Metal Gear Solid V : The Phantom Pain – Le Magnum Opus<!-- --> | Atlantico.fr
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MGSV est à bien des égards une ode au jeu vidéo, un chef d'oeuvre de l'entertainment au sens premier du terme.
MGSV est à bien des égards une ode au jeu vidéo, un chef d'oeuvre de l'entertainment au sens premier du terme.
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Atlantico games

L'attente fut longue, et la guerre interne entre Konami et Kojima Productions a bien failli empêcher le dernier Metal Gear Solid de voir le jour... quel verdict pour l'un des jeux les plus attendus de l'année ?

Greg Jacomet

Greg Jacomet

Greg Jacomet, 24 ans, est éditeur du magazine Parisian Gentleman, éditorialiste pour le magazine "The Rake" et un expert aujourd’hui très réputé en matière de parfumerie, notamment masculine. 
 
Il est également un grand spécialiste du monde des jeux vidéo et l’animateur de la rubrique "Atlantico Games" consacrée à l’actualité internationale du secteur.
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Que l'on adhère ou non à l'approche narrative à dessein outrancière si chère à la série des Metal Gear, avec ses nombreux twists scénaristiques et ses cinématiques qui n'en finissent pas, force est de constater que le magnum opus du célèbre Hideo Kojima ne laisse personne indifférent.

Certains y voient l'oeuvre d'un génie créatif doué d'une liberté de ton unique dans l'industrie – d'autres y voient un cinéaste frustré qui se prend pour une star. Ces critiques ne sont d’ailleurs pas complètement infondées : le scénario de la saga est en effet souvent dramatique à l'excès, grandiloquent et volontiers absurde, parfois brillant, parfois bizarre, parfois franchement stupide – mais toujours imprégné d’un enthousiasme contagieux.

Pour autant, il semblerait bien que, pour une fois, le dernier opus en date fasse l'unanimité.

A bien des égards, Metal Gear Solid V : The Phantom Pain est le jeu triple A que tout le monde attendait : un opus gigantesque et bourré de contenu sans « remplissage » artificiel; un clin d'oeil géant à la cinématographie grand spectacle des blockbusters de l'été sans oublier d'être avant tout un jeu vidéo – et donc une expérience viscéralement interactive et ludique.

Le joueur incarne Venom Snake (le nouveau pseudonyme du légendaire soldat Big Boss, s’étant récemment réveillé d'un coma de neuf ans) à travers de nombreuses missions d'action et d'infiltration en Afghanistan et en Angola. La structure open world adoptée par cet opus autorise au joueur une grande liberté d'action, clairement au détriment de la structure narrative "dirigiste" habituelle de la saga. Mais c'est un changement heureux : ce que le jeu perd en intégrité narrative, il le récupère au centuple en qualité de gameplay.


Non pas que le scénario soit absent de cet opus, non – au contraire, la narration est plus que jamais liée aux phases de jeu. Exit donc les séquences cinématiques de 90 minutes - l'histoire de TPP est épurée à l'extrême par rapport aux standards de la série : une "simple" quête de vengeance à l'encontre de l'organisation responsable de la chute de "Militaires Sans Frontières » (l'ancienne société militaire privée de Big Boss) neuf ans plus tôt.

Cette approche scénaristique simplifiée à plusieurs effets vertueux, le plus évident étant de rendre  l'opus plus accessible aux néophytes : il n'est pas nécessaire de connaître l'histoire de la saga pour apprécier TPP, quoi que les fans apprécieront les nombreux clins d'oeil qui leurs sont, évidemment, dédiés.

Le deuxième effet vertueux concerne l'immersion. En réduisant l'amplitude de son scénario, le jeu accorde une place plus important au joueur, qui ne se retrouve pratiquement jamais relégué au rang de simple spectateur face à des événement sur lesquels il n'a pas d'influence : chaque mission accomplie dans TPP est clairement un pas de plus vers la vengeance de Big Boss, et il y a vraiment de quoi faire...


