Les 8 comportements qui peuvent vous faire gagner jusqu’à 6 ans face au vieillissement<!-- --> | Atlantico.fr
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Toutes les mesures qui évitent la maladie, le handicap, l’accident, les séquelles, les complications, sont bonnes à prendre pour espérer vieillir en meilleure santé.
Toutes les mesures qui évitent la maladie, le handicap, l’accident, les séquelles, les complications, sont bonnes à prendre pour espérer vieillir en meilleure santé.
©Behrouz MEHRI / AFP

Prévention

La prévention est un domaine de la santé qui vise à favoriser le vieillissement en bonne santé.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Vieillir apparaît, pour tout un chacun, comme une inévitable évidence. Pour autant, il existe un certain nombre d’habitudes et de comportements qui permettent de limiter le processus. Quels sont-ils, exactement ?

Antoine Flahault : La prévention est un domaine de la santé qui vise à favoriser le vieillissement en bonne santé. Ce ne sont ni des recettes miracles ni des poudres de perlimpinpin qu’il faut en attendre. Certaines actions de prévention doivent être entreprises très tôt dans la vie, dès la conception même, d’autres dans l’enfance, d’autres enfin à tout âge. Toutes les mesures qui évitent la maladie, le handicap, l’accident, les séquelles, les complications, sont bonnes à prendre pour espérer vieillir en meilleure santé. Les scientifiques se penchent avec rigueur sur ces questions. Aujourd’hui on sait identifier douze facteurs que l’on peut chercher à modifier pour espérer réduire de 40% le risque de maladies d’Alzheimer ou de maladies apparentées. On sait que huit d’entre eux permettent d’espérer vivre six années de plus en bonne santé. Je vais détailler quatre d’entre eux car ils sont des déterminants majeurs pour la prévention de très nombreuses maladies, cancers, diabète, maladies cardiovasculaires,… : 

- La diminution de la consommation problématique d’alcool. Ne pas dépasser un verre par jour pour une femme, deux pour un homme (quel que soit le type d’alcool car les verres sont conçus pour recevoir des quantités d’alcool pur à peu près équivalentes);

- La réduction ou mieux l’arrêt de la cigarette. En pouvant s’aider des substituts nicotiniques, de la cigarette électronique et du tabac sans combustion, car ce n’est pas la nicotine qui tue mais bien la combustion du tabac;

- Une alimentation saine et équilibrée. En favorisant la consommation de volailles et de poissons, de fruits et légumes, et en limitant les viandes rouges, les aliments transformés, le sucre;

- Une activité physique régulière. En privilégiant la marche à pied, les transports publics, plutôt que la voiture individuelle. A raison de 2h30 d’activités physiques d’intensité modérée par semaine (= vingt bonnes minutes de simple marche à pied par jour) ou 75 minutes par semaine (= 10 minutes par jour) d’activités physiques plus soutenues comme la course à pied.

A quelle point ces habitudes sont-elles efficaces ? Combien de “temps de vie” peut-on espérer gagner en mettant en place l’ensemble de ces comportements ?

Il ne serait évidemment pas acceptable de recommander des changements de comportements dans un but sanitaire s’ils n’étaient pas été au préalable scientifiquement prouvés comme efficaces pour protéger la santé. Les comportements indiqués précédemment ont tous fait l’objet de très nombreuses recherches et réunissent aujourd’hui un très large consensus d’experts pour pouvoir les recommander à toute la population. Il faut cependant voir ces comportements de santé comme des stratégies visant à réduire les risques de vieillir en mauvaise santé, et non pas comme une garantie à 100% de vieillir en bonne santé. En effet, les hasards de la vie, la malchance, l’accident peuvent faire que malgré le suivi des comportements préconisés par la science comme propices à une bonne santé, on puisse quand même développer un cancer ou être victime d’un infarctus du myocarde ou d’un AVC.

Certaines de ces habitudes peuvent-elles s’avérer difficiles à mettre en place ? Nécessitent-elles des équipements particuliers, comme lorsqu’il s’agit de contrôler son taux de glycémie, par exemple ?

