé au Caire pour un voyage de travail du 21 janvier au 4 février. Le cas prouvé a été isolé en Egypte dans un hôpital de quarantaine, et ceux ayant été en contact avec ce cas ont été suivis. D’autre part, le bâtiment où résidaient les cas contaminés a été stérilisé, outre le siège de la société qui est situé dans un bâtiment administratif de Médinat Nasr (banlieue de l’est du Caire). Dès le premier instant, les autorités égyptiennes se coordonnent avec le bureau de l’OMS au Caire, et le Dr Jean Jabbour, représentant de l’OMS en Egypte, avait affirmé qu’une quarantaine de 14 jours avait été imposée à l’étranger porteur du virus, selon les mesures de l’OMS. Et après que le Chinois eut achevé sa période de quarantaine pour s’assurer du caractère négatif des analyses, qui ont été refaites plusieurs fois sous la supervision de l’OMS, sa guérison a été annoncée et il est sorti le 27 février de l’hôpital de quarantaine à Marsa Matrouh à l'ouest d'Alexandrie. La personne a été accueillie par une délégation de l’ambassade de Chine, et les équipes médicales de l’hôpital ont fêté la sortie du premier cas de guérison du virus.

ADV : Comment votre gouvernement a-t-il commencé le combat contre ce coronavirus? Les autorités sanitaires et hôpitaux ont-ils été à la hauteur en terme de moyens et de mesures efficaces?

AA : La gestion égyptienne fut rapide, efficace, drastique même, (couvre-feu très précoce) et elle a été confiée à la supervision directe de l'OMS, donc on ne peut pas m'accuser de relayer une propagande gouvernementale.... Nous avons ainsi accepté très vite l'aide massive de la Chine qui, à mon avis fut trop massivement dénigrée en Occident alors qu'il fallait échanger le savoir-faire. Ensuite, rappelons que pendant la période de ramadan, et grâce au couvre-feu drastique et précoce de 17h/24h, les gens ne sortaient plus et restaient confinés, alors que chez vous, les restaurants, match de foot et évènements festifs se déroulaient encore partout... Le plan des autorités égyptiennes s’est basé sur le concept de solidarité sociale et de diffusion d’une conscience collective du danger de la maladie, en réalisant le plus haut degré de coordination et de synchronisation entre tous les organismes d’Etat concernés, outre la recherche des possibilités de fabrication locale des équipements médicaux qui souffrent d’une pénurie aiguë au niveau international. Une « cellule de gestion de la crise » sous la présidence du premier ministre a été formée, avec le suivi quotidien du président Abdel Fattah al-Sissi. Le gouvernement a très vite décidé de rapatrier les Égyptiens restés en Chine pour préserver leur santé, notamment un grand nombre de chercheurs étudiant dans les universités de Wuhan, foyer de la pandémie. Notre ministre égyptienne de la santé et du Logement, dr Hala Zayed, a effectué dès février une visite de soutien au peuple chinois et demandé l'aide scientifique et logistique de Pékin qui a été très utile. La Chine a ainsi fourni à l’Egypte les documents techniques pour les mesures préventives que le gouvernement chinois a prises pour contrôler la propagation du coronavirus. De vastes campagnes de sensibilisation permanentes de citoyens ont été organisées dans le but de fournir les informations et les données réelles. Les organismes concernés ont fourni les denrées essentielles; renforcé les réserves stratégiques de nourritures, et satisfait les besoins des citoyens en quantités et prix convenables, notamment en les rendant disponibles dans les divers gouvernorats. Et une détection précoce de tout cas suspect a été entreprise à grande échelle, parallèlement au renforcement de la surveillance sanitaire aux points d’entrée dans le pays.

ADV : Mais quelles mesures concrètes a pris l’Etat au niveau d'autres secteurs de de l'administration?

AA : Les directives principales ont été les suivantes:

– Consacrer dans chaque gouvernorat un hôpital pour traiter des personnes contaminées.
– Affectation du plus grand nombre possible d’hôpitaux à la quarantaine pour les personnes contaminées par le coronavirus.

– Élévation maximum du niveau de préparation dans les départements de quarantaine des points d’entrée du pays .
– Préparation de laboratoires centraux et annexes en les équipant des ressources humaines nécessaires pour soigner les malades.

-  Ouverture d’une hotline et d’un site électronique pour répondre aux interrogations des citoyens et les sensibiliser aux dangers du virus

– Augmentation des combinaisons médicales de 75% par rapport à leur valeur actuelle, pour un coût total de 2,25 milliards de livres

– Création d’un fonds de prévention du danger pour les membres des professions médicales.
- Paiement d' indemnités exceptionnelles pour tous les travailleurs dans les hôpitaux de quarantaine et des maladies infectieuses et des laboratoires centraux au niveau de la République.