Les zones à explorer sont d'une taille démesurée, et conçues avec soin : un bac à sable géant dans lequel le joueur peut s'infiltrer, assassiner, saboter, interroger, kidnapper, et tout simplement explorer. De par la structure ouverte du jeu, chaque mission est l'occasion d'expérimenter.

Cette liberté totale dans la manière d'aborder chaque situation est au coeur de l'expérience. Il y a autant de manières d'accomplir un objectif qu'il y a de joueurs et il ne s'agit pas, pour une fois, d'un simple argument marketing sans fondement. Si de nombreux jeux se vantent de la liberté d'action offerte au joueur, MGSV est le premier à porter le concept à un tel niveau extrême.

Et c'est vraiment grisant – l'IA réagit de manière particulièrement dynamique, sans pêcher par excès de réalisme pour ne pas nuire au plaisir de jeu, la série étant célèbre pour le côté volontairement absurde et humoristique de certaines mécaniques.

Par exemple, si le joueur souhaite infiltrer la position ennemie en rampant sur le sable, "camouflé" sous une boîte en carton recouverte d'un motif camouflage, et tirer des fléchettes tranquillisantes sur quiconque passe à proximité, l'option est viable.


Si un soldat ennemi repère le joueur, celui-ci dispose de quelque secondes de "bullet time" pour l'empêcher de donner l'alerte ; en cas d'échec, tous les soldats de la région se lanceront à sa recherche, sans pitié, et la situation pourra dégénérer sans limites. Ainsi, si le joueur n'a pas pris le soin de désactiver les relais radio d'un avant-poste par exemple, des renforts d'une base voisine risquent de se joindre aux recherches.


Et même si le joueur parvient à éviter l'ennemi au point que les recherches soient abandonnées, les gardes seront bien plus vigilant et les patrouilles bien plus attentives au moindre signe suspect.

Si au contraire la discrétion n'est pas une priorité, et que le joueur préfère voler un char d'assaut ou tirer au mortier sur les positions ennemies avant de foncer dans le chaos le plus total, bazooka en bandoulière, c'est également possible et tout aussi viable.

D'un point de vue des mécaniques de jeu, MGSV pousse la série dans ses retranchements logiques, en mettant à disposition du joueur un arsenal impressionnant d'armes et de gadgets : le plus important étant probablement le "Fulton Recovery System", une sorte de ballon météo portable qu'il est possible d'accrocher à un soldat, à un animal, voir même à un véhicule pour l'extraire de la zone de combat. C'est absurde, surréaliste, et à mourir de rire : voir un soldat hébété propulsé vers la stratosphère en hurlant, un ballon dans le dos est toujours un plaisir.

Au delà de la dimensions tactique immédiate (un adversaire de moins sur le théâtre d'une opération étant toujours un avantage certain) chaque soldat, chaque animal et chaque véhicule ainsi récupéré viendront rejoindre les rangs des "Diamond Dogs", la nouvelle organisation militaire de Big Boss.

Les soldats pourront être convaincus de travailler pour l'organisation, en fonction de leurs compétences : en tant que chercheur, médecin, éclaireur, agent de sécurité, voire même redéployé sur un champ de bataille lointain par exemple, pour renflouer les caisses de l'organisation. Les véhicules seront réutilisables en mission, et les animaux vous rapporteront de l'argent de la part d'une ONG écologiste, qui souhaite voir extrait le plus d'animaux possible des zones de combat.

Le développement de la Mother Base, la base centrale d'opération de Diamond Dogs pourrait d’ailleurs être un jeu à part entière. Il est possible d'étendre la base, une sorte de plateforme offshore, en ordonnant la construction de nouveaux modules pouvant accueillir plus de membres à mesure que l'organisation grandit.

Le joueur peut également financer de nombreuses recherches, donnant accès à de nouvelles armes, de nouvelles tenues et de nouveaux gadgets – comme un équipement stéréo pour hélicoptère de combat, afin de pouvoir jouer du Wagner à chaque attaque, ou un bras mécanique qui agit comme sonar, en passant par une immense variété d'armes et de gadgets adaptés à tous les styles de jeu.

