Quand ChatGPT deviendra président de la République<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
ChatGPT.
ChatGPT.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

On a beaucoup de mal à comprendre l’acharnement à créer de meilleures versions de nous-mêmes, afin de mieux nous remplacer, si le bien de l’homme est véritablement le but ultime de toute évolution sociétale poussée par la technologie.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

On parle beaucoup de cette intelligence artificielle qui prendrait prochainement tous nos jobs, capable de mieux guérir que nos médecins, capables de plus d’empathie, dans un accent plus proche du vôtre, que les téléacteurs situés aux pourtours de la méditerranée, mécaniques et souvent dénués d’empathie et souffrant d’un constant manque de compréhension, une IA capable d’analyser une situation en prenant en compte tellement plus d’éléments qu’un humain, surtout si il est jeune et étudiant à Sciences Po, ne pourra jamais en prendre, capable d’offrir des scénario stratégiques à des cadres de plus en plus démunis face aux tremblements du monde.

On a beaucoup de mal à comprendre l’acharnement à créer de meilleures versions de nous-mêmes, afin de mieux nous remplacer, si le bien de l’homme est véritablement le but ultime de toute évolution sociétale poussée par la technologie. Nous voyons bien ce que l’IA, poussée toujours plus loin, fera mieux que les humains, et les multiples bénéfices, évidents, que cela apporte. Nous voyons bien comment elle sera utilisée, nous pourrions même comprendre, dans certains cas pourquoi, mais personne ne pose la question ultime de savoir quelle sera la place de l’homme dans 10, 20 ou 50 années de là. 

Si OpenAI et ses concurrents (Musk, Google, aux USA, et tous ces inconnus incroyablement avancés en Chine) sont capables d’une nouvelle performance exceptionnelle tous les 3 mois, et si vous considérez que nous avons largement passé le stade du linéaire pour passer à l’exponentiel, commencer à imaginer ce qui se passera dans 50 ans est l’équivalent pour Cro-Magnon de prédire le 20ème siècle. Personne ne peut imaginer ce qui peut se passer, mais on a bien du mal à imaginer que l’homme sera gagnant, en termes de liberté, d’autonomie, de place dans la société, sans compter la capacité qu’auront les plus puissants à en faire un outil ultime de domination de la société. 

C’est la raison pour laquelle tous ceux qui nous disent que l’IA n’existe pas, même parmi nos amis proches (que nous aimons néanmoins !!), et que ces scénario sont pur folklore, se voilent en fait la face, déjà dépassés par leurs certitudes, déconnectés des tendances que le monde nous assènent chaque jour, à coup de wokisme, populisme, à coup de régimes autoritaires en expansion, à coup de déchirement d’une population vieillissante qui se bat contre les changements pendant qu’une population moins importante, jeune, mais mieux financée, force, sous prétexte de productivité, via le passage de l’IA, dans chaque compartiment de notre vie. 

Avez-vous assisté à la démonstration de la dernière version de Chat GPT ? La conversation n’a rien à envier à celle tenue par un humain, le temps de latence qui rendait les réponses un peu robotiques (2.5 secondes) appartient désormais au passé. Il propose un temps de latence de 320 millisecondes, identique à celui d’une conversation humaine. Avec rires, émotions, petite blague, tac au tac….Hallucinant. Les millions de jobs de call center seront totalement obsolescents et inutiles dans moins de 5 ans. Et je suis optimiste ! Des pays comme le Maroc ou les Philippines, qui avaient bâtit une énorme industrie de la relation client, qui a sorti de la misère des millions de personnes, vont devoir faire preuve d’imagination pour reconvertir massivement et rapidement cette énorme masse de travailleurs. 

