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Tour d’Europe des campagnes pour les Européennes : direction le Danemark (et son estomaquante vidéo anti-abstention)
©Reuters

Et chez vous, comment ça va ?

Onzième étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : le Danemark. Pays prospère mais très méfiant face à l'euro qu'il n'a pas adopté, le scrutin des européennes – traditionnellement moins mobilisateur – verra sans doute l'émergence de mouvements eurosceptiques.

Cyril Coulet

Cyril Coulet

Cyril Coulet est chercheur, spécialiste des pays scandinaves, et auteur de l'ouvrage "Les pays nordiques face à la crise" publié en 2010.

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Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats au Danemark ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

Cyril Coulet : Le Parti populaire danois, eurosceptique, insiste sur les contrôles aux frontières, sur la contribution du Danemark au budget européen, mais aussi sur les exemptions en matière de politiques communautaires sans que soit précisé lesquelles. Du coté du gouvernement des sociaux démocrates, en revanche, on évoque les questions autour de la protection des travailleurs et de l'environnement ou encore de la lutte contre l'évasion fiscale.

Au Danemark, les problématiques nationales sont souvent mises en avant quand on parle d'Europe. Il faut savoir que ce pays a rejoint l'Europe en 1973, non par choix mais en suivant le Royaume Uni. Le Danemark s'est toujours pensé dans son encrage local. Il  a conscience que c'est un petit pays au sein de l'Europe et a peur de se retrouver absorbé dans un ensemble plus vaste. Cette défiance se retrouve dans la campagne des européennes.

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Le Danemark ne fait pas partie de la zone euro. La première ministre a déclaré qu'elle souhaitait à titre personnel que çe soit le cas. Est-ce un thème de campagne ?

La Première ministre a voulu donner un signal europositif auprès de son électorat. Mais globalement il n'y a pas grand monde pour soutenir l'adhésion du Danemark à l'euro. Il y a un consensus sur le fait de ne pas y aller et la crise économique n'a pas renforcé l'attractivité de l'euro.

Les pays du nord disent que ceux du sud ne savent pas gérer leurs finances. Le Danemark est dans une situation confortable, avec les avantages de faire partie de l'Union européenne. La solidarité européenne n'est pas présente. Le gouvernement actuel voulait s'inscrire en rupture avec les eurosceptiques. Ils sont plus europhiles que le précédent mais il a négocié l'alignement du pays sur le Royaume-Uni afin de moins contribuer au budget européen. Il s'est ensuite félicité du rabais et ne montre donc pas une posture très solidaire. Cela traduit une défiance à l'égard de l'Europe.

Quelles sont les forces en présence, et à quels résultats s'attend-on ?

Selon un sondage Epinion du 6 mai dernier, c'est le Parti populaire danois qui arriverait en tête avec 26%, suivi du Parti libéral (gauche) avec 24% et des sociaux démocrates, qui réalisent 21,5%. Le Parti du peuple contre l'Union européenne, eurosceptique, ferait 8%. Ce parti est nouveau dans le paysage politique.

Qu'en est-il justement des partis dits eurosceptiques ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ?

La contestation de l'Europe est plutôt porteuse et c'est un parti eurosceptique qui pourrait l'emporter. Pourtant, la confiance envers le Parlement européen a progressé avec 44% en 1993 et 60% en novembre 2013 . Même chose au niveau des bénéfices de l'appartenance à l'UE tandis que l'image envers l'UE est stable, de 35% positive à très positive en 2003 à 34% en 2013.

A quel niveau de mobilisation des Danois s'attend-on ? Un dessin animé a récemment été mis en ligne par le Parlement danois, où l'on suit les aventures de "Voteman". Elle a fait scandale et a été finalement retirée. Le buzz a t'il été important ?

L'objectif était de mobiliser les jeunes électeurs à ce scrutin avec la crainte d'une faible participation, d'où le ton très décalé. En moyenne, le taux de participation aux élections est de 85%, contre 59% aux dernières européennes. La population danoise a été plutôt choquée. Le thème "sex drug and rock and roll" du personnage central et la violence sont surprenants, ça se voulait humoristique mais ça n'a pas bien marché. Ce n'est pas ça qui va convaincre les électeurs de voter. Cette vidéo ne fait pas parler de l'Europe et elle a donné un message négatif sur l'Union européenne.

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