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Des gadgets et des technologies permettent de réduire le coût de votre facture énergétique.
Des gadgets et des technologies permettent de réduire le coût de votre facture énergétique.
©JEFF PACHOUD / AFP

Atlantico Green

Face à la hausse des prix de l’énergie en Europe, des technologies comme les thermostats intelligents permettent de diminuer le coût de nos dépenses en électricité.

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni est présidente du fonds de dotation E5T. Elle est l'ex présidente d'Economie d’Energie et Primagaz. 

Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages majeurs: Intelligence émotionnelle (2008, Maxima), Mutations énergétiques (Gallimard, 2008) ou Comprendre le nouveau monde de l'énergie (Maxima, 2013), Understanding the new energy World 2.0 (Dow éditions). 

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Atlantico : Alors que les prix de l’énergie flambent partout en Europe, certaines technologies, comme les thermostat intelligents ou les prises connectées qui permettent d’éteindre certains appareil à heures fixes sont-ils un bon moyen pour faire baisser la facture d’électricité ?

Myriam Maestroni : La flambée des prix de l’énergie nous rappelle, en effet, que l’énergie que l’on ne consomme pas est sans nul doute d’abord la moins chère, mais également la moins polluante et la moins émettrice de gaz à effet de serre. Elle nous rappelle également que la grande composante encore trop oubliée de la transition énergétique est bien l’efficacité énergétique ou les fameuses économies d’énergie. L’idée revient régulièrement mais on est encore bien loin d’une politique systématique en la matière et encore plus d’une communication claire et compréhensible par l’ensemble des consommateurs d’énergie… c’est-à-dire nous tous !

Du coup, votre question en constitue une parfaite illustration, on traite le sujet de façon partielle ou il semble qu’une bonne idée vienne en chasser une autre. En l’occurrence on ne peut certainement pas remettre en cause l’utilité des « smart » technologies qui comprennent les thermostats intelligents ou autres prises connectées, mais la vraie question est sans doute de comprendre la chaîne de l’efficacité énergétique et donc la façon dont on peut tous agir sur l’ensemble des leviers qui permettent de réduire nos consommations d’énergie. C’est presque une mission de salut public par les temps qui courent ! Pour ma part j’ai pris l’habitude de considérer cinq leviers nous permettant d’économiser l’énergie. Le premier consiste à mieux comprendre sa facture et à comparer les prix et les conditions d’un fournisseur à l’autre (il en existe près de 40 aujourd’hui), en ayant notamment recours aux plateformes mises à disposition par les comparateurs d’énergie. Le deuxième levier consiste à faire évoluer nos habitudes et à changer nos comportements. Le troisième passe par la nécessaire rénovation énergétique de nos logements avec encore bien trop de logements en sur-consommation (n’oublions pas qu’à logement de surface équivalente la consommation d’énergie peut varier considérablement puisqu’un logement neuf consommera jusqu’à 9 fois moins d’énergie qu’une passoire énergétique). Le quatrième levier implique d’avoir recours à des technologies intelligentes dont celles que vous signalez. Le dernier levier enfin, lorsque c’est possible, consiste à produire sa propre énergie que ce soit en générant de l’électricité avec des panneaux photovoltaïques notamment ou en produisant de l’eau chaude avec des panneaux solaires thermiques. Bien sûr c’est bien difficile de pouvoir s’attaquer à tout cela simultanément et d’optimiser d’un coup l’ensemble des options possibles.

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L’idée de recourir à des thermostats intelligents ou à des prises connectées permettant d’éteindre certains appareils à heures fixes constituent déjà un bon moyen pour faire baisser la facture d’électricité. Le thermostat intelligent va agir notamment sur la consommation d’énergie liée au chauffage. Il s’agit d’un poste de dépenses énergétiques majeur puisque ces dernières représentent de 60 à 75% pour les particuliers selon l’ADEME. Bien sûr, pour être précis il convient de distinguer les différents types de chauffage car la régulation ne se fera pas de la même façon pour un chauffage électrique ou pour une boucle à eau chaude, et bien sûr selon les saisons, car c’est en hiver que l’on consomme le plus sur ce poste. Néanmoins les principes sont les mêmes. Il s’agit de réguler les températures au plus juste, avec la fameuse recommandation de privilégier une température dite de confort de 19°C, en général, et de réduire entre 16 à 17°C le chauffage dans les chambres la nuit. Le thermostat programmable a également vocation à programmer une baisse des températures en cas d’absence avec des températures modérées pour des absences courtes (2 ou 3 jours) ou inférieure à 10°C (en système anti-gel) en cas d’absences plus longues. On distingue les thermostats d’ambiance classiques, déjà intéressants pour régler la température du logement des thermostats programmables car ces derniers offrent des fonctionnalités supplémentaires pour améliorer les économies. Ils permettent, par exemple de programmer en fonction de notre occupation des logements ou de nos habitudes. On peut chauffer un peu plus le soir lorsqu’on retourne chez soi, ou au lever le matin… même si l’on sait aujourd’hui que le télétravail a un impact considérable sur cette logique traditionnelle. D’ailleurs, pour mémoire, lors du premier confinement sanitaire de 2020, lorsque nous étions tous assignés à résidence, toutes les consommations d’énergie avaient chuté sauf… celles liées au chauffage des logements qui étaient en augmentation. En principe on considère qu’un degré de moins en température de chauffage peut réduire la consommation d’énergie de 6% à 7%. Le thermostat intelligent ou connecté, propose des fonctionnalités encore plus précises comme notamment celles de pouvoir agir à distance sur la température de chauffage grâce à une application mobile ad hoc, qui va également nous permettre de suivre nos consommations en continu. Les modèles les plus sophistiqués vont peu à peu enregistrer nos habitudes de vie et auto-programmer de façon plus fine et systématique que nous ne le ferions. On peut même bénéficier de systèmes de géolocalisation qui permettent de remonter le chauffage en fonction de notre retour estimé. Avec ce genre d’équipements de plus en plus sophistiquées on peut parvenir à réduire nos consommations d’énergie de 10 à 20% voire 30% en fonction du modèle de thermostat mais aussi de nos habitudes de vie, de notre type de travail et donc de notre temps d’occupation des lieux, de l’âge des personnes présentes dans le foyer, ou encore bien sûr, de l’étiquette énergétique de notre logement.

