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Pourquoi 2016 s’annonce comme une année médiocre pour l’économie française
©Flickr/Olivier GRYSON

Editorial

L’heure est aujourd'hui à la reprise des cours du brut, tandis que la devise européenne doit subir la concurrence d’autres pays qui cherchent à dévaluer leurs monnaies pour améliorer leur compétitivité.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les bonnes fées ne se sont pas penchées sur la dernière année du quinquennat de François Hollande. Les influences bienfaisantes qui s’étaient fait sentir l’an dernier avec la chute des cours du pétrole et la baisse de l’euro ont vu leurs effets se tarir progressivement. Sans elles, la France aurait sans doute connu une légère baisse de son produit intérieur brut, alors qu’elle a pu conserver un petit point de croissance en 2015. Ainsi, pour la première fois depuis 2011 le pays a-t-il pu opérer une création nette d’emplois , dont les deux tiers, il  est vrai, ont été réalisés dans le secteur de l'intérim, dont on connait la précarité. Depuis lors, le vent a tourné.  L’heure est aujourd’hui à la reprise des cours du brut, tandis que la devise européenne doit subir la concurrence d’autres pays qui cherchent à dévaluer leurs monnaies pour améliorer leur compétitivité.

Il n’en faut pas davantage pour que les perspectives s’assombrissent. Le Fonds Monétaire International et l’OCDE viennent de réviser à la baisse leurs prévisions, en raison du ralentissement constaté dans la plupart des grands pays, à commencer par la Chine. Pour la France ils s’attendent seulement respectivement à une croissance de 0,3 et 0,2%, alors que le gouvernement  maintient officiellement son pourcentage de 1,5% auquel  personne  ne croit plus. La Banque de France vient d’émettre à son tour un jugement plutôt pessimiste. Elle estime que le léger rebond constaté en janvier dans la production risque d’être sans  lendemain, car on observe une érosion des carnets de commande, en raison d’une baisse de la demande en provenance de l’étranger. Un tel sentiment est aussi partagé en Allemagne  et en  Italie.

On comprend dès lors pourquoi Mario Draghi, le président de la banque européenne ait voulu frapper fort en s’érigeant contre le pessimisme ambiant par une série d’annonces spectaculaires pour relancer le crédit, dont le taux va être encore abaissé pour se situer désormais à zéro, tout en accélérant le recours à la planche à billets. Les marchés ont pourtant réagi négativement au nouveau plan de la BCE, qui apparait comme une fuite en avant, où l’on va passer à une injection de crédits de 60 milliards par mois à 80 milliards, alors que les 700 milliards déjà lancés dans la nature n’ont pas permis de relancer l’investissement ni de ranimer l’inflation qui continue de tendre vers zéro.

Dans ce contexte, le gouvernement français marche sur des œufs, en mettant toujours en avant un optimisme de façade. Car il doit annoncer à la mi avril les objectifs qu’il fixe à l’économie française pour les deux années à venir, alors qu’il est placé sous la surveillance  de la Cour des Comptes qui ne néglige pas ses avertissements et de la commission de Bruxelles qui vient  encore  de le  rappeler à l’ordre pour la non  observation des recommandations qu’elle lui a adressées  à de nombreuses  reprises. Mais si le gouvernement  affichait des ambitions plus modestes qui correspondent  à la  réalité,  il ferait ressortir l’échec total de sa politique avec la poursuite du dérapage de la dette publique et la persistance du chômage, malgré les tentatives de camouflage qu’il multiplie à travers les aides à la formation ou à la manipulation des statistiques.

Et ce n’est pas la laborieuse gestation du projet de loi sur la réforme du code du travail qui peut ramener la confiance dans un exécutif miné par la chute continue de ses deux têtes dans les sondages, alors que les conflits se multiplient au sein de la gauche au fur et à mesure que l’on se rapproche de la date des prochaines élections. La France ressemble de plus en plus à un bateau ivre,  balloté par les courants parce qu’il n’a plus de timonier pour tenir le gouvernail et fixer le cap. Le spectacle navrant offert à nos partenaires qui eux ont su se réformer n’est pas de nature à rétablir la confiance sans laquelle le pays continuera à évoluer à la dérive.

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