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Quel avenir post Européennes pour les leaders actuels de LFI en cas de claque ?
©Zakaria ABDELKAFI / AFP

Passage à l'ouest

Alors que les derniers sondages (enquête de l'institut Harris-Epoka pour TF1, LCI, RTL et le Figaro, publié le 19 mai) donnent la France Insoumise à 10% et EELV à 7.5%, le parti de Jean-Luc Mélenchon enchaîne les départs.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Le philosophe Henri Peña-Ruiz pour la liste PCF, Andréa Kotarac pour celle du Rassemblement national, LFI a connu plusieurs départs vers d'autres formations politiques. Quelles conséquences pourraient avoir ces défections ?  

Sylvain Boulouque : Il faut être prudent. Une partie de l'électorat de la France Insoumise votait PCF avant. Aujourd'hui, elle revote simplement pour ses soutiens passés. Maintenant, dans quelle proportion ? Ça dépend des chiffres qui sont donnés pour l'instant sur le résultat de la liste Brossat [ndlr. créditée à 3% dans le sondage cité plus haut].

Concernant Henri Peña-Ruiz, c'est plus compliqué dans la mesure où il était partout avec Mélenchon. Pour le reste des électeurs, ça reste un schéma classique. Si on prend un autre exemple qu'est celui de Michel et Monique Pinçon-Charlot [ndlr. Ex-sociologue notamment auteur de l'essai "Le Président des riches"] qui appelaient à voter PCF avant de soutenir Mélenchon en 2011 lorsque la liste des communistes a disparu. Ils votent pour lui tant qu'il n'y a pas d'offre communiste. Pour autant, cela ne reste que des individualités. Rajoutez à cela l'emballement des derniers jours de la campagne, tout peut changer. Le problème pour la France Insoumise est qu'elle n'est pas une famille politique neuve mais héritée du PCF. A partir de ce moment-là, il y a une porosité des électeurs d'une liste à l'autre. Surtout qu'une partie assez importante de l'électorat de gauche qui s'est réfugié dans l'abstention. Ce qui rend la situation compliquée, et imprévisible.

Pour autant, dans l'hypothèse où EELV devrait prendre la 4e place de LFI, ne s'agirait-t-il pas d'une déroute pour la France Insoumise les amenant à regretter cette porosité ?

D'abord, les porosités sont moins évidentes avec EELV, et beaucoup moins historiques que celles avec LFI. Ensuite, si on compare ces élections avec celles de 2014, la déroute serait plus du côté des écologistes dont l'adhésion recule auprès des électeurs [ndlr. Arrivée en 5ème position avec 8,95% des suffrages exprimés et aujourd'hui créditée à 7,5% devant le Front de Gauche à 6.61%]. Pour l'instant, les Verts reculent et sont devancés par LFI. D'abord, ils reculent en pourcentage en risquant de ne pas faire un score à deux chiffres, et ensuite au sein des gauches puisqu'auparavant, dans les élections européennes les Verts ont toujours été une force à gauche. C'est de moins en moins le cas.

Pour autant, ces élections européennes sont remplies de tensions, marquée par l'affirmation de populismes ou transformée comme un "référendum pour Macron". Les partis politiques ne veulent-t-ils pas faire du symbolique pour transformer le résultat en victoire ?

Oui, mais il faut relativiser. Le premier parti qui va arriver en tête sera le parti des abstentionnistes qui a la majorité absolue ! C'est phénomène nouveau, qui devient récurrent et va s'accentuer. On le voit bien avec les Gilets jaunes et la défiance contre le monde politique. Une partie de la population veut refuser l'offre électorale ainsi que la démocratie participative.  Ensuite, le Front National a fini premier à la dernière élection européenne. C'est également compliqué de faire des prédictions alors qu'on a un nouveau parti, La République en Marche qui reste finalement stable tandis que Les Républicains chutent. On n'est pas devant un renouvellement complet non plus mais suffisamment.

Et puis, le résultat ne sera pas suffisant pour parler de victoire. Il faudra voir comment se comportent les nouveaux députés de la France Insoumise, comme tous les autres d'ailleurs. Qu'ils y fassent leur preuve, y travaillent vraiment et découvrent la réalité du Parlement européen. On a l'exemple de José Bové qui a changé complètement d'avis sur l'Europe entre son entrée au Parlement et sa sortie.

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