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En ce qui concerne les prises connectées les fabricants annoncent, en général, une économie annuelle de l’ordre de 10% environ. L’idée est de couper l’alimentation des appareils électriques les plus énergétivores (on en dénombre plus d’une douzaine (ordinateur fixe, parabole, sèche-linge, téléviseur, box internet, chaîne hi-fi, consoles de jeux, etc ) qui représentent de 300 à 500 kWh/an. Les appareils en mode veille représentent jusqu’à 11% de notre facture d’électricité soit près de de 100€/an. Maintenir un téléviseur en mode veille (c’est-à-dire éteint par la télécommande) suppose une dépense de 77 kWh par an soit une dépense annuelle de l’ordre de 8,50€ à multiplier par le nombre de postes et à ajouter au reste des appareils. De plus il faut savoir qu’un téléviseur va consommer plus en 23h de mode veille (0,09kWh/jour) qu’en 1h d’utilisation (0,07 kWh pour 1h). Une console de jeux consomme entre 3 à 34€ de courant par an selon les modèles, si on coupe le courant o peut économiser jusqu’à 20€/an. On doit retenir qu’en moyenne un appareil en veille continue à consommer de l’ordre de 4 fois moins que lorsqu’il est allumé.Il faut néanmoins rester attentifs aux performances annoncées par les fabricants de prises connectées car elles s’appuient souvent sur des exemples américains. Or la consommation moyenne d’un Américain est en moyenne de 12.077 kWh par an, soit,près de deux fois plus qu’un Français (6.479 kWh), et du coup le potentiel d’économie est différent. De plus on ne peut pas déconnecter tous les appareils dont certains doivent rester branchés au réseau par nature (réfrigérateur pour évoquer les usages anciens ou Alexa d’Amazon pour les assistants plus modernes) ou dont le réglage devient compliqué en cas de déconnexion (four, box…). N’oublions pas qu’il faut prévoir un certain budget pour s’équiper de prises connectées, avec un coût de 10 à 25€ par prise. Par défaut et à investissement moindre on peut soit relier ses appareils à des interrupteurs comme on le ferait pour des lampes commandées à distance ou décider de débrancher sa console ou sa télé… et on arrive à la même économie ! On peut également utiliser des multiprises avec interrupteur qui permettent de gérer plusieurs appareils simultanément en ayant à couper un seul interrupteur.

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Il existe également des applications pour smartphone permettant de programmer l'allumage et l'extinction des interrupteurs et des appareils selon un calendrier. Est-ce vraiment efficace ?

Au-delà des thermostats intelligents que l’on a abordés précédemment, il existe en effet des applications pour commander ou programmer à distance des interrupteurs et des appareils en fonction de nos besoins et de nos habitudes. Ces nouvelles approches font partie de ce que l’on appelle l’internet-of-things ou IOT. Il s’agit d’un réseau d’ « objets » qui intègrent des capteurs, des logiciels, et d’autres technologies permettant de connecter nos objets du quotidien tels que les appareils électroménagers ou les voitures, voire même nos propres corps. Cela permet à partir de ces « objets » de collecter des données en continu. Les applications sont en pleine expansion et permettent de plus en plus d’utilisations : la gestion de nos déchets, la liste et les commande de nos courses, la mise en route automatique de nos machines à laver ou l’adaptation de notre chauffage à la météo, la gestion de l’éclairage en fonction des heures ou de la position du soleil, etc.On voit que l’intelligence artificielle ou le croisement de données (big data) vient peu à peu prendre le relais de la programmation réalisée de façon individuelle par nos soins.

