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Présidentielle 2017 : quel risque la multiplication des candidatures fait-elle vraiment courir à la droite ?
©wikipédia

Un pour tous...

Alors que Rama Yade et désormais Henri Guaino pourraient être tentés de faire cavalier seul à droite pour l'élection présidentielle de 2017, la multiplicité des candidatures pourrait jouer un mauvais tour au camp de l'opposition. Mais la situation n'est pas nouvelle pour la droite, qui a su s'en sortir par le passé.

Frédéric  Métézeau

Frédéric Métézeau

Frédéric Métézeau est journaliste depuis 15 ans. Il a été journaliste pour France Bleu Nord, basé à Lille, et a présenté les informations sur France Inter avant devenir chef du service politique sur France Culture. Depuis août 2015, il est chef du service politique de France Inter.

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Atlantico : Alors que les candidatures à la présidentielle se multiplient à droite (Henri Guaino s'il parvient à réunir le soutien de 20 députés, Rama Yade, Nicolas Dupont-Aignan, une éventuelle présence de l'UDI…), en quoi une multiplicité de candidatures pourrait être un scénario noir pour la droite, face à une gauche qui pourrait se réunir derrière François Hollande qui semble avoir fait le vide autour de lui ?

Frédéric Métézeau : Tout d'abord, vous allez un peu vite en parlant de gauche unie autour de François Hollande. Il y aura bien une candidature issue du Parti socialiste, que ce soit François Hollande ou un autre. Mais Jean-Luc Mélenchon n'a pas l'air décidé à lâcher, et il y aura une candidature écologiste qui reste encore à définir (peut-être Nicolas Hulot, peut-être Cécile Duflot, peut-être quelqu'un d'autre). Dire donc que la gauche est unie me semble un peu rapide, sans même parler des candidatures d'extrême-gauche type NPA ou Lutte Ouvrière.

Pour revenir à votre question, elle est révélatrice du fait que tout comme la gauche, la droite n'est pas non plus monolithique. René Rémond nous avait appris qu'il y avait trois types de droite. En France, nous en avons au moins deux, si l'on met de côté le Front national. Une droite libérale et pro-européenne d'un côté, et une droite plus étatiste et souverainiste, qui se dit gaulliste, de l'autre. Entre les deux, Nicolas Sarkozy joue un petit peu sur les deux tableaux.

Ce qui est gênant avec l'idée du scénario noir, c'est que cela suppose de prendre acte que le Front national sera forcément présent au second tour. C'est effectivement ce que nous disent les sondages aujourd'hui. Je me méfie toujours des sondages un an avant. Je ne dis pas que Marine Le Pen ne sera pas au second tour, je dis seulement que rien ne nous dit que c'est un fait acquis. Les Français détestent qu'on leur écrive un scénario tout prêt. Il y a un côté médiatique, presque arrogant, à dire que les jeux sont partiellement faits.

Une fois dit cela, plus il y a d'éparpillement dans un camp, plus il y a de risques en effet à ne pas être présent au second tour. C'est mécanique. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'en 2012, il y avait déjà les candidatures Dupont-Aignan, Sarkozy et Bayrou. En 2007, il y avait une candidature Bayrou et une candidature De Villiers. En 2002, il y avait Bayrou, Madelin, Chirac, Boutin... La droite au sens large n'est donc jamais partie unie.

Quelles sont les candidatures de droite ayant le plus de probabilités de réunir les fameuses 500 signatures ?

Pour ce qui est des candidatures hors-Les Républicains, il n'y a à ma connaissance que Rama Yade qui s'est déclarée, et Henri Guaino qui a dit qu'il serait candidat si jamais il ne recueillait pas les 20 parrainages de parlementaires nécessaires pour la primaire. Est-ce que Rama Yade peut recueillir les 500 signatures ? Honnêtement, je n'en sais rien. Je constate simplement qu'elle n'a même plus d'ancrage partisan puisqu'elle n'est plus au Parti radical. Le problème en tant que tel n'est pas tant d'avoir 500 signatures. Ce n'est pas forcément le plus dur. Le plus dur, c'est d'aller les chercher, collecter, téléphoner, expliquer, communiquer avec les élus. Or, le réseau de Rama Yade est pour l'instant assez ténu, c'est son vrai problème. Elle doit pouvoir aller sur le terrain, solliciter des élus, faire des mailings, etc. Et c'est difficile quand on n'a pas beaucoup de réseau.

Pour ce qui est de Henri Guaino, s'il n'est pas candidat à la primaire et se présente face au candidat Les Républicains, il se met de facto hors du parti. Certes, les élus locaux sont de grands garcons et de grandes filles, mais iront-ils parrainer un candidat contre leur propre parti ? Ce n'est pas forcément gagné. Henri Guaino a peut-être une notoriété, mais il éprouverait les mêmes difficultés pour aller à la recherche de ces parrainages. D'autant plus que la candidature d'essence souverainiste et gaulliste est déjà portée par Nicolas Dupont-Aignan qui a, lui, déjà un réseau structuré et aura les signatures. Il assèchera donc le vivier d'élus qui auraient pu parrainer Henri Guaino.

En quoi la tenue d'une primaire à droite est-elle également susceptible de fragiliser son candidat ? Quel est le risque existant de voir un rival préférer rejoindre un candidat hors du parti plutôt de soutenir son opposant à la primaire ?

Sauf énorme magouille et manipulation terrible qui aurait bénéficié au vainqueur, je n'imagine pas l'un des gros candidats partir comme cela dans une aventure personnelle. Je ne vois pas François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé ou Bruno Le Maire partir en campagne contre le candidat qui aura été désigné.

D'une part parce qu'en France, on n'aime pas trop les traîtres. D'autre part parce que cela signifierait que le candidat en question se couperait du parti, et se priverait donc d'une investiture pour les législatives qui suivront la présidentielle. Enfin, il ne faut pas oublier qu'une primaire sert à montrer combien on pèse. Même battu, si vous faites un score honorable, vous pouvez peser pour être ministre, être investi pour une élection législative ou sénatoriale, occuper un gros poste à l'Assemblée nationale si votre parti l'emporte, etc.

Est-ce qu'il y a vraiment un intérêt, lorsqu'on n'a pas été capable de réunir son propre camp à la primaire, à essayer de réunir les Français contre celui qui aura été désigné, et donc à se couper d'un possible poste ministériel ou parlementaire ? Pas sûr. Le risque est donc assez réduit, selon moi.

Avec une présence du Front national de plus en plus probable au second tour, le prochain candidat de la droite peut-il se permettre un tel émiettement ? Que faire pour l'empêcher ?

S'il y a émiettement, ce sera plutôt du fait des autres candidats. Bien sûr, il faut limiter le nombre de candidats pour augmenter arithmétiquement ses chances. Un camp a forcément intérêt à limiter l'émiettement. Après, faut-il forcément un candidat unique dans une famille politique ? En 2012, Nicolas Sarkozy avait fait le ménage à droite en 2012 en étant le candidat unique de la droite républicaine. Résultat : il n'a pas bénéficié de bons reports de voix au second tour. Sans aller bien sûr jusqu'à l'émiettement intégral avec 10 candidats du même parti, avoir deux sensibilités représentées permet aussi parfois de sécréter des réserves de voix pour le second tour.

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