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Vers une épidémie 
de maladies mentales ?
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Vertigineux

Les conséquences à long terme des antidépresseurs pourraient être catastrophiques en terme de santé publique.

Sommes-nous à la veille d'une épidémie sans précédent de maladies mentales ? C'est la question posée par la très sérieuse New York Review of Books, qui a compilé trois livres récents sur les troubles mentaux et leur traitement. 

Des chiffres alarmants

Aux Etats-Unis, les statistiques sont inquiétantes. Le nombre de personnes recevant une aide financière de l'Etat pour un handicap lié à une maladie mentale a été multiplié par deux et demi entre 1987 et 2007. Plus alarmant encore, une étude de l'Institut National pour la Santé Mentale, menée entre 2001 et 2003 sur un groupe d'Américains adultes choisis de manière aléatoire, avait montré que 46 % d'entre eux avaient souffert d'un trouble mental plus ou moins léger au moins une fois dans leur vie.

En France, des statistiques datant de 2009 pointaient un trouble dépressif majeur parmi 7,8 % de la population, et un trouble sévère chez 3,2 % des Français. 

Ces chiffres sont sujet à interprétation. Est-ce qu'ils reflètent une dégradation de grande ampleur de la santé mentale des Américains et des Européens ? Ou se contentent-ils de mettre en valeur le fait que les troubles psychiatriques sont de mieux en mieux identifiés et suivis, ce qui justifierait le bond du nombre de malades ?

Médicaments : problème ou solution ?

L'article de la New York Review of Books s'interroge sur la responsabilité des médicaments. Utilisés pour régler des problèmes passagers, ils sont accusés par certains praticiens de déséquilibrer à long terme le fonctionnement du cerveau, et donc d'allonger ou de multiplier les maladies mentales.

Depuis une cinquantaine d'années, les traitements psychiatriques reposent sur l'hypothèse rassurante que les troubles mentaux sont dus à des déséquilibres chimiques à l'intérieur du cerveau. Les médicaments mis au point, comme les antidépresseurs, ont eu pour but de corriger ces déséquilibres en agissant au niveau des connexions synaptiques : si une dépression se manifeste par un faible taux de sérotonine, le traitement a pour objet de stimuler sa production. Cette certitude a fait le succès des antidépresseurs, comme le Prozac, star de sa catégorie. 

Robert Whitaker, journaliste spécialiste de la santé, tire à boulets rouges sur cette théorie, qui s'est avérée bien lucrative par les laboratoires :

"Avant le traitement, les patients souffrant de schizophrénie, de dépression ou de tout autre trouble psychiatrique ne souffrent d'aucun "déséquilibre chimique". Cependant, dès qu'une personne suit une prescription psychiatrique qui, d'une manière ou d'une autre, perturbe la mécanique habituelle d'un passage neuronal, son cerveau commence à fonctionner... anormalement."

D'après lui, les médicaments ont mis à mal la physionomie des maladies mentales. Là où la plupart des dépressions ou des crises de schizophrénie ne duraient pas plus de 6 mois, ces durées seraient aujourd'hui bien plus longues. Au point de devenir des maladies chroniques. La recherche d'un soulagement du patient à court terme pourrait donc hypothéquer son bien être mental à long terme.

Les travaux de l'Italien Giovanni Fava, commentés par le Daily Beast, sont aussi sceptiques avec ces médicaments. Ils montrent que plus un antidépresseur est administré longtemps, et moins il devient efficace. 

La recherche à la traîne

Face à cette inquiétante énigme sur le rôle des antidépresseurs, les chercheurs en neuroscience se plaignent de la réduction des crédits pour la recherche, à la fois par les laboratoires et la puissance publique. Des laboratoires comme GlaxoSmithKline ou AstraZeneca sont accusés d'avoir mis fin à leurs travaux de recherches sur les troubles mentaux et les maladies dégénératives du cerveau comme Alzheimer. 

La recherche dans ce domaine est vue comme particulièrement compliquée et aléatoire en matière de résultats par les chercheurs et les décideurs chargés de décider des investissements. Cela ne devrait pas aider à dissiper ou confirmer les soupçons autour de la responsabilité des antidépresseurs. 

Lu sur la New York Review of Books

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