Que sont donc en train de préparer les islamistes au Mali ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un kamikaze vient de commettre un attentat au centre du pays à Gao
Un kamikaze vient de commettre un attentat au centre du pays à Gao
©Reuters

Deuxième acte

Alors que les troupes franco-africaines achèvent la reconquête du Nord, un kamikaze vient de commettre un attentat au centre du pays à Gao. Les islamistes sont-ils en train d'ouvrir un nouveau front de l'intérieur ?

Alain Antil

Alain Antil

Alain Antil est chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne à l’IFRI.

Il enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille et à l'Institut Supérieur Technique Outre-Mer (ISTOM).

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Atlantico : Alors que les troupes franco-africaines sont en train d'achever la reconquête du Nord, un kamikaze vient de commettre un attentat au centre du pays à Gao. Peut-on dire que les islamistes sont en train d'ouvrir un nouveau front de l'intérieur ?

Alain Antil : Non, parler de parler de nouveau front ce serait entrer dans leur stratégie de communication. En revanche, il faut être conscient que la reconquête du nord s’est réalisée de manière très rapide, surtout au regard de la superficie de cette zone. Il reste fatalement des combattants salafistes dans les zones reconquises. Ils se cachent parmi la population des villes, ou se sont mis à l’écart des localités, mais ils pourront commettre un travail de harcèlement qui prendra plusieurs formes : attentats, attentats suicides, pose de mines, attaques de véhicules sur les axes les moins surveillés et, il faut s’y attendre, de nouveaux enlèvements.

Le Mujao, qui a revendiqué l'attentat hier, et les groupes comme Aqmi et Ansar Edin ont-ils les moyens de mener une action terroriste de long terme dans le pays ? (peu de soutien de la population, pas de grands centres urbains ou facilement se cacher etc...)

D’après les informations officielles données par les autorités françaises, plusieurs centaines de salafistes ont été tués dans les différents combats qui les ont opposés aux forces françaises et maliennes. Ce qui veut dire que même s’ils ont été durement atteints, ils reste plusieurs centaines, peut-être un millier de combattants aguerris, mobiles et très biens armés dans cette zone. En réalité, dans certaines localités du nord, ont ne sait pas de quel soutien ou quel rejet, ces combattants peuvent jouir. Il va très certainement y avoir des éléments qui vont abandonner le combat et tenter de partir à l’étranger, mais il restera des centaines de combattants au nord Mali qui combattront les armées malienne, de la Misma et française, pendant des mois, avec une forme de harcèlement que nous évoquions plus haut. Il faut dire également, qu’on aura un ralliement d’une partie des combattants d’Ansar Dine à des mouvements comme le MNLA et le MIA. Pour les leaders du MUJAO et les combattants d’Aqmi, les deux alternatives seront en revanche le combat de longue durée ou la fuite vers des pays voisins.

L'armée française s'est-elle suffisamment préparée à cette nouvelle phase de la guerre ? Qu'en est-il des alliés de la CEDEAO ?

C’est très difficile à dire pour un chercheur comme moi qui n’est pas spécialiste des affaires militaires. Cependant, on peut dire dans cette deuxième phase que l’armée française aura trois grandes tâches. Maintenir une capacité aérienne en alerte pour neutraliser les éventuelles attaques des jihadistes, continuer l’effort de traque dans les zones montagneuses du nord-est du pays, appuyer logistiquement les armées qui protègent les villes et contrôlent le territoire.

Les islamistes, bien que repoussés aux frontières, peuvent-ils continuer à représenter une menace sérieuse dans la région ?

Oui, très certainement va-t-on revenir à des formes de menaces comme il en existait avant les problèmes maliens depuis début 2012. Des possibilités d’attentats, d’enlèvements, voire d’accrochages avec des services de sécurité ne sont pas à exclure dans des pays comme le Niger, la Mauritanie ou l’Algérie, même si par ailleurs, ces pays font des efforts très grands pour combattre ces différentes formes de menace. Autre inquiétude, plus politique celle-là, c’est que l’on a assisté dans la zone, et en particulier en Mauritanie, dans certains milieux religieux, à une véritable condamnation de l’intervention française. Ces positions, parfois prises par des oulémas reconnus, alimentent des représentations type « choc des civilisations » ou « nouvelle colonisation » chez nombre de jeunes gens.

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