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"Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé" : 13 novembre 2015. Un récit poignant
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Comme un chœur tragique, les voix des victimes et des secouristes. De : Laurent Gaudé Actes Sud Parution le 10 avril 2024 133 pages 14,50 €

Anne-Marie Chambon

Anne-Marie Chambon

Anne-Marie Chambon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Vendredi 13 novembre 2015, personne ne peut oublier cette date et les attentats perpétrés à Paris. A travers les destins de victimes, sorties pour prendre un verre en terrasse ou pour écouter un concert au Bataclan ou simplement profiter de la douceur automnale, Laurent Gaudé nous replonge dans cette soirée funeste. Avec une diversité de protagonistes, du côté des victimes et du côté des secouristes, Laurent Gaudé mêle les voix et les sentiments avec sensibilité.

POINTS FORTS

L’écriture à la première personne : Je, nous … permet de s’identifier immédiatement aux victimes et aux secouristes. Nous sommes immergés parmi eux.

Les mots des vivants se mêlent à ceux des morts.

Au milieu de l’horreur, l’humanité des secouristes (pompiers, policiers, soignants) sidérés par ce qu’ils affrontent, nous redonne espoir.

L’écriture est belle, bouleversante, poignante, intense.

La lecture s’avère éprouvante mais très émouvante. 

Le texte bref (133 pages) où sont évoqués la peur, l’horreur, la bestialité, mais également l’espoir, l’amour, l’empathie et la solidarité accapare et absorbe le lecteur. 

QUELQUES RÉSERVES

Aucune réserve car il est impossible de lâcher Terrasses en cours de lecture, certes nous connaissons les faits, mais Laurent Gaudé nous y plonge avec humanité et sensibilité. 

ENCORE UN MOT...

A lire en mémoire des victimes. C’est un hommage tout en finesse. Un coup de poing tout en délicatesse.

Culture-Tops a chroniqué Terrasses (pièce de théâtre)

UNE PHRASE

“La journée passe. Pour nous tous. Bientôt il sera difficile d’en dire quoi que ce soit … Un jour normal - ce qui veut dire que rien n’empêchait le cours de nos vies. Certains ont été chanceux, d'autres pas, mais ce n’est pas cela qui va marquer cette journée. Bientôt nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient. C’est comme un trou noir en fin de journée qui va dévorer tout ce que nous aurons vécu pour arriver jusqu’à lui. Seul compte l’abîme. Et il est tout près.” Pages 18/19

“Nous sommes assis en terrasse. Nous bavardons. Buvons. Racontons notre semaine ou nos projets. Il y a des éclats de rire et des silences gênés. Des yeux qui se cherchent, des mains qui se touchent. Nous ne sentons pas que quelque chose a changé. Il est là. Le Hasard. Il s’avance, descend la rue de son pas irrégulier, murmurant entre ses dents une chanson au refrain effrayant : « Toi, oui…Toi, pas… » Mais qui l’entend pour l’instant ? Qui se doute qu’il est venu pour régner et que c’est lui, désormais, qui va décider de nous, décider de tout.” Page 23

“Nous avons appris qu’on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s’attarder autour d’un verre avec des amis. Et pourtant il faut continuer. Vivre. Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés.” Page 131

L'AUTEUR

Laurent Gaudé, né à Paris en 1972, est un auteur prolifique et éclectique : romans, nouvelles, récits, poésie et théâtre. 

Depuis 2001, il enchaîne les distinctions avec notamment : 

En 2002, La Mort du roi Tsongor, son deuxième roman est récompensé par le prix Goncourt des lycéens.

En 2004, Le Soleil des Scorta est récompensé par le prix Goncourt.

L’œuvre de Laurent Gaudé connaît un rayonnement mondial.

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