Retraite : Plus la gauche et les syndicats bloquent la réforme, plus les Français se tourneront vers des régimes par capitalisation<!-- --> | Atlantico.fr
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En fait, le politiquement correct, en France, protège le principe de la retraite par répartition parce que la répartition est au cœur de notre modèle social dominé par le paritarisme syndical.
En fait, le politiquement correct, en France, protège le principe de la retraite par répartition parce que la répartition est au cœur de notre modèle social dominé par le paritarisme syndical.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Atlantico Business

C’est une évidence. Si la retraite par répartition ne parvient pas à sécuriser son équilibre, les Français se tourneront vers des systèmes complémentaires par capitalisation. Que les syndicats le veuillent ou non. Que le gouvernement intègre cet outil à ses réformes ou pas.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Une retraite par capitalisation ne fera pas de miracle… Mais elle est capable dapporter des compléments de ressources à des pensions de retraite hypothéquées par les évolutions démographiques, comme cest le cas actuellement.

Actuellement, lidée de la capitalisation est complètement taboue dans le débat sur les retraites. Personne nose ouvrir cette voie de réforme qui a fait ses preuves dans la plupart des pays développés. Aux Etats-Unis comme en Allemagne.

Et quand les voix s’élèvent de temps en temps comme celle de David Lisnard, le maire de Cannes, ou de l’économiste Jacques Garello pour expliquer que peut-être, il y a là un début de solution, elles sont très rapidement couvertes par le brouhaha des manifestations.

En fait, le politiquement correct, en France, protège le principe de la retraite par répartition parce que la répartition est au cœur de notre modèle social dominé par le paritarisme syndical. C'est dans l’ADN de la gouvernance française. En théorie, les syndicats ont le pouvoir de gérer les régimes. 

La retraite par capitalisation ouvre la voie à lindividualisation des retraites, parce que chaque retraité peut prendre ses responsabilités. Culturellement, cest très diffèrent.

La retraite par répartition répond à une logique assurancielle. Dun côté, nous avons des salariés qui cotisent pendant leur vie active pour sacheter la promesse dune pension de retraite quand ils arrêteront de travailler. Comme dans une société dassurance, cest le montant des primes perçues qui financent les pensions. Il faut donc que le système soit à l’équilibre pour que les promesses soient tenues. Tout dépend du montant des cotisations, du montant des pensions, et par conséquent du nombre des actifs comparés aux inactifs. Pendant des années, on a réussi à maintenir l’équilibre en adaptant le montant des cotisations et des pensions. Quand les actifs nont pas été assez nombreux pour assurer les pensions de retraites, et bien les régimes par répartition ont commencé à emprunter. En fait, les systèmes de retraites par répartition ont réinventé le principe de Ponzi avec la bénédiction de l’État et du contribuable. Cette situation est évidemment intenable à terme, doù la nécessité de trouver des recettes supplémentaires et allongeant la durée de cotisations ou en décalant l’âge légal de repart à la retraite. Ce qui ne passe pas politiquement.

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La retraite par capitalisation répond à une logique de placement. Les salariés sont invités à mettre de l’épargne qui sera investie dans l’économie et les produits de ces placements serviront de compléments de retraites le jour venu. Alors cette épargne peut être gérée individuellement, si les gens sont riches, ou collectivement dans le cadre des fonds de pension. Cette épargne sert à alimenter les fonds de retraite mais elle sert aussi à financer l’économie puisquelle est investie dans les entreprises.

Cette formule de capitalisation na rien de miraculeux. Son efficacité dépend de la situation économique et boursière. Plus la croissance est forte, plus il y aura de travail, plus l’épargne investie sera valorisée et par conséquent, plus les retraites seront sécurisées. Dans le régime par répartition, tout dépend également de la situation économique. Plus il y a de croissance et dactifs, mieux ça marche pour les inactifs. Dun côté comme de lautre, la clef de la performance est la quantité de travail. Que cette quantité passe par la durée de cotisations, l’âge de départ ou la productivité.

Les différences sont ailleurs.

Dans la répartition, largent des cotisations retraite payées par les actifs finance immédiatement la pension des inactifs. Et si largent nest pas suffisant, on sendette et on tombe dans le schéma de Ponzi. Cest ce risque-là que le projet actuel de réforme veut réduire. Le tout est géré par ladministration de la sphère sociale dont les syndicats.

Dans la capitalisation, largent est géré sur les marchés financiers et notamment par les professionnels du placement dont la vocation est de sécuriser le système. Et doptimiser leur performance. Alors des crises peuvent provoquer des problèmes graves, mais cest rarissime. Il existe désormais des filets de sécurité assez efficients.

La grande différence est ailleurs. Dans la capitalisation, le pouvoir de gérer est très individualisé et le plus souvent privatisé. Même si les entreprises et les organisations sociales ont leur mot à dire puisque lentreprise peut abonder les fonds, ils peuvent y associer des fonds dintéressement ou de participation. 

La logique est donc très différente. Le rôle de l'État est moindre dans la capitalisation,me si l'État peut intervenir par des incitations fiscales.

Les systèmes par capitalisation ne feront pas de miracle, mais bien gérés, ils contribuent à sécuriser les salariés, tout en préservant sa liberté. Liberté de choisir le montant investi, liberté de choisir la date de départ en retraite, liberté de prendre ou pas sa retraite et à quelles conditions. Les systèmes par capitalisation ne peuvent pas remplacer les systèmes par réparation mais ils peuvent offrir une part complémentaire qui pourrait être utile pour éviter la faillite du système. La capitalisation na donc rien de miraculeux. Mais elle nest pas, pour autant, diabolique.

Les plans d’épargne retraites (les PRD – qui avaient été inities par Alain Madelin puis presque généralisés par Bruno Le Maire en PER), qui sont distribués par le système bancaire ont beaucoup de succès actuellement.

Mieux, le premier exemple de produit par capitalisation mais aussi le plus ancien est la Prefon. Il date dil y a plus dun demi-siècle. Il est réservé aux fonctionnaires. Les syndicats dont la CGT le cogèrent. Les fonctionnaires ne sen vantent pas, mais ils souscrivent massivement. Comme quoi, le bon sens…

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