Second tour des législatives 2024 : Emmanuel Macron non-clarifie la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron.
©MOHAMMED BADRA / POOL / AFP

Le flou total

Une seule certitude en ce lendemain de deuxième tour des législatives anticipées : le scrutin n’a pas permis de dégager de majorité dans la nouvelle assemblée.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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 Une seule certitude en ce lendemain de deuxième tour des législatives anticipées : le scrutin n’a pas permis de dégager de majorité dans la nouvelle assemblée. Le Rassemblement National, que l’on disait favori de ce scrutin, n’a obtenu ni majorité absolue, ni majorité relative ; certes le nombre d’élus RN passe de 89 à 143 ; mais il est devancé par la  coalition de gauche (- le NFP qui réunit Insoumis, les Socialistes et les Ecologistes), obtient 182 élus, et celle de l’ancienne majorité  (-Renaissance ,plus Modem, plus Horizons totalise) 168 députés et sauve les meubles ; résultat qui aurait fait dire à Gabriel Attal, cité par le Monde «  « On a bien fait de se battre jusqu’au bout ! »  Le Front Républicain a fonctionné, mais, faute de majorité obtenue par un camp, la situation politique est loin d’être clarifiée !  

« Et maintenant on fait quoi ? » Une fois n’est pas coutume c’est en citant « la Une » de notre confrère Le Parisien-Aujourd’hui en France qui a préféré la photo d’Emmanuel Macron pensif à un « camembert » du nouvel hémicycle de l’Assemblée Nationale, nous commençons cet article … Car bien malin celui ou celle qui, en ce lendemain de deuxième tour est en mesure d’avancer une hypothèse satisfaisante pour le plus grand nombre. « La France est ingouvernable », a lancé le vice-président du RN, Louis Aliot sur RTL ; le maire de Perpignan qui dissimulait à peine ses critiques contre la façon dont la direction de son parti a préparé et mené cette campagne… « Nous allons gouverner… La première question « c'est pour faire quoi ? c'est ça qui m'intéresse, et le « pour faire quoi ? »  va déterminer « avec qui ? », a déclaré Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts, révélation de cette campagne…« Le NFP proposera un gouvernement dès cette semaine », affirme de son côté le sénateur écologiste de Paris, Yannick Jadot. Dès cette semaine ? Vraiment ?

Tout peut aller très vite, mais tout peut également trainer… Dans un premier temps Gabriel Attal va présenter sa démission comme la coutume républicaine l’exige…combien de temps sera-t-il appelé à « expédier les affaires courantes » ? Emmanuel Macron détient la clef de la réponse. Le 18 juillet l’assemblée fera sa rentrée et devra élire son président ou sa présidente …Faute de majorité absolue après les deux premiers tours, le ou la candidate en lice qui obtiendra le plus de sa voix au troisième tour sera élu( e). A ce stade, c’est le RN qui a le plus de députés hors coalition.…Si les députés ne veulent pas que le RN rafle tous les postes, il va bien falloir discuter, négocier, pour la répartition des postes au sein de l’Assemblée, nouveau cœur du pouvoir…

« Je procéderai en fonction de la Constitution et de la force politique en tête » aurait déclaré dimanche soir Emmanuel Macron cité par Politico… On l’imagine mal obéir aux injonctions d’un Jean-Luc Mélenchon, paraphrasant Mac Mahon (- se soumettre ou se démettre) qui haranguait devant les caméras ,en tentant de préempter la victoire : « Le président de la République doit s’incliner, Attal doit s’en aller  » « Aucune coalition des contraires », lui répondait en écho le premier secrétaire du PS , Olivier Faure. Son allié Raphael Glucksmann, fort de son expérience au Parlement Européen, se montrait plus pragmatique : « il va falloir parler, il va falloir discuter, il va falloir dialoguer ». Dialoguer avec qui ? Les Républicains ? C’est le Président de la République qui nomme le premier Ministre ; certains imaginent déjà François Hollande, homme de dialogue, à Matignon... Ce qui ne manquerait pas de sel, mais aujourd’hui tout est possible . Car Emmanuel Macron est un président affaibli ; son camp sauve les meubles au-delà des prévisions, mais en déclenchant une dissolution sans concertation préalable, il a cristallisé les rancœurs et ouvert de facto la campagne pour la prochaine présidentielle.  Gabriel Attal qui s’est dépensé matin et soir pour soutenir les candidats de la majorité sortante a rappelé que « cette dissolution, je ne l’ai pas choisie, mais j’ai refusé de la subir », entend profiter du leadership  que lui a conféré cette campagne,  à l’Assemblée. Edouard Philippe qui n’est plus député mais dont les amis forment le groupe Horizons, y est également allé de son tacle et a lancé un appel à le rejoindre. Il avait reproché à Emmanuel Macron d’avoir « tué » la majorité. La situation de 2024 est totalement inédite.

Pour rappel en 1997, après la victoire de la gauche, cela « avait secoué »  au RPR, le parti majoritaire à l’époque . Jacques Chirac était resté impuissant devant la revanche des Balladuriens évincés après son élection deux ans plus tôt. Malgré la cohabitation, Jacques Chirac avait été réélu en 2002. Si l’on remonte plus loin, en 1967, deux ans après la réélection du Général de Gaulle la majorité gaulliste avait été reconduite avec une très courte majorité puisqu’elle ne disposait que  d’une voix d’avance. Un an plus tard, la France vivait les « évènements de mai 68 »…Et l’année suivante, invoquant l’échec du référendum sur la régionalisation, le Général de Gaulle, a démissionné …Dans un mois, dans un an, où en serons-nous ?

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