"La cité de la victoire" de Salman Rushdie<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"La cité de la victoire" de Salman Rushdie est à retrouver aux éditions Actes Sud.
"La cité de la victoire" de Salman Rushdie est à retrouver aux éditions Actes Sud.
©

Atlanti-culture

Un conte philosophique fascinant, dans lequel se reflète parfaitement notre époque.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

THÈME

  • Dans le sud de l’Inde au XIVème siècle, une fillette de neuf ans rencontre une déesse, qui lui annonce qu’elle lui accorde des pouvoirs qui dépassent l’entendement et qu’elle contribuera à l’essor d’une grande ville appelée Bisnaga, littéralement la « cité de la victoire ».
  • Le livre est l’histoire de cette petite fille, Pampa Kampana et de cette ville, la merveille du monde, pendant 250 ans.

POINTS FORTS

  • La cité de la victoire est un « roman somme » en plus d’être une fable historique qui en dit long sur notre époque, on pourrait même ajouter, sur toutes les époques :
    • La naissance et la mort d’une civilisation, qui connaîtra la grandeur et la décadence, le triomphe et l’échec ;
    • Le mélange de réalisme et de magie, marque de fabrique de l’auteur des Versets sataniques ;
    • Le combat entre démocratie et fanatisme ;
    • La lutte entre les religions, ou plutôt, la manière dont elles sont pratiquées, entre tolérance et obscurantisme ;
    • La difficulté d’exercer le pouvoir politique et la complexité des rapports entre les gouvernants et le peuple ;
    • Les allers-retours entre tradition et modernité, comme un mouvement de balancier ininterrompu ;
    • Le destin tragique, quoiqu’il arrive, de l’homme, sans cesse ramené à sa triste condition ;
    • La place de la femme et la nécessité d’un rapport harmonieux avec les hommes ;
    • Les affres de l’amour, entre deux êtres, parents et enfants, frères et sœurs …
    • Et enfin, l’approche de la mort, qui finit toujours par l’emporter, et ce qu’on lègue à la postérité.
  • La cité de la victoire est un conte philosophique dans lequel Salman Rushdie déploie tous les thèmes qui lui sont chers. Son 14ème livre est un nouveau plaidoyer en faveur de la culture en général, de la littérature et des mots en particulier, et de la liberté, contre toutes les formes d’oppression, de fanatisme et d’intégrisme.

QUELQUES RÉSERVES

Ce livre est magistral. Peut-être l’auteur aurait-il pu ajouter un lexique rassemblant tous les personnages pour nous aider à nous y retrouver, mais c’est un détail.

ENCORE UN MOT...

  • La cité de la Victoire se situe dans le veine du dernier livre d’un autre très grand écrivain contemporain : Les nuits de la peste, d'Orhan Pamuk, que j’avais également chroniqué. Même vision « globale » du monde, même sens du fantastique, même récit merveilleux.

UNE PHRASE

« Du sang et du feu, dit la déesse, naîtront la vie et le pouvoir. A cet endroit précis s’élèvera une grande cité, la merveille du monde et son empire durera plus de deux siècles. Et toi - la déesse s’adressa directement à Pampa Kampan, faisant vivre à la petit fille une expérience unique, celle d’entendre de sa propre bouche les mots qui lui étaient adressés par une inconnue surnaturelle - tu te battras pour t’assurer que plus aucune femme ne sera brûlée de cette façon et pour que les hommes se mettent à considérer les femmes autrement, et tu vivras juste assez longtemps pour assister à la fois à ton succès et à ton échec, pour assister à tout et en relater l’histoire même si, lorsque tu auras achevé ton récit, tu mourras immédiatement et plus personne en se souviendra de toi pendant quatre-cent-cinquante ans ». Page 16

L'AUTEUR

Sir Ahmed Salman Rushdie est un écrivain britannique, né à Bombay en 1947. Il a passé toute son enfance en Inde jusqu’à l'âge de 13 ans quand il intègre un pensionnat en Angleterre puis le King’s college à Cambridge.

Ses oeuvres principales sont  Les enfants de minuit (1981, Booker Prize),  Le dernier soupir du Maure (1995) et, bien sûr, Les versets sataniques (1988) qui lui ont valu, à son corps défendant, de passer à la postérité comme étant la cible, en 1989, d’une "fatwa", c’est à dire une condamnation à mort de l’ayatollah Khomeini, guide de la révolution iranienne.

Il y a un an, en août 2022, alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence au nord de New-York, il a subi une attaque au couteau, qui l’a privé de l’usage d’un œil et d’une main. Malgré ces graves séquelles, il continue à écrire.

Il a été anobli par la reine d’Angleterre en 2007.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !