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Les premiers extraterrestres que nous rencontrerons seront probablement des cyborgs.
Les premiers extraterrestres que nous rencontrerons seront probablement des cyborgs.
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Enchanté !

Selon la professeur de philosophie Susan Schneider, dont les travaux ont été publiés par la NASA, il y a fort à parier que les premiers extraterrestres que nous rencontrerons ne seront pas des petits hommes verts, mais des robots doués d'une "super-intelligence" bien supérieure à celle des hommes.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Les petits hommes verts qui nourrissent notre imagination et la science fiction depuis des années ne seront pas les premiers extra-terrestres que nous aurons la chance de rencontrer un jour. Il semble qu'il s'agira plutôt de robots dotés d'une forme d'intelligence "capable de dépasser les plus hauts niveaux d'intelligence humaine dans tous les domaines", comme l'affirme le Professeur de Philosophie Susan Schneider, en conclusion de son étude "Alien Minds" (l'esprit des extraterrestres) publiée par la NASA.

Atlantico : Pourquoi rencontrerions-nous en premier lieu des robots et non la forme de vie qui en est à l'origine ? Qu'est-ce qui rend le raisonnement de cette philosophe si "infaillible" ?

Jean-Gabriel Ganascia : Nous ne disposons aujourd’hui d’aucun argument scientifique tangible qui prouverait, de façon irréfutable, que l’on sera — ou que d’autres formes d’intelligence seraient — en mesure de construire des robots dotés d’une intelligence  supérieure à l’intelligence humaine. Or, tout le raisonnement de cette philosophe repose sur cette hypothèse. Ceci étant, nous ne disposons pas non plus d’arguments scientifiques qui permettent d’affirmer le contraire, à savoir que nous serons bientôt en mesure d’entrer en contact avec d’autres intelligences dans l’univers. Tout cela relève donc de spéculations sans doute intéressantes et stimulantes, mais hautement hasardeuses.

Dans quelle mesure son raisonnement entre-t-il en résonance avec les lancements des sondes pioneers dans les années 70, dans lesquelles sont contenues des plaques décrivant l'espèce humaine? Si plusieurs espèces intelligentes sont amenées à se rencontrer, sont-ce d'abords leurs robots qui entreront en contact ?

A supposer que les "petits hommes verts", à savoir les autres intelligences de l’univers, soient à notre image ou à l’image de Dieu, ce qui revient au même, doit-on en conclure que ces intelligences se développent, se sont développées ou se développeront de la même façon que nous, au même rythme, au même moment et suivant les mêmes étapes ? C’est fort improbable ! Il a fallu des millénaires et un nombre considérable de hasards pour que l’humanité parvienne au stade de développement que nous connaissons actuellement. Et, rien ne dit que nous survivrons très longtemps à l’échelle du temps cosmique. Il est donc peu probable que nos robots rencontrent les robots des autres avant que nous ayons disparu. Et, si cela devait être le cas, cela supposerait que les robots de toutes les espèces survivront à ces mêmes espèces, ce qui est, là encore hautement improbable, du moins, nous ne disposons pas, dans l’état actuel de nos connaissances, de données tangibles nous permettant d’affirmer cette assertion. A défaut, nous pouvons imaginer que nos robots ou ceux d’autres espèces se présenteraient comme des balises attestant de nos existences pour d’hypothétiques êtres vivants. Cela ressemble fort aux sondes pioneers des années 70 et aux plaques qu’elles contenaient.

Si les robots que la philosophe Susan Schneider décrit sont si supérieurement intelligents à nous, cela signifie-t-il qu'ils représentent une menace pour l'humanité ?

Nous pouvons effectivement imaginer que les robots dont parle cette philosophe possèdent une conscience propre et qu’ils agissent collectivement pour leurs propres intérêts et contre ceux des hommes qui les ont produits. C’est là un scénario de science fiction classique. Dès l’origine du mot robot, avec la pièce de Karel Capek R.U.R. — Rossum Universal Robots —, on met en scène la destitution de l’homme et son asservissement aux créatures qu’il a fabriquées... Tout cela relève de la fiction. Rien ne permet d’affirmer qu’il en ira ainsi. Rien non plus n’autorise à l’infirmer. Ce qu’il faudrait, c’est un concours de science fiction où les différents scénarios entreraient en compétition. La philosophe Susan Schneider y aurait très certainement sa place, mais bien d’autres aussi...

Quelles preuves avons-nous de l'existence d'une vie extraterrestre ?

Pour l’instant, nous ne disposons pas de preuve scientifique de l’existence d’une vie extraterrestre, et encore moins de l’existence d’une vie extraterrestre intelligente, seulement de conjectures. En effet, comment ne pas présager que les conditions physiques qui ont permis à la vie de s’épanouir sur Terre ne se retrouvent pas ailleurs, sur une autre planète, dans l’univers ? Toutefois, il n’y a rien d’assuré. Ce que nous savons à l’issue des observations astronomiques récentes, c’est que, si une planète semblable à la Terre existait, elle se trouverait très éloignée, à plusieurs années lumières. Nous pourrions éventuellement communiquer avec ses habitants à l’aide de signaux électromagnétiques, mais cela prendrait du temps. Alors, à supposer que nous soyons en mesure d’envoyer des robots, ce serait préférable... Ceci étant, on pourrait aussi imaginer des formes de vie différentes, reposant sur d’autres principes physiques.

Les dernières avancées "terriennes" en matière de transhumanisme s'orientent-elles dans la même logique que ces robots super intelligents ? Allons-nous devenir des cyborgs ?

Peut-on vraiment parler d’avancées en matière de transhumanisme ? Il ne s’agit pas d’un champ scientifique qui se fonde sur des démonstrations ou des preuves. Il n’y a pas non plus de communauté scientifique, au sens propre. Ce sont des courants de pensée qui chacun affirme ses arguments, sans pour autant ni les prouver, ni même les confronter à d’autres. Rien ne permet donc d'assurer aujourd’hui que nous allons devenir des cyborgs, mais qui sait...

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