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L’application « alerte attentat » a eu une panne le soir de la tuerie de Nice
©Capture europe 1

Sécurité

L’application « alerte attentat » du gouvernement aurait dû prévenir ses utilisateurs de la tuerie de Nice en quinze minutes maximum. Le soir du 14 juillet, il lui aura fallu presque trois heures pour le faire.

Alors que la tuerie de Nice s’est déroulée vers 23 h 30, l’alerte de l’application SAIP (pour Système d’alerte et d’information des populations) du gouvernement n’a été publiée qu’à 1 h 34 dans la nuit du jeudi  14 au vendredi 15 juillet. Un lapse de temps inexcusable car l’application est censée prévenir ses utilisateurs de toute attaque terroriste en quinze minutes maximum.

Au lendemain de l’attaque meurtrière, le ministère de l’intérieur avait convoqué le prestataire de l’application, une société parisienne de géolocalisation d’environ quatre-vingts employés, Deveryware, pour  « rendre compte des dysfonctionnements constatés ». Depuis cette date, la direction de Deveryware est restée discrète et a refusé de s’exprimer publiquement les raisons de ce raté, considérant qu’il revenait à son client, l’Etat, de communiquer.

Selon les informations obtenues par Le Monde de sources concordantes, la défaillance de l’application s’explique par une succession de précipitations, de mauvaise communication et de malchance.

Une application développée à la va-vite

Tout d’abord, l’application a été développée en deux mois, avec une date butoir ferme pour sa mise en place : celle du 8 juin, deux jours avant le début de l’Euro 2016 de football. Des tests grandeurs nature ont été réalisés avant le lancement. L’application a alors fonctionné correctement. Par ailleurs, le temps manquait et la mise en place d’une solution de redondance – qui consiste à dupliquer son dispositif sur plusieurs serveurs pour assurer le fonctionnement de l’application en cas de panne de l’un d’entre eux – a été troquée contre un simple serveur chez un hébergeur externe. L’hébergeur retenu était Numergy, une société appartenant à SFR.

Panne chez le prestataire

Cependant, Numergy a vendu sa prestation sans connaître le client final de l’application, l’Etat, ni la raison d’être de l’utilisation de ses serveurs. « C’est lorsque Deveryware a contacté notre assistance technique à la veille de l’Euro que nous avons appris la nature de leurs services ; nous les avons alors alertés immédiatement sur la nécessité de prévoir une solution de redondance chez Numergy ou ailleurs pour des services aussi sensibles », explique le service de communication de SFR.

Faute de recours technique, le bon fonctionnement de l’application reposait presque entièrement sur celui des serveurs de Numergy. De plus, le 13 juillet, un câble de fibre optique est sectionné lors de travaux de génie civil, provoquant la panne de l’hébergeur, et fatalement, celle de l’application.

Après la réparation de la panne, au moment du redémarrage du système, une erreur d’affichage d’un logiciel tiers de monitoring indique à l’entreprise que l’application est à nouveau opérationnelle, affirme une source proche du dossier. La préfecture des Alpes-Maritimes transmet l’information concernant l’attentat que les ingénieurs découvrent que ce n’est pas le cas. Un nouveau redémarrage du système a donc dû être effectué. In fine, l’application parvient à envoyer une alerte avec plus de deux heures de retard.

« Un plan d’action a été demandé dans un délai très bref pour qu’un tel incident ne puisse pas se reproduire, indique-t-on au ministère de l’intérieur. Le gestionnaire de l’application s’est engagé à présenter des mesures correctives dès lundi 18 juillet pour assurer une parfaite fiabilité des modalités de déclenchement de l’alerte des populations via SAIP. » L’application devrait désormais s’appuyer sur plusieurs serveurs redondants au lieu d’un seul et le dysfonctionnement ne devrait pas se répéter.

Lu sur Le Monde

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