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Les avions de plus en plus visés par des lasers : pourquoi la mésaventure vécue par celui du Pape est bien plus qu’une mauvaise blague
©wikipédia

Laser game

Alors que deux pilotes d'avion de ligne ont été victimes récemment de lasers pointés sur eux au moment du décollage ou de l'atterrissage, cet acte dangereux reflète tout autant une inconscience grave de ses auteurs qu'une vulnérabilité certaine des pilotes.

Michel Nesterenko

Michel Nesterenko

Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

Spécialiste du cyberterrorisme et de la sécurité aérienne. Après une carrière passée dans plusieurs grandes entreprises du transport aérien, il devient consultant et expert dans le domaine des infrastructures et de la sécurité.

 

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Atlantico : Récemment, le pilote de l’avion qui transportait le Pape François de Cuba au Mexique a été visé par un laser lors de l’atterrissage de l’appareil à Mexico. On savait ce phénomène très présent dans les enceintes sportives, mais pour ce qui est des aéroports, est-ce récent ou y a-t-il déjà eu des précédents ?

Michel Nesterenko : S'il est clair que ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui, nous pouvons en revanche affirmer qu'il est dans une phase de développement exponentiel et est en train de devenir un véritable fléau. Dans le domaine du sport, que vous mentionnez, il existe un fort enjeu économique et il est certain que les mafias vont tout faire pour utiliser ce nouvel outil de triche. Pour ce qui est du transport aérien, il y a un risque apparent de crash d’avion. Et pourtant, les tirs au laser sur des avions de ligne remplis de passagers, un phénomène devenu courant, semble plutôt augmenter l’intérêt de jeunes adolescents en quête d’excitation sans grand risque apparent de se faire prendre, puisqu'il suffit de se trouver à l’extérieur de l’enceinte de l’aéroport, tout en veillant à se trouver dans l’alignement de la piste.

Parallèlement à l’avion du Pape, un avion de la compagnie Virgin Atlantic a dû faire demi-tour récemment après une heure de vol, car son pilote se sentait mal après avoir été visé par un laser au moment du décollage. Le danger est-il réel pour les pilotes, et donc pour les passagers ?

En effet, le danger est très réel pour tous les pilotes d'avion. Les dommages corporels de l’aggression sont certains et se soldent par des arrêts de travail très longs, voire permanents en raison de la perte de l’acuité visuelle indispensable à tout pilote d'avion de ligne.

Pour les passagers, le risque est bien moindre. En effet, il faut d’abord que le laser touche la fenêtre du cockpit au bon endroit et avec le bon angle pour pénétrer dans l’oeil du pilote. Pour cela, il faut de l’adresse et de la dextérité. Ensuite, pour augmenter la probabilité de crash, il faudrait que deux lasers touchent le cockpit de deux angles différents presque en même temps afin d’aveugler les deux pilotes assis côte à côte à un mètre l’un de l’autre dans un avion en mouvement. Cette dernière hypothèse est aussi probable que de gagner deux semaines de suite le super gros lot du Loto. Donc a priori, les passagers d'avion n’ont pas de soucis à se faire avec les lasers qui circulent actuellement dans le commerce.

Détournements d’avion, attentats du 11 septembre 2001, crash de la Germanwings… Les tragédies aériennes de ces derniers temps ont conduit à un renforcement des mesures de sécurité dans les avions et les aéroports. Comment expliquer alors cette vulnérabilité des pilotes envers une "arme" si basique ? Y a-t-il des déficiences sécuritaires aux alentours des aéroports ?

Les mesures de sécurité dans les avions et aéroports cherchent avant tout à intercepter les terroristes et criminels qui sont à l’intérieur, pourrait-on dire. Par définition, le tir au laser se fait sur un avion en vol, au décollage ou à l’atterrissage, donc à partir de l’extérieur de l’enceinte de l’aéroport. Pour sécuriser les zones de décollage et d’atterrissage contre ce type de menace, il faudrait neutraliser des kilomètres carrés de zones habitées dans l’axe de chaque piste et de chaque coté. Le coût d’une telle action sécuritaire est prohibitif, compte tenu du faible risque de mort.

Que peut-on faire pour remédier à ce problème selon vous ?

Pour remédier à cette menace, il suffit de traiter le verre du pare-brise des cockpits de façon à contrer les effets du lazer. Le coût est important mais pas inconsidéré, et les délais de mise en oeuvre relativement courts. Nous pourrions par ailleurs envisager d'obliger les pilotes de ligne à porter, pour le décollage et l’atterrissage, des casques similaires à ceux utilisés par les pilotes militaires. Une solution encore plus simple...

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