– Restriction des mouvements des gens de 19h à 6h du matin, puis de 20h à 6h du matin, et pendant Ramadan, de 21h à 6h;

– fermeture des salles de cinéma et de théâtre ainsi que des salles de sport, des restaurants et des cafés.
– Suspension des études dans les universités, dans les instituts, et dans les écoles, tout en permettant l’enseignement à distance;

- Suspension des vols dans les aéroports égyptiens à partir du 18 mars 2020, tout en permettant aux visiteurs se trouvant en Egypte de poursuivre leurs programmes de tourisme et d’offrir la possibilité aux Égyptiens à l’étranger de modifier leur date de retour en Egypte avant la date de suspension des vols sans aucun frais supplémentaire.
– Organisation de vols pour rapatrier les Égyptiens bloqués à l’étranger (en cours jusqu’à l’écriture de ces lignes).
– Diffusion de vidéos de sensibilisation et traduction en langue des signes sur les dangers du coronavirus.
–  Démenti des fake-news en expliquant les vérités avec transparence

– Souligner les  déclarations du représentant de l’OMS en Egypte et de l’éloge qu’il a fait de gestion de la crise par l'Égypte.
– Préparation de campagnes pour inciter les gens à rester chez eux, et à respecter les instructions médicales.
Avec l’apparition des premiers cas de contamination, les services du ministère de l’Intérieur ont joué un rôle efficace dans la sécurisation des équipes médicales chargées de transporter ces cas dans les hôpitaux réservés à l’isolement médical, et dans la prise de mesures strictes garantissant l’arrivée des équipes médicales dans les lieux des personnes contaminées et leur transport le plus rapidement possible et sans entraves.

Les services du ministère de l’Intérieur ont stérilisé les postes et installations de police et permis de recevoir les effets des pensionnaires des prisons et de leur faciliter l’échange de correspondances avec leurs familles après leur stérilisation. Les secteurs du ministère dont les prisons ont été équipés de portails de stérilisation et d’instruments de mesure de la température pour garantir la rapidité de la détection et de la stérilisation pour tous les employés et pensionnaires des prisons. Les lingettes antiseptiques de tous les prisonniers ont été prises pour faire les analyses nécessaires de façon à détecter toute contamination selon les règles suivies. Par ailleurs, le président de la République a pris la décision de libérer 4500 prisonniers en mars et avril 2020.

ADV : D'accord, mais ces mesures ont été prises également dans des pays occidentaux. Qu'est-ce que l'Egypte a fait de particulièrement novateur ou original, notamment dans le domaine économique, sachant que cette crise va avoir des conséquences néfastes durables en termes de chômage et de croissance?

AA : Les autorités ont pris nombre de mesures pour soutenir l’économie et la main-d’œuvre instable à cause des répercussions du coronavirus, les plus importantes étant :

– L’affectation par le ministère des Finances de 100 milliards de livres au financement du Plan complet de lutte contre les répercussions du coronavirus.

– Diminution du prix du gaz naturel pour l’industrie à 4,5 dollars par million d’unités thermiques et du prix de l’électricité haute et moyenne tension pour l’industrie de 10 piastres, et la non augmentation des prix de l’électricité pour les autres utilisations industrielles pendant les 3 à 5 ans à venir.

– Fourniture d’un milliard de livres aux exportateurs pendant mars et avril 2020, pour payer leurs échéances, avec le paiement d’une somme supplémentaire de 10% en cash en juin prochain.
– report du paiement de l’impôt foncier dû sur les usines et installations touristiques pendant 3 mois, et autorisation de le payer par acomptes mensuels sur une durée de 6 mois pour les périodes précédentes.
– Loi sur les petits projets, microprojets et amendements de la loi sur la taxe foncière pour activer l’ensemble d’incitatifs prévus par la loi sur les petits et microprojets en faveur des sociétés.

– Exemption totale de droits de timbre pour les opérations au comptant sur les titres, pour augmenter la taille des transactions et l’importance du marché égyptien.

– Exemption de taxes sur les profits du capital pour les non-résidents et report de cette taxe pour les résidents jusqu’au 1/1/1022.

– Baisse de 3% des taux de rendement de la Banque centrale en fixant des limites de crédit permettant de financer le capital et en particulier le versement des salaires des employés des sociétés.

– Report de 6 mois des échéances de crédit pour les moyennes, petites et micro entreprises, et non application des pénalités et frais supplémentaires pour retard de paiement.

– Initiative en faveur des clients en difficulté parmi les personnes morales travaillant dans le secteur touristique, par le remplacement et la rénovation d’hôtels fixes et flottants, et de bateaux de transport touristique, et report des échéances des sociétés du secteur touristique.

– Encouragement du financement du secteur privé industriel par l’octroi de 100 milliards de livres par les banques à un taux d’intérêt de 10%, aux entreprises dont les revenus annuels sont compris entre 50 millions et un milliard de livres.

- 20 milliards de livres affectés par la Banque centrale d’Egypte pour soutenir la Bourse égyptienne.

ADV : Vous pensez vraiment que ces mesures, que des pays comme les Etats-Unis et la France ont également pris en grande partie, ont porté leur fruits?

AA : Notre gouvernement a pris des mesures drastiques au moins un mois avant que la France commence à prendre en compte la gravité de la situation! Rien que cela fut déterminant. Pendant que le président français Emmanuel Macron allait tranquillement au théâtre, la télévision égyptienne matraquait le public de spots publicitaires alarmistes pour empêcher les réunions publiques et inviter au confinement. Souvenez-vous du 8 février, lorsque notre gouvernement a intercepté une croisière d'un bateau égyptien transportant des touristes français notamment, les autorités ont immédiatement détecté sur le bateau le "patient zéro" (un citoyen chinois, d'ailleurs), qui a été isolé. Et nous avons évacué vers la France les touristes français pour les épargner. Notre gouvernement a simplement agi de façon préventive, rapide et drastique, ce qui prouve qu'avec moins de moyens que certains pays riches, avec de la prévision, on pouvait limiter les dégâts. Et nous avons 500 morts en tout pour 90 millions d'habitants....

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