Oubliés les gros défauts de Windows 8, Microsoft contraint de faire du neuf avec du vieux dans la dernière version de Windows<!-- --> | Atlantico.fr
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Il n'y a pas de windows 9, mais directement un windows 10.
Il n'y a pas de windows 9, mais directement un windows 10.
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Retour vers le futur

La nouvelle interface de Microsoft ressemble étrangement à ce qui se faisait avant, avec notamment le retour du bouton "démarrer", tant regretté des utilisateurs. Comme quoi, c'est dans les vieilles marmites que l'on fait les meilleures confitures !

Christophe Benavent

Christophe Benavent

Professeur à Paris Ouest, Christophe Benavent enseigne la stratégie et le marketing. Il dirige le Master Marketing opérationnel international.

Il est directeur du pôle digital de l'ObSoCo.

Il dirige l'Ecole doctorale Economie, Organisation et Société de Nanterre, ainsi que le Master Management des organisations et des politiques publiques.

 

Le dernier ouvrage de Christophe Benavent, Plateformes - Sites collaboratifs, marketplaces, réseaux sociaux : comment ils influencent nos Choix, est paru en mai  2016 (FYP editions). 

 
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Atlantico : Windows 8, Windows 8.1 et, désormais, Windows 10... Les interfaces des systèmes d'exploitation se suivent et se ressemblent. Pire, avec le maintient du bouton "démarrer", le lancement sur Bureau, l'interface "tuiles" réduite... Des "détails" qui ne sont pas sans rappeler les versions Luxe ou XP. Microsoft fait-il du neuf avec du vieux ?

Christophe Benavent : Oui et c'est exactement le défi auquel ils sont condamnés. N'oublions pas que Windows est toujours le système d'exploitation dominant et même hégémonique sur les PC. Le coeur du marché reste encore des utilisateurs qui utilisent windows depuis 10 ou 15 ans ( et plus), y ont construit toute l'architecture de gestion de leurs données personnelles : les fichiers, les mails, les photos, les musiques les films... cela pour les consommateurs mais aussi les applications professionnelles souvent encore spécifique à une entreprise, et les systèmes de communication et de connection. N'oublions pas que depuis quelques années ces usagers migrent partiellement leurs données sur les smartphones et plus récemment sur des tablettes.

Du point de vue de l'usage nous restons "windows centric", ne serait-ce que parce qu'une part substantielle des routines que nous avons élaborées sont enfouies dans l'univers Windows. Un exemple à titre personnel, au cours des années j'ai élaboré mon propre système d'indexation de document simplement en standardisant la la façon de formuler les intitulé des fichiers. J'ai pris l'habitude sur système de gestion et de recherche des fichier de l'explorer. Quand je change de machine je tiens à retrouver le même système de classements. Lourd usager du smartphone sous android, je ne me suis pas résolu à quitter un Windows xp qui me plaisait beaucoup. Je travaille aujourd'hui avec 2 écrans simultanément et 3 ou 4 de manière cumulée. L'un au moins de ces écran est celui de Windows.

La nouveauté demandée est d'assurer la transition : le passage au multi-écran. Le vieux doit se maintenir, toute la question est de comment le rajeunir à mesure que les concurrents gagnent sur les nouveaux marchés. Dominer sur l'ancien, c'est décliner. Toute la stratégie de windows est d'offrir le même service, mais en le rendant totalement compatible avec le nouvel environnement.

Le passage à Windows 7, puis Windows 8, était-il une erreur stratégique et / ou de marketing ?

Erreur stratégique, clairement non. Maladresse de réalisation sans doute. Ils ont sans doute trop innové. Au moins dans la forme. On ne peut pas reprocher le manque d'intelligence. Les tuiles sont une belles idée. Il y a peut être mieux. Windows 10 sera une sérieuse correction sans doute. Espérons-le pour Microsoft.

Microsoft aurait-il négligé les habitudes de ces clients finaux ?

Non certainement pas, pour deux raisons. Il est  difficile d'apprécier la diversité et le poids des usages. Les habitudes sont très variées. La seconde raison est simplement qu'il n'y pas vraiment d'habitude, mais une évolution constante des finalités poursuivies par les usagers et de leur connaissance des techniques disponibles.

Un exemple, je me rappelle vers 2003/ 2004 avoir fait monter une petite expérience de recherche d'information : simplement le trajet de paris à Hambourg. Certains à l'époque tapaient les deux mots dans google, d'autres avaient appris que des services tels que mappy étaient disponibles. L'utilisateur apprend à se servir des outils qu'ont lui propose, certains d'entre eux prennent un avantages, les autres essaient de faire mieux en apportant un nouveau service que très rapidement les usagers connaitront. Il faut faire avec les habitudes, ne pas trop les bousculer parce que c'est coûteux, et en même temps il faut investir pour offrir des services nouveaux. Peut-être une évaluation de la diversité et du poids des usages pas tout à fait ajustée.

Mais cet exercice est difficile, il consiste à construire des stratégies pour des clients qui ne savent pas ce qu'ils veulent encore.

N'est-il pas aussi tout simplement question d'usage pratique ?

Il ne s'agit que de ça. Mais le pratique c'est le dynamique, un nouveau service c'est une nouvelle demande. Et une nouvelle demande, des  innovations supplémentaires. Il faut suivre des pratiques qui évoluent avec l'offre, une offre qui évolue rapidement et change la nature de la demande, en changeant les usages.

Dans le champs de l'économie de l'information on sait depuis longtemps qu'il ne s'agit que de satisfaire la demande, il faut être aussi être le premier et bénéficier des avantages de standard. Windows l'avait, l'a partiellement perdu, il doit le reconquérir. Les détails pratiques (le bouton redémarrer) ne sont pas si importants. La pratique, c'est la gestion multi-écran. L'avantage de microsoft est qu'on est pas encore prêt à vivre dans un monde purement Android. Il faudrait renoncer au coeur de l'exploitation de nos données.

S'il n'y avait que l'usage qui détermine les choix de conception...

Je viens de répondre à la question. Mais je répète, l'usage est fondamental, il n'est pas absolu. Les choix de conception doivent aussi prendre en compte ce que les économistes appellent des externalités de standards et de réseaux.  Il ne s'agit pas simplement de fonctionnalités particulière, mais de l'usage global d'un ensemble d'appareils où l'un d'entre eux bénéficie encore d'une sorte de position centrale. On peut déléguer au cloud la gestion de certaines données. On conserve encore largement l'idée que le poste de pilotage c'est notre bon vieux PC.

Dans ces conditions, comment concilier nécessité d'innover et habitude dans les modes d'utilisation ?  

C'est ce que fait Microsoft. Essai erreur et correction. Mais dans une situation où tous partagent l'incapacité à prévoir le futur. Pour évaluer pleinement le potentiel de Windows 10 qui a été à peine dévoilé, j'examinerais son potentiel dans la capacité à gérer la flotte d'appareils qui vont nous accompagner. Si aujourd'hui nous gérons nos données sur 3 écrans, dans deux où trois ans on risque de passer à la dizaine d'objet. La montre, la voiture, la maison parfois la santé.

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