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PC, LFI, NPA... Ces électorats communautaires qui tirent de plus en plus la gauche radicale hors du champ républicain
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

A la dérive

Le maire de Bezons a déclenché une polémique en apposant la plaque « Allée de la Nakba » dans sa ville, en référence à l’exode des Palestiniens en 1948 lors de la création de l’Etat d’Israël.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Le maire de Bezons a déclenché une polémique en apposant la plaque « Allée de la Nakba » dans sa ville, en référence à l’exode des Palestiniens en 1948 lors de la création de l’Etat d’Israël. Le Préfet a fait enlever cette plaque mardi, au motif qu'il s'agit d'une  « prise de position rompant avec le principe de neutralité républicaine".  Ce n'est pas la première fois que le maire déclenche des polémiques en marquant son soutien au peuple palestinien. Comment expliquer que les élus du parti communiste et d’autres mouvements comme le NPA affirment ce soutien de manière visible ?

Sylvain Boulouque : Le soutien au peuple palestinien est une stratégie de longue date au sein du parti communiste et plus largement des mouvements de gauche radicale. Dès la création d’Israël, le PC français s’est aligné sur la politique de l’URSS et  donner des noms de rues par « solidarité » est une tradition historique qui n’a rien de surprenant Par ailleurs, tous les partis ou familles politiques pratiquent des choix orientés en la matière.  La réaction du préfet en revanche est plus étonnante, car il est très rare qu’une telle interdiction soit prise contre un maire.

Cette semaine également, le rappeur Médine a été défendu par la députée de la France insoumise, Danièle Obono. Elle a déclaré au sujet de son concert au Bataclan : "pourquoi ça me choquerait ? C’est un chanteur qui se produit dans une salle de spectacle. Et voilà." Que révèlent ces prises de positions, qui par ailleurs n'ont pas été commentées par le parti de Jean-Luc Mélenchon ? S'agit-il d'une stratégie électoraliste ?

Danièle Obono a toujours eu une démarche personnelle, elle est proche des Indigènes de la République et dans la mesure où Médine n’est pas fermé à ces mouvements, elle le défend naturellement. Par ailleurs elle représente un courant minoritaire de la France Insoumise et  si Jean-Luc Mélenchon ne commente pas ses déclarations, cela ne veut pas dire qu’il la soutient. Son parti est composé d’électrons libres et aussi différents que François Ruffin peut l’être de Danièle Obono.  Il faut avoir à l’esprit que Mélenchon a passé un contrat avec les députés éligibles de la FI avant d’être élus pour constituer un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Or si ce groupe devait entrer un conflit sur le terrain idéologique et connaître des départs, il risquerait très vite de ne plus avoir le nombre de députés nécessaires pour exister. 

Danièle Obono et Marwan Muhammad, ex porte-parole du Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), tiennent une conférence commune le 13 juin sur le thème des « violences policières », fondée sur la "convergence des luttes entre musulmans et militants de gauche". Cette stratégie a-t-elle un sens pour la FI ?

A l’image du parti communiste, cela correspond à une stratégie de défense de l’opprimé,  victime du système capitaliste et de la brutalité de l’Etat. Les musulmans incarnent pour la gauche radicale une nouvelle forme de prolétariat sur lequel ils fondent leurs actions militantes et dénoncent l’ordre établi. Le PC a eu cette stratégie lors du congrès de Bakou en 1920 avec les peuples d’Orient, et en Iran en 1979 également, pour renverser le Shah. Mais encore une fois, ces positions ne reflètent pas l’électorat de la FI, qui est dans sa grande majorité fondamentalement laïc, tout comme son président qui fustige toutes les religions. L’électorat de la FI est composé en majorité de personnes issues des classes moyennes à fort éduquées, souvent urbaines et culturellement « ouvertes ». Leur conception de la laïcité n’est sans doute pas intransigeante mais leur attachement aux valeurs républicaines est une donnée importante dans leur non-adhésion aux courants communautaristes de la gauche radicale.

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