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VIH non transmissible : attention à ne pas transformer une excellente nouvelle aujourd’hui en mauvaise demain
©Reuters

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Selon une étude publiée vendredi dans la revue The Lancet, un traitement efficace par antirétroviraux empêche bien la transmission du virus du sida chez les couples d'hommes qui ont des rapports sexuels non protégés et où l'un des partenaires est séropositif.

Christopher Payan

Christopher Payan

Christopher Payan est virologue au CHU de Brest et professeur à la faculté de médecine de l'université de Bretagne Occidentale (Brest).

Il est l'un des auteurs de Mini manuel de microbiologie (Editions Dunod)

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Atlantico.fr : Une expérimentation récente, réalisée sur 1.000 couples homosexuels, conclut que le risque de transmission du VIH sous traitement est nul. Ce n'est pas une nouveauté, toutefois, à quoi peut-on imputer cette "bonne nouvelle" ? Comment agit le traitement ? 

Christophe Payan : C'est effectivement un des objectifs du traitement que d'empêcher la transmission à d'autres personnes, quel qu'en soit le mode. Il est utilisé depuis plus de 20 ans pour bloquer la transmission de la mère séropositive à son enfant en poursuivant le traitement pendant la grossesse. La trithérapie a permis pour la première fois au début des années 2010 la baisse de l'incidence de l'infection à VIH en Afrique avec plus de 50% des patents traités, ainsi en 2017, l'OMS rapporte une baisse de 36% des décès liés au VIH grâce à ces traitements. Reste que 1/3 des personnes vivant avec le VIH ne le savent pas et donc ne sont pas traités et donc sont à risque de transmettre le virus. Un des objectifs de l'OMS est d'améliorer le dépistage pour réduire encore le risque avec le traitement. Celui-ci est basé sur la trithérapie depuis 1996, il combine 3 molécules anti-rétrovirales pour bloquer le virus dans la cellule infectée par 3 actions complémentaires et empêcher l'apparition de virus mutant résistant au traitement. Le traitement empêche le virus de se reproduire (il devient indétectable dans le sang et donc ne se transmets plus) mais ne le détruit pas (si on arrête le traitement, le virus se reproduit à nouveau et donc peut se transmettre à nouveau). Pour parvenir à un traitement efficace, il faut que le patient le prenne dans sa totalité (observance), cela a été grandement amélioré avec la diminution importante de la toxicité des anti-rétroviraux depuis 20 ans et leur combinaison dans un seul comprimé à prendre par jour. Ainsi le patient n'est pas tenté de l'arrêter pour des problèmes de tolérance, et si c'était le cas, il ne pourrait continuer un traitement partiel en abandonnant les molécules les moins bien tolérées dans la combinaison (puisqu'elles sont liés dans le même comprimé), donc soit il prend tout, soit il ne prend rien et alors le virus repart! C'est ce qui permet aujourd'hui de maintenir le traitement chez les personnes vivant avec le VIH pendant très longtemps; à titre individuel, il ne développera pas de SIDA, à titre collectif, il ne transmettra plus le virus.

S'il existe une manière d'empêcher la transmission du VIH, il y a aussi d'autres MST. Notamment la syphilis, qui existe toujours en France et qui n'a donc pas été éradiquée. Ces autres MST sont-elles aussi difficiles à soigner ?

Oui, il existe d'autres MST, c'est le risque avec le message de la BBC, avec la trithérapie qui protège du VIH c'est de voir une baisse de la prévention des autres MST comme syphilis, gonoccocie, herpes et papillomavirus, sans doute le plus fréquent dans le monde. Le traitement anti-rétroviral ne vise que le VIH et donc ne prend pas en compte les autres infections sexuellement transmissibles. Ainsi ont-elles tendances à augmenter avec la baisse du VIH. Le seul moyen qui couvre l'ensemble (partiellement le papillomavirus), c'est le préservatif. Il existe des antibiotiques pour la syphilis et la gonoccocie, un traitement antiviral pour les formes graves de l'herpès, la vaccination pour se protéger du papillomavirus (mais pas de traitement antiviral pour ce dernier).  

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