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Xi Jinping met à profit sa tournée africaine pour consolider l’OPA de la Chine sur le continent noir
©KARIM SAHIB / AFP

Coopération

Le président chinois est en Afrique jusqu'au 27 juillet, dans le cadre des préparatifs du sommet Chine-Afrique qui se tiendra à Pékin en septembre, et de la signature de nouveaux accords de coopération.

Barthélémy Courmont

Barthélémy Courmont

Barthélémy Courmont est enseignant-chercheur à l'Université catholique de Lille où il dirige le Master Histoire - Relations internationales. Il est également directeur de recherche à l'IRIS, responsable du programme Asie-Pacifique et co-rédacteur en chef d'Asia Focus. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les quetsions asiatiques contemporaines. Barthélémy Courmont (@BartCourmont) / Twitter 

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Atlantico : Le président chinois Xi Jinping se rendra en Afrique cette semaine du 20 au 27 juillet. Le poids économique de la Chine et ses ambitions stratégiques augmentent d'année en année sur le continent, si bien que le pays est devenu le plus grand partenaire commercial de l'Afrique, dépassant les États-Unis il y a près d'une décennie. Que doit-on attendre de cette visite du président chinois ? Quels en sont les enjeux ?

Barthélémy Courmont : Quatre pays -Sénégal, Afrique du Sud, Rwanda et Maurice, sont au programme de la visite de Xi Jinping en Afrique, après un passage par les Emirats arabes unis. Si son passage à Johanesbourg est justifié par le 10e sommet des BRICs, ses autres escales s'inscrivent dans les préparatifs du sommet Chine-Afrique qui se tiendra à Pékin en septembre, et de la signature de nouveaux accords de coopération. On note que le choix des pays visités n'est pas anodin à deux titres. D'abord, ils représentent différentes régions du continent, comme si le président chinois souhaitait, en quelques jours seulement, effectuer un tour de l'Afrique (il rencontrera par ailleurs le président égyptien Sissi lors de son séjour à Johanesbourg). D'autre part, ces visites s'inscrivent non seulement dans la dynamique des nouvelles routes de la soie et des investissements chinois, mais aussi dans une dimension culturelle. Il va ainsi participer à une réception au Musée des civilisations noires de Dakar, que la Chine a financé. En clair, il ne s'agit pas simplement de signer des contrats commerciaux, mais surtout de signifier l'étendue des partenariats entre la Chine et les pays africains, et d'insister sr l'amitié avec les peuples d'Afrique chère aux dirigeants chinois.

Quelle est aujourd’hui la réalité de l'influence chinoise en Afrique ? Comment est-elle perçue à l'international ?

Depuis une décennie, la Chine est le premier partenaire commercial du continent. Ajoutons à cela l'importance croissante des investissements inscrits dans le cadre des nouvelles routes de la soie, une présence militaire à Djibouti, et des relations diplomatiques qui ont très fortement progressé. Depuis 2000 et la mise en place des sommets Chine-Afrique, tous les pays du continent se sont rapprochés de Pékin, y-compris ceux qui, comme le Tchad, le Burkina Faso ou le Swaziland, entretenaient des relations diplomatiques avec Taipei avant de privilégier Pékin. Cette influence est grandissante, et elle est multiforme. Les programmes d'accueil des étudiants africains dans les universités chinoises ont fortement augmenté, l'apprentissage du mandarin en Afrique ne cesse de croître, et les investissements, nous l'avons mentionné, ont explosé. Selon la China Africa Research Initiative, les investissements chinois en Afrique sont passés de 2,5 milliards de dollars en 2003 à 34,6 milliards en 2016! Pendant la même période, les autres grandes puissances n'ont pu que constater les dégâts, à savoir qu'elles sont désormais dépassées par Pékin.

En devenant ainsi un –si ce n'est le- des partenaires les plus importants en Afrique, la Chine se voit octroyer plusieurs critiques. Beaucoup y voient là une forme de néo-colonialisme. D'autres saluent cette coopération et en vantent les bienfaits économiques pour les deux partis. Qu'en est-il réellement ?

Les critiques sont légitimes, et accompagnent les incertitudes liées aux intentions autant qu'aux moyens dont dispose la Chine. Par ailleurs, le principe gagnant-gagnant mis en avant par Pékin, qui suppose la non ingérence dans les questions de politique intérieure et l'absence de conditions de bonne gouvernance associées aux investissements, se heurte aux réalités politiques africaines. Dès lors que les intérêts chinois seront confrontés à des risques d'instabilité, il est évident que Pékin se montrera plus actif sur des terrains qu'il refuse jusqu'à présent de fouler. Est-ce du néocolonialisme? Le terme est sans doute excessif, et se confronte notamment à une image globalement positive de la Chine en Afrique. Or, qui mieux que les Africains peut définir quelles sont les puissances néocoloniales? Il faut contextualiser la relation Chine-Afrique, et sortir pour cela de nos visions occidentales. Pour autant, ne cédons pas non plus à une forme d'hystérie: la Chine défend avant tout ses intérêts, en Afrique comme ailleurs.

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