Tribune
Pourquoi le chômage va continuer à faire de la résistance en France d’ici 2017
En Europe, la France reste à la traîne. En deux ans et demi, elle a seulement créé soixante mille emplois dans le secteur privé, face aux sept cent mille chômeurs supplémentaires générés pendant le quinquennat de François Hollande.
Ce n’est pas l’approche du printemps qui s’annonce pour l’économie française, mais bien l’enracinement dans l’hiver. Alors que le pays vit sous le régime de l’état d’urgence qui devrait impliquer une certaine discipline, les conflits se multiplient, que ce soit au niveau des agriculteurs, des taxis, ou de tout autre groupement de salariés. Les manifestations sont prêtes à repartir à la moindre étincelle, en prenant en otages des citoyens qui n’ont rien à voir avec les revendications soulevées. On cherche vainement l’autorité du pouvoir.
En Europe, la France reste à la traîne. En deux ans et demi, elle a seulement créé soixante mille emplois dans le secteur privé, face aux sept cent mille chômeurs supplémentaires générés pendant le quinquennat de François Hollande. Partout, la reprise s’étend en Europe, alors qu’elle s’esquisse timidement chez nous. La Commission de Bruxelles vient de doucher l’optimisme inexorable manifesté à Paris pour les deux ans à venir. La croissance ne devrait pas dépasser 1,3% cette année (contre 1,1% l’an dernier) , un rythme qui ne permettrait pas d’inverser la fameuse courbe du chômage, qui pourrait tout au mieux se stabiliser l’an prochain. Encore n’est-on pas certain que ce modeste objectif puisse se réaliser alors que le dynamisme dont a fait preuve le vieux continent depuis deux ans (à l’exception de notre pays), commence à s’essouffler, les bénéfices conjoncturels procurés par la baisse du pétrole et des taux d’intérêt touchant maintenant à leur fin.
La France qui avait moins souffert de la crise que ses partenaires grâce à l’étendue de son secteur public, peine aujourd’hui à profiter de la reprise, car elle reste prisonnière de ses règles, de ses statuts, de ses privilèges, qui représentent autant de barrières placées à tous les niveaux. Le Pouvoir ne parle que de réformes, mais les actes ne suivent pas la parole. On vient de le vérifier une fois de plus à propos du code du travail, qui représente un obstacle à la mobilité de l’emploi. Appelé à la rescousse, Robert Badinter a proposé un texte qui apparaît plutôt comme un préambule, un discours ponctué d’idées générales, mais qui ne fera pas avancer le problème. Même constat pour le choc de simplification qui devait faire disparaître des entraves au bon fonctionnement de l’économie. Il s’est traduit pas des contraintes supplémentaires pour les chefs d’entreprise, en introduisant de nouvelles normes, justifiées souvent par des directives européennes, mais auxquelles la France a ajouté des obligations supplémentaires.
En fait, le pouvoir flotte sur tous les plans. Il voudrait répondre aux désirs des Français, avides de changements, mais c’est l’administration qui a pris la direction des opérations et qui bloque toute innovation, dès lors que le chef de l’Etat n’a fixé aucun cap et virevolte entre les groupes de pression et les sondages d’opinion de plus en plus défavorables. La cote de François Hollande retombe à ses niveaux les plus bas, tout comme celle de Manuel Valls, tandis que le moral de la population est en berne pour le quatrième mois consécutif. Une sorte de désespérance s’installe. Le public, médusé, constate que le Parlement s’enferre dans des querelles byzantines sur la déchéance de la nationalité, se déchire sur une multitude de questions qui lui paraissent secondaires pour escamoter les problèmes essentiels.
Il s’inquiète de voir les dépenses publiques continuer d’augmenter comme nulle part ailleurs en Europe, ce qui, à ses yeux , se traduira tôt ou tard, par un nouveau choc fiscal, auquel il faudra se préparer, ce qui incite bon nombre de compatriotes à tenter de faire des économies, plutôt que de consommer. Ce n’est pas ainsi que le pays sortira de l’immobilisme et le chômage continuera de faire de la résistance.
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