Toux ceux qui contredisent ces arguments me disent que cela permettra aux hommes de se concentrer sur ce qu’ils font de mieux. Pourquoi pas ? Dans un premier temps certainement, je veux bien l’admettre. Mais à terme, ce que nous faisons de mieux, sera également fait par l’IA, qui va, contrairement à nous s’améliorera chaque jour, sans aucune limite. Nous, pauvres humains, sommes déjà « au taquet ». Nous ne devenons pas plus intelligents (voire la CPI qui met dans le même panier Israël et le Hamas, les politiques qui tournent tous au populisme, l’intelligence vive de nos étudiants, en France comme aux USA), ni plus performants, on ne marque pas plus de buts au foot, on ne saute pas plus haut en hauteur, ni en longueur. Idem pour le 100 mètres. Etc.

Au contraire, l’ère digitale tue la concentration, le goût pour l’esprit critique, la concentration, la mémoire, et donc au final, l’intelligence. Nous avons atteint notre propre plafond de verre, nous n’arrivons plus à sauter plus haut, ni intellectuellement, ni physiquement, nous sommes en version « plateau », alors que la technologie n’est qu’à son enfance. Devinez qui va gagner ?

Certaines sociétés auront l’apanage de ces développements, et aussi douce à l’oreille que soit la petite musique des Mistral et de l’open-source, elle va s’atténuer et mourir, quand ces fleurons français, deviendrons, pour survivre, Américains, dans moins de 5 ans eux aussi. Lever 100, 500M en France, peut-être. 10, 20 Milliards ? Pas chez nous. L’Europe aime les tailles S, pas au-dessus. Elle investit à hauteur de son talent et de la compréhension de ses dirigeants, donc à la taille (entre-autre) de Van der Leyen. Autant dire, que dépasser S ou XS, serait déjà un miracle. L’IA sera à la disposition des USA et de la Chine. Et d’un côté, contrôlée par quelques rares sociétés, et de l’autre, par un État fort. La petite noix que va devenir l’Europe, ne pourra que craquer et s’émietter entre les 2 étaux Chinois et Américains.

Une fois dit tout cela, il est un enjeu que nous n’avons jamais vu évoqué, sauf à travers les Orwell et ses pairs, c’est la capacité de l’IA à prendre la tête des Etats ! N’importe quoi ?

Essayez d’analyser le dégoût montant pour les politiques, le taux d’abstention, le dépit qui va pousser des masses croissantes d’électeurs à voter pour les mouvements populistes même quand ils restent au fonds d’eux-mêmes, centristes. Pensez à ces pays animistes, qui attribuent déjà (Asie principalement), une réelle valeur « humaine » au robot, avec qui ils interagissent sans état d’âme, faute d’humains pour les accompagner. Imaginez un électeur se demandant pourquoi il ne voterait pas pour une IA émotionnellement bien conçue, qui non seulement analysera les problèmes à résoudre, proposera un programme pour les mettre en œuvre, et incapable (dans un premier temps) de mentir, appliquera le programme pour lequel elle aura été élue. Un président asexué (l’IA bien qu’un mot féminin est un être binaire, ou non binaire, non genré), ce qui plaira même aux woke, incapable de discrimination, « formé » à l’équilibre, insensible (à priori) au lobbying et l’influence…. Vous pensez vraiment que c’est impossible ? A 20 ans peut-être, mais pour les futures générations, que nous ne reconnaissons déjà plus pour partie, pourquoi pas ?

En fait l’IA, cessera de nous remplacer quand elle aura fini par créer des entités tellement humaines, qu’elles en auront épousé les défauts. Le jour où l’IA, sera devenue humaine, l’homme pourra peut-être retrouver une place, en s’augmentant bien entendu, pour être aussi fort et rapide. Mais ne rions pas trop vite, ce qui faisait rire nos ancêtres est arrivé plusieurs centaines ou dizaine d’années après (Jules Verne, de Vinci…) , puis quelques années après (le smartphone, changements cérébraux en moins de 15 ans). Désormais, les changements sont quotidiens, mensuels ou pire. Alors une IA Présidente ? Impossible…. ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !