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Maroc : un TGV nommé désir
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Locomotivé

En lançant le chantier du TGV qui reliera Tanger à Casablanca, Nicolas Sarkozy et Mohammed VI ont inauguré jeudi le premier rail à grande vitesse du monde arabe et d’Afrique. Vu du Maroc, ce TGV suscite l'adhésion du peuple.

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui est directeur général du cabinet de communication d'influence Guepard Group.

Il est l'auteur du livre Intelligence Economique et guerres secrètes au Maroc (Editions Koutoubia, Paris).

 

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Depuis quelques jours, le TGV est devenu le sujet du moment pour les Marocains, Internet devenant le théâtre de débats passionnés entre « pros » et « anti » Ligne à Grande Vitesse (LGV). Mais pour l’homme de la rue, il semble ne pas y avoir d’équivoque, le futur train à grande vitesse qui reliera Tanger à Casablanca constitue une « immense fierté », en grande partie parce que le Maroc devient  le premier pays arabe et africain à s’équiper de cette technologie, et ce bien que ne disposant pas de « manne pétrolière ».

Pour Rabat comme pour Paris, le TGV est un chantier stratégique prioritaire, dont le principe avait été acté lors de la visite d’État de Nicolas Sarkozy à Marrakech en 2007. A l’époque, l’annonce avait surpris, et beaucoup l’avaient mise sur le compte du dépit de la France de n’avoir pu vendre ses avions de combat « Rafales » au Royaume chérifien. Nombre d’experts estimaient alors que le TGV constituait une sorte de lot de consolation, et qu’il ne « sortirait jamais de terre », restant cantonné à jamais dans les cartons des promesses inachevées.

Près de quatre ans plus tard, les faits ont donné tort aux « TGV-pessimistes » des deux rives, et le Maroc – après avoir terminé les études de faisabilité, d’impact environnemental et de tracé - est donc en passe de mettre le TGV sur les rails. Ce projet, qui devrait permettre de relier Casablanca à Tanger en un peu plus de deux heures à l’horizon 2015, s’inscrit dans une doctrine d’investissements massifs dans les infrastructures, initiée par le pays dès le début de la décennie 2000.

Cette stratégie a ses détracteurs, qui souhaiteraient voir le Maroc investir moins dans les infrastructures et plus dans l’éducation ou le social. Or, bien que ces arguments constituent des revendications légitimes qui méritent d’être entendues par les pouvoirs publics, la question du TGV va au delà du simple équipement en infrastructures, car il s’agit là de la projection de puissance du Royaume, et du projet de société que le Maroc souhaite proposer à ses citoyens.

En se dotant de la grande vitesse, Rabat souhaite en effet impulser une triple dynamique, dans laquelle s’incarne le désenclavement de ses territoires, l’attractivité du pays en termes d’investissements directs étrangers (IDE), ainsi que l’audace d’une nation toute entière qui souhaite faire passer son développement à la vitesse supérieure.

Ainsi, en 2015, il sera possible de travailler à Rabat et de vivre à Tanger, ce qui ouvre de toutes nouvelles perspectives en termes de mobilité du travail, où le Maroc est encore à la traîne. De même, la grande vitesse ouvre la voie à des transferts de technologie et de savoir-faire qui permettront le renforcement de la position de « Hub » régional du Maroc pour les investissements étrangers, ces derniers montant progressivement en puissance comme en qualité.

Enfin, pour les marocains, le TGV constitue très certainement le dernier palier à franchir avant la ré-ouverture du projet le plus ambitieux qu’ait jamais connu la Méditerranée : la mise en place d’une liaison fixe Maroc-Europe, qui prendrait vraisemblablement la forme d’un pont d’une vingtaine de kilomètres reliant Tanger à la pointe de L’Espagne. Ce « pont entre deux rives » fait de plus en plus de sens tant du point de vue des liens économiques très fort qu’entretient le Royaume avec l’UE qu’à l’égard du potentiel que représente le marché africain pour les entreprises européennes, qui utiliseraient alors le Maroc comme leur base logistique principale.

Reste, là aussi, à convaincre les sceptiques des deux bords. Mais il semblerait que ce projet, comme le TGV, remporterait l’adhésion populaire. Ne lui manquerait alors qu’un ingrédient : un financement de qualité dans un monde au bord de la cessation de paiement.

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