Il y a au moins deux examens biologiques que votre médecin traitant vous invitera à surveiller régulièrement à l’âge adulte. Ce sont la glycémie et le taux de cholestérol non-HDL, celui qu’on appelle le “mauvais cholestérol”. On les mesure par une prise de sang réalisée au laboratoire d’analyses. J’ajouterais la prise de la pression artérielle que l’on peut réaliser soi-même à domicile ou à la pharmacie ou encore chez son médecin. Ce ne sont pas des habitudes coûteuses ni compliquées de faire régulièrement ce type de bilan. Malheureusement, il y a encore trop de personnes en Europe qui vivent avec une tension artérielle élevée qu’ils ignorent ou négligent, ou qui attendent trop longtemps pour prendre en charge un pré diabète le laissant évoluer vers un diabète, ou encore qui laissent leurs artères s’encrasser par le mauvais cholestérol alors qu’une meilleure hygiène de vie éventuellement couplée à un traitement médicamenteux simple auraient pu venir ajouter de la vie de qualité à leurs années restantes.

Quels conseils donner à quelqu’un qui n’arrive pas à mieux contrôler son alimentation, son sommeil ou à arrêter de fumer par exemple ? Quid de l’activité sportive ?

Chacun est libre de choisir de vivre comme il l’entend, mais beaucoup aimeraient être mieux informés des progrès des connaissances scientifiques en matière de prévention. Certains peuples vivent plus longtemps en bonne santé que les Français ou les Suisses. Je pense aux Japonais et aux Suédois. Ces deux peuples, aussi développés et éduqués que les nôtres, ne sont pas pour autant obsédés par leur santé. Mais il se trouve qu’ils mangent plutôt plus sainement que nous, boivent 45% moins souvent de l’alcool, fument 65% moins de cigarettes (essentiellement parce qu’ils recourent à différents dispositifs de tabac sans combustion), et pratiquent davantage d’activités physiques que nous. Les Japonais favorisent aussi leur santé mentale en luttant contre l’isolement social et la dépression, par une pratique culturelle ancestrale de groupes d’entraide, les « moai ». Les Suédois répètent à l’envi le mot “lagom” qui signifie “pas d’interdit, pas d’excès”. Pour répondre plus précisément à votre question, je recommanderais à celui qui aimerait bien adopter des comportements favorables à sa santé et qui peine à y parvenir, de ne pas se mettre la barre trop haut. Il ne s’agit pas de viser le risque zéro d’emblée mais plutôt de réduire progressivement ses risques, en modifiant ses habitudes petit à petit. Remplacer une bière et un Aperol-Spritz par des équivalents sans alcool, une cigarette par une vaporette. Descendre à l’arrêt de bus précédent pour marcher un peu plus chaque jour, faire ses courses à pied plutôt qu’en voiture le week-end, diminuer la viande rouge sans devenir végétarien pour autant.

Tous ces changements peuvent représenter autant de défis que l’on se donne, seul, en couple, en famille, avec des collègues ou des amis, et que l’on peut transformer en des moments ludiques. À Genève, le pot de fin d’année avec nos étudiants sera entièrement sans alcool mais avec des bières, des vins et de nombreux spiritueux sans alcool achetés au supermarché du quartier. Il faut un environnement qui favorise les comportements favorables à notre santé. Les supermarchés en France rendent-ils suffisamment accessibles et abordables ces produits plus sains et tout aussi attractifs ? Les villes européennes favorisent grandement le vélo désormais et c’est un progrès considérable. Mais qu’en est-il des piétons ? Les protège-t-on suffisamment des véhicules à roulettes de tous poils qui continuent à circuler librement sur les trottoirs ? Les entreprises du secteur tertiaire offrent-elles la possibilité à leurs employés de travailler plus souvent debout derrière leurs écrans ou en réunion ? La prévention nécessite une implication de nombreux acteurs pour faciliter l’adoption par le plus grand nombre de ces comportements recommandés par la science.

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