La quantité de mission disponible, dépassant allègrement la centaine ne serait-ce que pour les missions secondaires, sont en outre un fabuleux terrain d'expérimentation pour le joueur – et le véritable tour de force vient du fait que le jeu ne tombe jamais dans la répétition. Les situations sont variées, les approches virtuellement illimitées, et le gameplay est tellement fin et dynamique que le plaisir de jeu se renouvelle sans cesse.


Il y a toujours quelque chose à essayer, toujours quelque chose à découvrir : je me suis par exemple rendu compte qu'en réponse à mon utilisation prononcée de grenade fumigènes lors de missions en Afghanistan, de nombreux gardes en patrouille sont désormais équipés de masques à gaz !

La manière dont le jeu s'adapte subtilement à la stratégie adoptée renforce d'autant plus le sentiment d'immersion que le joueur n'est jamais limité par son simple équipement ; une tactique ne fonctionne pas ? Il est toujours possible de contacter Mother Base par radio pour se faire larguer un objet, une arme, un gadget ou un véhicule plus adapté à la situation, voir même carrément d'ordonner à un hélicoptère d'attaquer une zone précise, ou de demander à un sniper des tirs de couverture. Le joueur incarne le leader d'une armée de mercenaires et les ressources de la base sont à sa disposition.

Dans tous les cas, quelle que soit la stratégie adoptée, il faudra faire preuve d'intelligence. S’il est possible, et même fortement conseillé, d'observer une zone à la jumelle pour prendre note des positions ennemies (qui seront marquées de visu sur l'écran), il faut être prêt à improviser en cas de mauvaise surprise : un soldat qui n'aurait pas été repéré, par exemple, une patrouille qui passe au mauvais endroit au mauvais moment, ou une chaise renversée, propre à attirer l'attention des soldats à proximité, sont autant de dangers potentiels avec lesquels il faudra composer.


Il est également possible de faire appel à certains compagnons, qui accompagnent Venom Snake sur le terrain – D-Horse le cheval par exemple, permet au joueur de se déplacer efficacement sur tout type de terrain; il est également possible de lui demander de déféquer sur la route, afin de faire déraper l'éventuel véhicule lancé à votre poursuite... absurde, mais génial ! L’illustration parfaite de la dichotomie qui habite la série depuis le début : ce délicat équilibre entre l'humour absurde typique de Metal Gear, et tout le sérieux dramatique adapté à une oeuvre de fiction se déroulant dans un monde fracturé par la guerre froide.


Pour ne rien gâcher, le jeu est parfaitement optimisé sur PC, et s'avère capable de tourner de manière très confortable sur des machines relativement modestes. Les deux modes online, dont le deuxième arrivera en octobre, ajoutent encore un peu plus de substance à un jeu déjà magnifiquement bien rempli – celui disponible à l'heure où cette review est publiée permettant à un joueur d'envahir la base d'un autre joueur, pour lui voler ressources et soldats... un petit plus anecdotique, mais toutefois fort sympathique.

Il y aurait encore de bien nombreuses choses à dire sur The Phantom Pain, mais par peur de finir par écrire un roman, je vais m’arrêter ici. Si la série vous intrigue, cet ultime opus est un excellent premier pas dans l'univers fou d'Hideo Kojima.

MGSV est à bien des égards une ode au jeu vidéo, un chef d'oeuvre de l'entertainment au sens premier du terme.

Un véritable divertissement de premier choix, d'une immense maturité en terme de design, qui nous rappelle à chaque tournant pourquoi les jeux vidéos constituent une telle passion pour beaucoup d'entre nous.

Metal Gear Solid V : The Phantom Pain

Développeur : Kojima Productions

Genre : Action / Infiltration

Plate-forme : Windows, Playstation 3 /4, Xbox 360 / One

Prix : environ 60€

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