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Pourquoi nous devons tout faire pour éviter une tribalisation de l’Histoire
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Récit national

Le professeur agrégé d'histoire François Durpaire publie "Nos ancêtres ne sont pas Gaulois" aux éditions Albin Michel. Entretien.

François Durpaire

François Durpaire

François Durpaire est historien et écrivain, spécialisé dans les questions relatives à la diversité culturelle aux Etats-Unis et en France. Il est également maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise.

Il est président du mouvement pluricitoyen : "Nous sommes la France" et s'occupe du blog Durpaire.com

Il est également l'auteur de Nous sommes tous la France : essai sur la nouvelle identité française (Editions Philippe Rey, 2012) et de Les Etats-Unis pour les nuls aux côtés de Thomas Snégaroff (First, 2012)

 


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Atlantico : Dans votre livre "Nos ancêtres ne sont pas Gaulois" vous faites état d'une France qui a longtemps écarté de son récit national les personnes en dehors de l'hexagone, voire de Paris. Pouvez-vous nous expliquer ce constat ?

François Durpaire : L'Histoire est toujours écrite par des dominants. Il a d'ailleurs fallu l'école des annales, pour intégrer les paysans dans le récit de notre Histoire. Aujourd'hui, il est important de réintégrer des groupes qui ont longtemps été absents. Par exemple, les tirailleurs africains. En réintégrant les groupes absents du grand récit national, on comprend mieux l'histoire de France. On parvient ainsi à plus de justesse. Et ce faisant, on arrive aussi à un récit plus intégrateur. Il s'agit de structurer ce qu'est être Français.

Dans quelle mesure ce constat est-il toujours valable ?

On n'enseigne plus à l'école de la République nos ancêtres les Gaulois. Le terme est éculé. En revanche, ce que j'essaie de faire à travers ce livre, c'est d'ouvrir une troisième voie entre deux voies. La première, celle d'un récit qui serait l'éternel récit de l'Histoire de France et qui serait totalement figé avec les mêmes héros nationaux. Tous les historiens savent que l'histoire évolue par les choix que la société fait de héros ou de groupes à mettre en avant. Jeanne d'Arc, par exemple, n'apparaît pas avant le 19ème siècle dans le grand récit national. Cette première voie figée, conservatrice, l'idée que toutes les sciences évolueraient, mais que l'histoire de France resterait toujours la même.

Une autre voie serait de considérer qu'il n'y a plus de récit possible et qu'à l'école, on ne doit plus apprendre le passé de notre pays. C'est aussi une voie possible, celle de l'absence de récit.

Alors entre un récit figé et l'absence de récit, la troisième voie est celle d'un récit français ouvert aux avancés scientifiques et à l'ensemble des groupe jusque-là exclus. Ce faisant, il se construit un récit plus juste à la fois scientifiquement et plus juste en termes de justice et d'intégration. De ce fait, j'essaye de faire ce qu'essayait de faire les historiens de l'école des annales. Je pense à Fernand Braudel qui disait qu'il y a besoin d'un récit à l'école primaire. Un enfant à besoin d'une chronologie.

Aujourd'hui, ne peut-on pas dire que la tendance s'est inversée quitte à parfois tomber dans l'extrême inverse ?

Bien sûr ! Et j'essaie de m'écarter de cela de deux manières. Premièrement, on voit bien que l'histoire que je décris n'est pas une histoire de repentance, mais une histoire de reconnaissance. Il ne s'agit pas de s'agenouiller, mais de reconnaître un fait historique. Deuxièmement, c'est que le projet de cette histoire est précisément d'échapper aux histoires communautaires.

Si nous n'intégrions pas la diversité de nos héritages, alors pourrait naître la tentation d'histoires qui seraient un peu "à chaque communauté son histoire". Si je n'intègre pas les femmes, ce serait comme si les femmes n'étaient pas membres d'une histoire globale de l'humanité. Comme si elles devaient construire de manière parallèle une histoire sexuée qui serait le pendant féministe du récit national qui ne serait que masculin. L'idée, c'est justement d'éviter que n'émerge une histoire communautaire en intégrant l'ensemble des héritages dans le même récit.

Pour nous rassembler il faut que cette histoire nous ressemble. Elle nous ressemble si elle est racontée de manière objective. Et si c'est le cas, ça coupe l'herbe sous le pied de récits qui seraient ceux d'un seul groupe. Pour éviter la tribalisation de l'Histoire, il faut faire l'effort de construire une histoire commune. C'est le rôle de l'historien comme de l'écrivain. L'historien est scientifique. Le fait

Toutes ces collectivités qui ont du mal à se projeter en commun, ce sont le mêmes qui ont du mal à s'entendre autour d'une même histoire. L'histoire, c'est notre avenir.

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