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Le 1er Mai ou la débâcle du syndicalisme français
©Reuters

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Le foisonnement des organisations syndicales illustre à lui seul les discordances qui existent entre elles et l’impossibilité de parvenir à une "synthèse".

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les célébrations du premier Mai ont-elles encore un sens ? Tout se ligue en particulier cette année pour ternir cette manifestation annuelle dont les origines remontent aux grandes luttes ouvrières du dix-neuvième siècle. C’est en effet aux Etats-Unis qu’elle est née en 1884 pour obtenir la limitation de la journée de travail à huit heures. Elle s’est diffusée ensuite dans le  monde entier. En France, elle est devenue un jour chômé en 1941, Philippe Pétain espérant ainsi se concilier les ouvriers : supprimée à la Libération, cette célébration a été rétablie en 1947. Elle donnait lieu à des cortèges imposants. Mais on est loin aujourd’hui des grandes manifestations de l’après-guerre. La fête se résume pour la  majorité de nos compatriotes à offrir quelques brins de muguet, la fleur qui symbolise le bonheur, et à déserter les villes pour se livrer au farniente dans un climat qui ferait penser au mois d’août, s’il n’était pas assombri cette année par un épisode pluvieux d’une ampleur inhabituelle.

Ce ne sont pourtant  pas les averses qui vont disperser les cortèges, car  jamais ceux-ci n’auront été aussi insignifiants. Toutes les tentatives de mobilisation des troupes ont été vouées à l’échec depuis un an. Le foisonnement des organisations, on en compte neuf principales, illustre déjà les discordances qui existent entre elles et l’impossibilité de parvenir à une « synthèse » pour employer une expression chère à François Hollande. Les syndicats sont de plus en  plus des groupuscules aux effectifs squelettiques par rapport à la population et qui n’ont plus guère d’influence sur le cours des choses, comme en témoigne les derniers sondages réalisés auprès de l’opinion publique.

Le spectacle qu’ils offrent est désolant : on a le sentiment qu’il se résume à une querelle d’appareils dépourvus de la base suffisante pour leur donner une légitimité. Force Ouvrière reste dans son coin à Bordeaux. La CFDT se concentre sur un rassemblement de quelques milliers  de jeunes dans le cadre d’un « Working Time Festival ». La CFTC et la CGC restent à l’écart.  Seuls la CGT, FSU et Solidaires ont annoncé un défilé conjoint avec l’Unsa. Mais derrière le pacte de non agression affiché  par les responsables syndicaux, les désaccords sont patents sur le terrain : on assiste même à une agressivité qui se développe au niveau des militants et qui accroît de plus en plus les clivages hostiles. Face à cette débâcle du syndicalisme traditionnel, le Front National, pour lequel le 1er mai représente un moment fort, se voudrait un réceptacle en assurant qu’il représente de plus en plus la classe ouvrière. Mais les différends qui règne en son camp, les querelles familiales qui opposent Marine Le Pen à son père, témoignent que le mouvement est divisé lui aussi.

La désunion totale qui caractérise ainsi la fête du Travail et qui, avec les différents  ponts du mois conduira la France à être l’un des pays où l’activité sera la plus faible dans le monde industrialisé pendant le mois de mai. Cela  n’est guère propice à susciter le sursaut indispensable pour redynamiser une économie à l’arrêt et éviter qu’elle  continue à prendre du retard au sein de l’Europe.            

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