Audiovisuel public : ORTF et BBC sont dans un bateau, qui fera plouf ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Maison de la radio : les lieux de pouvoir ne sont plus ce qu'ils étaient...
Maison de la radio : les lieux de pouvoir ne sont plus ce qu'ils étaient...
©LUDOVIC MARIN / AFP

Zone Franche

Qu’une fusion de l’audiovisuel public débouche sur ceci ou cela, on n’en sait strictement rien et les paris restent ouverts. Ce qu’on sait en revanche, c’est à quel point tout le monde s’en contrefout.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Comme tout le monde, j’ai bien compris que la fusion de l’audiovisuel public, soit le re­groupement de Radio France et de France Télévisions au sein d’une société unique, était un projet politique en plus d’être un projet technique et qu’on était de gauche si on y était hostile mais de droite si on lui était plutôt favorable...

Ou disons que je l’ai compris en observant ce qui se disait dans le sérail, parce qu’en en discutant avec des gens normaux ces derniers jours —un plombier, une instit, une bou­langère et un ingénieur du BTP—, j’ai surtout pris la mesure de leur totale indifférence à cet absolu non-événement. Vous en doutez ? Faites donc le test autour de vous, idéale­ment avec des professions différentes pour affi­ner mon échantillon CSP, vous constaterez à quel point tout le monde ou presque s’en contrefout.

A l’heure où les « chaînes de télé » privées ou publiques, au sens d’un flux d’émissions récurrentes à heures fixes, ne sont plus regardées que par ceux qui s’informent des pro­grammes d’Antenne 2 et de FR3 dans Télé-Poche, on comprend d’ailleurs aisément que ce soit le cas (immédiatement après avoir écrit ça, j’ai dû vérifier si Télé-Poche existait toujours. C’est bon, il est toujours ).

Avec quelque 900 canaux sur ma Freebox et YouTube dans mon iPhone, je me suis hert­ziennement « désenchaîné » moi-même il y a un bail.

Et ça marche aussi pour la radio où, si les cartes ont été largement redistribuées au cours de la der­nière décennie, France Inter étant passée devant RTL et Europe 1 semblant être revenue d’entre les morts, c’est dans un contexte d’érosion inexorable du nombre d’audi­teurs (plus d’un million de nouveaux déserteurs chaque année en moyenne).

Des types qui parlent philo, jardinage et foot dans le poste ou qui enquillent des playlists théma­tiques entre deux réclames, après tout, il y a désormais des podcasts et des Twitch pour ça.

Ça n’invalide évidemment pas les craintes des rédactions publiques sur leur éventuelle reprise en main par le « pouvoir », qui agitent le spectre d’un retour de l’ORTF avenue Kennedy et d’un Pey­refitte au ministère de l’Information, mais ce serait prétendre qu’elles n’étaient pas déjà  sous tutelle du politique et fonctionnaient tranquillement comme au­tant de petits fiefs progressistes auto-gérés sans interventions venues d’en haut...

Avoir le pouvoir et ne rien en faire, avouez que ce serait bête. Autant s’appeler Chirac ou Gaudin...

Mais ça n’invalide pas non plus l’idée qu’en ces temps de disette budgétaire, il ne soit pas raison­nable de mutualiser les dépenses et de stimuler les synergies façon BBC. Op­poser un acteur puissant et efficace aux mastodontes numériques privés dans la bataille pour le temps de cerveau dis­ponible n’a rien d'absurde, même si la lutte restera particulièrement inégale : le budget total de la nouvelle entité publique, c’est à peine plus de 4 milliards d’euros, le chiffre d’affaires de Netflix, c’est 33 milliards de dol­lars.

Alors ORTF ou BBC, du moment qu'« Un si grand soleil » reste programmé à 20h45 du lundi au ven­dredi, on comprend que ma boulangère s’en tamponne...

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