Selon un rapport des services de renseignement américains, Benyamin Netanyahou pourrait être bientôt éjecté de son poste de Premier ministre<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon ce rapport, le gouvernement israélien, déjà impopulaire avant les attaques du Hamas, a perdu la confiance des électeurs après les attentats du 7 octobre.
Selon ce rapport, le gouvernement israélien, déjà impopulaire avant les attaques du Hamas, a perdu la confiance des électeurs après les attentats du 7 octobre.
©RONEN ZVULUN / POOL / AFP

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Dans une note révélée par le Financial Times, les services de renseignement américains parlent d'une situation précaire pour le gouvernement Netanyahou.

Denis Charbit

Denis Charbit

Denis Charbit est professeur de science politique à l'Université ouverte d'Israël. Son dernier livre publié : « Israël et ses paradoxes » (éditions du Cavalier Bleu en 2023).

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Atlantico : Dans une note révélée par The Financial Time, les services de renseignement américains parlent d'une situation précaire pour le gouvernement Netanyahou. Une chute rapide de son gouvernement est-il scénario envisageable ? 

Denis Charbit : Je ne crois pas à la chute imminente du gouvernement. Le seul scénario qui me paraît plausible, c'est le départ du parti de l’opposition qui avait rejoint la coalition au lendemain du 7 octobre. Mais même si  Benny Gantz et son parti se retirent, cela n'affecterait guère la majorité parlementaire du gouvernement qui a été formé en décembre 2022 et dispose toujours de 64 députés à la Knesset. On peut imaginer qu'une des factions d'extrême droite estime le moment opportun pour procéder à des élections, sinon je ne vois pas la coalition voler en éclats. Il est peu probable, en temps de guerre, qu'un parti de la coalition actuelle se retire, plongeant le pays dans une nouvelle campagne électorale.
Il faudrait que se produise une catastrophe telle que ce serait le Premier ministre qui démissionnerait lui-même. Çela ne viendra pas d'un parti de sa coalition.

Selon ce rapport, le gouvernement israélien, déjà impopulaire avant les attaques du Hamas, a perdu la confiance des électeurs après les attentats du 7 octobre. Cette situation le met-il en difficulté immédiate ? 

Le gouvernement actuel ne suscite guère la confiance et la sympathie d'une grande partie de l'opinion. Mais il ne fait plus face à une protestation comme au printemps dernier car on est en temps de guerre. Et en temps de guerre, on n'estime pas devoir faire tomber un gouvernement. On règlera les comptes une fois la guerre terminée. Des gouvernements qui perdent le soutien de la population, on connaît ça tout le temps et partout, dans toutes les démocraties. Ce n'est pas un phénomène propre à Israël. Le gouvernement actuel ne soulève guère d'enthousiasme. C'est le moins qu'on puisse dire. La méfiance règne. Mais encore une fois, n'oublions pas l'état de guerre. Il paralyse un grand nombre d'Israéliens qui pense que ce gouvernement doit partir. Le scénario d’une pression populaire qui pousserait à de nouvelles élections ne peut avoir lieu qu’à la fin des opérations militaires.
Le printemps et l'été 2023 ont été marqués par une vague de protestation contre la réforme judiciaire. 
Le gouvernement n'en menait pas large. Il a eu du mal à mobiliser l'opinion qui a voté pour lui. Et pourtant, il n'a pas démissionné. Il faut faire la distinction entre l'impopularité du gouvernement et la conclusion qu'il en tirerait, démissionner et procéder à de nouvelles élections. Je pense qu'entre les deux, il demeure encore un écart important.
Au lendemain du 7 octobre, la popularité du gouvernement n'a jamais été aussi faible. Cela est dû à l'ampleur de la faille politique, diplomatique et sécuritaire. Mais la mobilisation générale déclarée le lendemain a suscité une vague patriotique. Elle n'a pas profité au gouvernement, mais lui a donné le souffle nécessaire pour mener les opérations. Tout le monde a été et reste convaincu que cette guerre est une nécessité, qu'il faut y aller, conscient des risques que l'on peut courir individuellement lorsqu'on est soldat sur le front. Mais outre la surprise totale, c'est toute la fonction publique, toutes les autorités qui ont failli.

Depuis quelques semaines, on réclame des élections immédiates. Tout le monde en comprend la logique, mais le sentiment général c'est qu'il est prématuré d'organiser des élections.

Les Américains affirment que si les objectifs militaires définis par le gouvernement sont soutenus par les Israéliens, ces derniers doutent de ses capacités à les mener à bien. Que pensez-vous de cette analyse ? 

Les Israéliens ont soutenu la guerre et ceux qui n'y étaient pas favorables se sont gardés de le déclarer  au lendemain du 7 octobre. Mais la guerre se prolonge. On commence à avoir des doutes non pas tant sur la justesse de l'objectif que sur la capacité à le réaliser sur le terrain. On abat des responsables du Hamas, on a négocié la libération d'un certain nombre d'otages. Mais on voit également les problèmes humanitaires qu'entraîne la poursuite de la guerre. Quelle conclusion en tirer ? Certains Israéliens se demandent aujourd'hui si on n'a pas fixé des objectifs trop vagues. Mener une guerre de guérilla prend du temps. Ce temps-là, la communauté internationale l'a accordé à Israël. Elle ne le lui a pas ôté mais elle commence à émettre des doutes. Inversement, les discours officiels affirment qu’on est proche du but. Beaucoup d’Israéliens veulent y croire. Si l'on finit par se rendre compte que la victoire n'est pas à portée de la main, le désarroi sera immense. En quel cas, les jours de gouvernement seront comptés, non à cause de la défaillance sécuritaire ou le stratagème et la ruse du Hamas, mais parce qu'ils ont surestimé les capacités de l'armée israélienne à mener cette guerre. 

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