Existe-il d’autres gadgets qui permettent de réaliser des économies d’énergie ?

Il peut, tout d’abord, être intéressant pour connaitre et ainsi mieux arbitrer les consommations des appareils les plus énergétivores en fonctionnement ou en veille de recourir à un wattmètre qui se branche entre la prise murale et la prise de l’appareil concerné. Ce genre de dispositif nous permet aussi, par exemple, de détecter les consommations cachées provenant d’un appareil éteint mais utilisant un transformateur (petit boitier noir) qui branché sur une prise de courant continue à consommer ! En fonction de la pertinence on peut imaginer de s’équiper en prise avec minuteur qui vont au bout d’un temps donné et que l’on peut prédéterminer couper automatiquement les appareils. C’est une autre façon de réduire les consommations des appareils en veille.

On a également la possibilité d’utiliser des détecteurs de mouvement qui nous permette de gérer l’éclairage en allumant automatiquement la lumière quand on rentre dans une pièce ou qu’on traverse un couloir, sans avoir à penser à éteindre. D’une façon générale il est important de se souvenir d’éteindre les lumières lorsqu’on quitte une pièce.

Pour réduire la consommation d’énergie liée à la production d’eau chaude on peut s’équiper d’économiseurs d’eau appelés aérateurs de robinet ou mousseurs qui se placent à la sortie des robinets et permettent de réduire le débit d’eau. Ils peuvent permettre d’économiser de 25 à 50% d’eau. Dans le même esprit on peut s’équiper de pommeaux de douche économes qui vont permettre de réduire le débit de l’eau de 20 à 6,5 litres/minute avec une puissance de jet pratiquement inchangé.

On recommande également de changer nos ampoules électriques par des ampoules à basse consommation ou LED qui répondent aux mêmes besoins d’éclairage que nos anciennes ampoules en consommant 6 à 10 fois moins d’électricité. Souvent on voit mentionné sur les LED les puissances équivalentes. Par exemple 9 watts=60watts, signifie que l’éclairage restitué correspond à une ampoule à incandescence ayant une puissance de 60W mais avec une puissance consommée de 9 watts soit près de 7 fois moins. Pour une maison de 65m2 la facture peut passer de 175 à 25€/an. Il est également important de bien calibrer le puissance des lampes en fonction des pièces de la maison.

On peut aussi s’équiper de rideaux épais et isolant qui vont limiter les pertes énergétiques et adopter des éco-gestes tels que le dégivrage de son réfrigérateur ou congélateur, profiter le plus possible de la lumière du jour, éviter des programmes pour lave-linges ou lave-vaisselle longs.

On peut aussi s’équiper de chargeurs solaires qui nous permettront de recharger nos téléphones ou tablettes avec l’énergie du soleil, ou encore d’éclairer nos allées extérieures ou d’utiliser des lampes d’appoint économes.

On peut également et plus radicalement décider de produire sa propre énergie grâce à l’auto-production et l’auto-consommation individuelle ou collective, encore trop peu développées en France mais en fort développement.

Avez-vous des conseils pour réaliser des économies d’énergie sans passer par la case travaux ou acheter de nouveaux appareils électroménagers moins gourmands ?

On a évoqué les différents leviers de l’efficacité énergétique précédemment.

Néanmoins il devient, en effet, également de plus en plus important de se défaire des appareils trop vieux et énergétivores pour les remplacer par des appareils bénéficiant d’une étiquette énergie plus performante.Lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, four, réfrigérateur, sont des appareils gourmands en énergie et représentent, -hors chauffage et production d’eau chaude sanitaire électrique- de 40 à 50% de la consommation des ménages. Les fabricants d’électroménagers proposent désormais des appareils plus économes. Parmi les plus performants figurent les choisir les appareils classés A+, A++ ou A+++ (catégorie la économe en énergie). Même s’ils sont un peu plus chers à l’achat on dispose de plus en plus d’informations pour calculer le retour sur investissement.

Il est tout aussi important d’adopter des habitudes simples. Ainsi souvent on recommande l’utilisation du four à micro-ondes ou à défaut du four à chaleur tournante qui permettent de réduire les temps de cuisson ou de faire cuire plusieurs plats en même temps, ou encore de privilégier une bouilloire à la casserole pour chauffer de l’eau, ou d’utiliser des plaques à induction de 30 à 50% plus économes que les plaques électriques traditionnelles.

Néanmoins, tôt ou tard il faut vraiment s’intéresser aux travaux de rénovation énergétique, car il est difficile de faire l’économie d’isoler son logement ou de ne pas opter pour des dispositifs de chauffage performants. De plus les réglementations deviennent de plus en plus exigeantes. Les logements affichant un DPE (Diagnostic de Performance Energétique)noté F ou G seront progressivement interdits à la location en 2028 car jugés « indécents », et des dizaines de milliers voire des millions de logements sont concernés partout en France.

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