Thérapie du choc
Patrick Chesnais : En matière de prévention routière, nous n'avons pas d'autre choix que de faire peur
Le site collaboratif de sensibilisation à la sécurité routière "Roulons autrement" est lancé ce mardi. L'acteur Patrick Chesnais, qui a perdu son fils dans un accident de la route, s'engage pour la prévention et explique son approche, différente des campagnes de prévention traditionnelles.
Atlantico : Vous lancez mardi, en collaboration avec la Fondation Vinci autoroutes, "Roulons autrement", un site collaboratif de sensibilisation à la sécurité routière. Ne craignez-vous pas que les jeunes restent sourds à ce type de campagne ?
Patrick Chesnais : Même si les choses changent un peu, les campagnes de prévention restent rares et peu efficaces. Le slogan "boire ou conduire, il faut choisir !" n'est pas très Rock n' Roll. Les jeunes, par définition, ont des envies de transgression de l'ordre établi. Ils ont plus de difficultés à se plier aux règles en général. Cela fait partie de leur ADN. Conduire en ayant bu un peu d'alcool est toujours valorisé dans un groupe. Mon idée, avec mon association, est de ringardiser cette image là à travers des clips plus innovants, voire plus trashs, que les campagnes classiques.
En quoi votre approche est-elle différente des campagnes de prévention traditionnelles ?
Étant un homme d'image et de cinéma, je fais le pari de la sensibilisation par l'image. De grands réalisateurs sont associés au projet comme Guillaume Canet, Maiwenn et Olivier Nakache… Nous voulons faire de véritables petits films de cinéma s'inscrivant dans différents genres. A terme, il y aura même un concours de scénario sur le site et nous passerons nos films au cinéma en première partie de programme. Nous allons également compiler toutes les images qui parlent de la sécurité routière dans le monde. C'est un travail d'archive assez considérable. Notre priorité est de toucher un public jeune.
On sait que les campagnes de prévention contre le tabac, dont le caractère alarmiste est parfois tourné en dérision, sont peu efficaces. Ne craignez-vous pas de rencontrer le même type de problèmes avec les campagnes de prévention routière ?
Dans le cadre des campagnes anti-tabac, il s'agit d'agir contre une forme de toxicomanie. La logique des campagnes de sécurité routière est différente. Il y a une forme d'addiction à la vitesse, mais ce n'est pas comparable. Quand vous voyez un accident sur une route ou une autoroute, votre premier réflexe est souvent de lever le pied de l'accélérateur. Vous roulez moins vite, vous regardez dans votre rétroviseur, vous faites attention pendant quelques minutes. Je pense que l'image choc d'un accident, même dans un clip, vous ramène à votre propre fragilité. On est dans une époque d'images et je crois que les images violentes font réfléchir.
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